PIERRE JOLIVET: Toi, la soeur que je n’ai jamais eue

Rencontre imprévue entre deux femmes que tout oppose … C’est le point de départ de „Filles uniques“, écrit sur et pour les femmes.

Après avoir largement exploité l’univers masculin dans ses deux réalisations précédentes, „Ma petite entreprise“ et „Le Frère du guerrier“, Pierre Jolivet avait envie d’écrire un film sur deux femmes. „Filles uniques“ a été rédigé parallèlement à „Frère du guerrier“, ce dernier racontant une relation fraternelle, pour ainsi dire „obligée“, parce que consanguine. En revanche, dans „Filles uniques“ c’est tout à fait l’inverse, car c’est l’histoire de deux femmes qui ne sont pas soeurs à la base, mais qui choisissent de le devenir.

Avec cette réalisation, Pierre Jolivet et son complice de toujours, Simon Michaël, ont voulu faire un film plutôt libre.

Michaël, collaborant avec Jolivet pour la troisième fois, avait déjà été le scénariste de films policiers, tels que „Les Ripoux“, „La Totale“ ou „Profil bas“. Ce que les deux auteurs ont recherché avant tout avec „Filles uniques“, c’est de rénover le genre des comédies à duo, en mettant sur le devant de la scène, pour une fois, deux femmes. Le résultat qui en découle est un film léger, subtil et drôle à la fois.

D’un côté, on a Carole (Sandrine Kiberlain), une juge d’instruction quelque peu rigide et coincée, qui a une véritable passion pour la justice. De l’autre, Tina (Sylvie Testud), une jeune cleptomane récidiviste et délurée, qui a une folle passion pour les chaussures. Toutes deux se rencontrent par hasard au Palais de Justice et, très vite, une réelle amitié va naître entre les deux femmes.

Ce qu’elles ont en commun? Juste qu’elles sont filles uniques et en rupture avec leurs familles. Ce sont leurs différences qui vont, au fur et à mesure, alimenter leur amitié et faire en sorte qu’elles ne vont plus se quitter. En fait, chacune pourrait bien être la soeur que l’autre a toujours rêvé avoir. Bien qu’elles ne soient pas d’accord sur tout, elles découvrent avec joie que les bêtises, c’est bien mieux de les faire à deux. Conséquences de cette „révélation“: elles vont faire ensemble les quatre cents coups. Carole, qui va soudain se reconnaître en Tina, va alors commettre des actes qu’elle aurait réprouvés avant cette rencontre.

L’histoire n’a rien de trop original, mais le duo que forment Kiberlain et Testud fonctionne à merveille. L’une est consciencieuse et angoissée, tout en ayant beaucoup de charme. L’autre est débrouillarde et mélancolique. C’est une véritable alchimie qui s’opère entre les deux femmes.

Pierre Jolivet jette ainsi un clin d’oeil habile sur la société, sur la corruption et sur la morale.

Le réalisateur n’a pas abandonné son discours sur les inégalités et l’injustice (thèmes qu’il a précédemment abordés dans „Fred“ et „Ma petite entreprise“) et, dans „Filles uniques“, il démontre que la critique sociale et la comédie peuvent parfaitement cohabiter.

Le film est énergique, joyeux, pétillant, avec un sens du rythme plutôt soutenu ainsi que des bifurcations inattendues. C’est une oeuvre sans prétention, qui dégage tout de même une aura singulière, comportant de la gaîté et beaucoup de naturel.

Impression d’inachevé

Les figures secondaires sont également campées de façon excellente avec, entre autres, trois comédiens que l’on peut qualifier de récurrents chez Jolivet. Ainsi, il a pour la troisième fois fait appel au trio Vincent Lindon, François Berléand et Roschdy Zem.

On peut cependant critiquer les dialogues qui, s’ils sont relativement sympathiques et parfois même drôles, manquent toutefois souvent de mordant. Aussi, le pouvoir comique des deux actrices n’est-il pas totalement exploité, ce qui est bien dommage car on a ainsi tendance à rester sur sa faim. De plus, l’histoire se termine en queue de poisson, ce qui donne une impression d’inachevé. On passe néanmoins avec ce film, relatant l’âme et la complicité féminine, un très agréable moment en compagnie de ces deux filles vraiment uniques.

A l’Utopia


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