TIM BURTON: Johnny in Wonderland

Attention, danger pour la santé: avec „Charlie and the Chocolate Factory“, Tim Burton signe un film très riche en calories.

Sur papier, c’est le scénario rêvé: Tim Burton, maî tre des contes fantastiques, qui adapte un classique de Roald Dahl, maî tre des contes drôlement méchants. Ce qui fait qu’on est impatient de découvrir enfin le fameux „Charlie and the Chocolate Factory“.

La lumière s’éteint et c’est parti pour un voyage hallucinant – dans tous les sens du terme. A mi-chemin entre „Robots“ (pour le look années 50) et Lemony Snicket (pour l’atmosphère glauque et dickensienne), le réalisateur s’en donne à coeur joie: tel un Willy Wonka de la mise en scène, il multiplie les gâteries pour s’assurer que le public ne reste pas sur sa faim.

Au moins, il ne risque pas de s’emmêler les bâtons de réglisse, puisque l’histoire imaginée par Roald Dahl est magnifiquement bien ficelée. Willy Wonka, le chocolatier mythique, a décidé de lancer une campagne de pub exemplaire: les cinq enfants qui trouveront les cinq tickets en or dissimulés dans les tablettes de chocolat pourront visiter la fabrique et le cas échéant remporter un prix tout à fait extraordinaire. Les heureux gagnants sont quatre enfants tout à fait détestables – un qui s’empiffre, une petite princesse gâtée, une mâcheuse de chewing-gum, un maniaque de jeux vidéo – et le gentil petit Charlie Bucket.

Alors que tous les autres enfants sont clairement des produits du 21e siècle, Charlie, interprété par Freddie Highmore, semble tout droit sorti d’un roman de Dickens. Avec ses parents et ses grand-parents, il vit dans une maison toute ratatinée et parce que son père a perdu son job, les Bucket ne mangent plus que de la soupe au chou.

Dans ses histoires, Roald Dahl cultive volontiers le manichéisme: les méchants sont très, très méchants (et moches en plus) tandis que les bons sont dotés à la fois de beauté et d’intelligence. Pourtant, l’écrivain décrivait ses stéréotypes avec son humour grinçant bien à lui, de sorte qu’on prenait un malin plaisir à les voir triompher ou se casser la figure. Burton a choisi de contrebalancer l’humour noir avec un moralisme pesant, ce qui enlève tout son mordant à l’histoire.

La sauce prend pourtant au début – mais dès que les enfants pénètrent dans l’univers de Willy Wonka, cela tourne au vinaigre. Parce que c’est trop. Entre rivières de chocolat et machines à malaxer la guimauve, on ne sait plus où regarder et du coup on se désintéresse complètement des personnages. Voilà sans doute le talon d’Achille de ce film, pourtant somptueux d’un point de vue visuel. Dans la deuxième moitié surtout, il laisse trop peu de place au jeu des acteurs.

Même Johnny Depp, épatant, n’est pas suffisamment mis en valeur. L’acteur est méconnaissable avec sa coupe de cheveux à la Mireille Mathieu et ses fausses dents plus blanches que blanc. Impossible de ne pas voir dans sa prestation un clin d’oeil à Michael Jackson: le visage pâle et le sourire figé, Depp commente d’une voix haut perchée les mille extravagances de son „Neverland“, qui semblent l’émerveiller davantage qu’elles n’impressionnent ses visiteurs.

Avec „Charlie and the Chocolate Factory“, c’est un peu comme avec les sucreries: c’est agréable, mais malheureusement c’est loin d’être le plat de résistance qu’on avait attendu avec tant d’impatience.


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