STEVEN SPIELBERG: Au coeur de l’histoire

Malgré sa thèmatique ultrasensible, située
dans un contexte d’actualité brûlante, Steven Spielberg réussit à noyer „Munich“ dans l’inconsistance
des productions hollywoodiennes.

Une histoire de vengeance politique, pas comme les autres: „Munich“ de Steven Spielberg.

Cela fait dix ans que Steven Spielberg voulait réaliser „Munich“ Mais à chaque fois, le projet était repoussé au profit d’autres. Aujourd’hui, les choses sont bien différentes. Il y a eu les attentats contre le World Trade Center, qui ont marqué à la fois toute une nation et le monde. Depuis ces évènements, Steven Spielberg fait partie de ceux qui voient le monde différemment et en plus, cela se ressent dans son cinéma.

„Munich“ n’est pas seulement le 26e film de Steven Spielberg, c’est aussi une ´uvre controversée malheureusement dépourvue de la force de frappe qu’elle aurait certainement eue il y a dix ans. C’est aussi pour cela que „Munich“ est considéré comme un film délicat. A la fois basé sur des faits historiques et adapté d’un roman, „Munich“ pêche surtout par son manque d’informations historiques, par son côté documentaire absent et par son côté appuyé de film d’espionnage, de tentative
d’analyse géopolitique, de thriller et de film d’action. „Munich“, qui par moments ira même jusqu’à nous faire penser à „Mission impossible“ ou „Les Patriotes“ d’Eric Rochant, a cette désagréable sensation d’être né uniquement pour que Steven Spielberg puisse mettre à son tableau de chasse un genre de film qu’il n’avait pas tenté jusqu’ici.

Durant la nuit du 5 septembre 1972, un groupe de cinq Palestiniens terroristes, appelé Septembre noir, entre par effraction dans le village olympique de Munich. Ils se rendent au pavillon israélien, tuent deux athlètes et en prennent sept autres en otage. Vingt et une heures plus tard, tous seront morts. Une nouvelle ère de la violence vient de naître et aujourd’hui encore, le monde n’a pas encore réussi à s’en débarrasser.

Annoncé il y a deux ans lors du Festival du Film Américain de Deauville par Steven Spielberg en personne, „Munich“ semblait à ce moment un projet passionnant, enthousiasmant. Aujourd’hui, „Munich“ se révèle au fur et à mesure de son déroulement, être un film exaspérant. Dans „Schindlers List“, il a été le seul à nous montrer des juifs prendre une douche alors que tous les spectateurs s’attendaient à la vérité historique du gazage. Dans „Munich“, lui seul pouvait faire cohabiter dans une même piaule des Israéliens et des Palestiniens. C’est ce que l’on peut appeler „la touche“ Spielberg, dont on se passerait bien car c’est ni plus ni moins tronquer la vérité historique et semer le doute pour le profit d’une scène voulue marquante. Même la manière dont les terroristes sont entrés dans le village olympique ne correspond pas à l’histoire véridique.

Alors que cet attentat sonnait une nouvelle ère de la violence et a marqué, toute proportion gardée, le monde aussi fort que l’attentat du World Trade Center, Steven Spielberg passe à côté d’une film porteur pour s’arrêter à une ´uvre au thème récurrent de la vengeance, de la loi du talion. N’importe qui à Hollywood aurait pu réaliser ce genre de film avec autant de brio. Car, même du point de vue cinématographique le film déçoit. Steven Spielberg nous a habitué à mieux dans le maniement de la caméra, dans le montage, le rythme de narration et dans la conduite du suspens. Lors d’un stratagème consistant à piéger une de leur cibles via un téléphone transformé en bombe alors que c’est la fille de cet homme qui décroche, on sait pertinemment bien ce qui va se passer. Il faut bien se rendre à l’évidence: Steven Spielberg et ses vieilles recettes n’étonnent plus personne.

En fait, avec „Munich“ Steven Spielberg nous annonce que nous vivons dans un monde pourri où tout n’est que spéculation, manipulation, pognon et qu’en définitive le peuple n’est qu’un jeton sur le grand échiquier de la vie. Mais cela, on le savait déjà depuis longtemps. Alors, que „Munich“ aurait dû être un pavé dans la marre, voilà qu’il n’est en définitive qu’un énorme pétard mouillé bien trop faible pour vexer ou éclabousser quiconque.


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