CINEMA: Dur, dur d’être gangster

Le rappeur 50 Cent considère ses clips comme des „pubs de trois à quatre minutes“. Les intéressé-e-s pourront se régaler d’une publibiographe de deux heures.

Le réalisateur irlandais, Jim Sheridan, connu pour ses splendides „Au nom du père“, „My left foot“ ou encore, le plus récent „In America“ sur sa patrie d’adoption, s’attaque ici à un genre pour le moins inattendu: le film de ganster rap, retraçant la vie du célebrissime 50 Cent. Avec le désavantage de devoir supporter la comparaison avec „8 Miles“ de Curtis Hanson portant brillamment à l’écran la vie d’un autre rappeur ultra célèbre, Eminem, „Get Rich or Die Tryin'“ commence sa carrière en Europe de manière aussi mitigée qu’outre atlantique.
Vivant à New-York aux côtés de sa mère, le jeune Marcus rêve de devenir une star du rap. Lorsque sa mère, petite dealeuse sans avenir, se fait sauvagement assassiner, Marcus, recueilli par ses grands-parents, se met à dealer lui aussi. Orphelin de mère et de père inconnu, il ne trouve pas sa place dans ce qu’il lui reste de famille. Seule son amie d’enfance, Charlene, qui deviendra par la suite sa compagne, semble lui apporter un peu de stabilité.
Très rapidement, il excelle dans l’art de gagner de l’argent facilement et se fait une place de choix dans un des gangs afro-américain de la ville. Entre luttes intestines et concurrence entre gangs, Marcus tombe rapidement, trahi par ses frères et se retrouve en prison. De retour aux affaires, la donne n’est plus tout à fait la même: sa compagne attend un enfant et Marcus souhaite abandonner sa vie de dealer pour se lancer dans le rap. Malheureusement, là aussi, tout se joue entre clans. Le bizness est contrôlé et on ne s’improvise pas rappeur sans la protection des frappes de la ville. On se souviendra des règlements de compte qui virent notamment le célèbre Tupac se faire assassiner en 1996. Curtis Jackson, alias 50 Cent, donc Marcus dans le film, a lui aussi failli y passer pour avoir voulu jouer cavalier seul. En 2000, il survit miraculeusement aux 9 balles qu’on lui tira à bout portant, construisant, au passage, sa légende. Le succès planétaire vint peu de temps après.
Inspiré en grande partie de la vie du rappeur Curtis 50 Cent Jackson, dont la carrure est aussi large que son charisme est malingre, le dernier film du réalisateur irlandais a du mal à se situer. Peu de place pour la musique, beaucoup de castagne, on pourrait l’apparenter à un Scarface version hip-hop, où la violence est complaisamment stylisée par un Jim Sheridan sachant toujours manier sa caméra. Contrairement à „8 Miles“, où les battles de rap apportaient une dimension spectaculaire au film et dans lequel les performances d’Eminem et de Kim Basinger (dans le rôle de sa mère alcoolique) crédibilisaient largement le propos, on se retrouve ici avec peu de rôles forts. 50 Cent ne sera manifestement jamais un grand acteur et si le film de Sheridan ne fait pas l’apologie de sa triste existence mais se concentre plutôt sur la difficulté d’exister dans une jungle urbaine quand on n’a plus de repères, il peine cependant à convaincre. Le réalisateur évite néanmoins l’écueil du clip façon MTV et sa réalisation soignée fait de „Get Rich or Die Tryin'“ un film honnête sur un phénomène questionnant: quand les gangsters deviennent parole d’évangile pour une jeunesse n’ayant, en majorité, des valeurs qui se résument à posséder de belles voitures, devenir riche, s’imposer par la force et consommer un max de belles donzelles. On est en droit d’en attendre un peu plus de ces héros de la rue parmi lesquels peu se proposent à relever le niveau.

A l’Utopolis


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