Interpréter sur un saxophone soprano des airs d’opéra écrits aux 17e et 18e siècles pour voix de castrat constitue pour le moins une approche insolite de la musique baroque! Et pourtant, la tessiture ainsi que le timbre clair aux relents graves du saxophone soprano conviennent bien pour réinterpréter une musique qui risque de sombrer dans l’oubli parce que la pratique barbare de châtrer des garçons pour servir la cause de l’art vocal n’est plus de mise. Sur „Il canto dell’Usignolo Nadine Kauffmann, impressionnante de maîtrise instrumentale, fait chanter et pleurer son instrument avec une expressivité proche de la voix humaine. Georges Urwald l’accompagne au clavecin avec retenue et espièglerie, notamment dans les interludes qu’il a su pimenter de quelques accords bien contemporains. Les cordes d’un clavecin n’ont pas souvent dû être pincées de la sorte. Une musique mélancolique interprétée de manière originale, qui n’est pas exclusivement destinée aux baroqueux.
Nadine Kauffmann et Georges Urwald, „Il canto dell’Usignolo“, Quadrivium, 2004. www.quadrivium.lu