PRISON: Beaucoup de bruit pour rien ?

Une grève de la faim à cause d’un échange d’insultes. Cet évènement par lequel a débuté l’année 2009 au centre pénitentiaire de Schrassig paraît absurde. Il est à l’image du système judiciaire et carcéral.

L’affaire est classée. Juste le temps de faire les gros titres pendant quelques jours : pendant la période où le reste du pays s’empiffre, le centre pénitentiaire de Schrassig a été le théâtre d’une grève de la faim d’une quinzaine de détenues. Quelques jours plus tard, le calme est revenu et les sept dernières grévistes ont mis fin à leur action. Selon nos informations, le conflit a commencé par une broutille : quelques détenues auraient échangé des voeux de nouvel an et continué à discuter d’une cellule à l’autre – trop bruyamment, au goût de certains. Car voilà : en prison, les tensions sont grandes et permanentes. Et d’autres détenu-e-s de se plaindre du bruit. Jusqu’à ce qu’interviennent les mâtons, dont l’un aurait perdu son sang-froid. Insultes et reproches fusent. Des mots de trop ont été proférés. Des mots à connotation racistes à l’encontre de détenues étrangères. Une chose est sûre : ces conflits verbaux ont mené à une grève de la faim. Le directeur du centre semble avoir trouvé la bonne appréciation : ce n’est pas autant la grève de la faim qui serait problématique, mais les raisons profondes qui y ont mené.

Penchons-nous alors sur ces raisons profondes. Pour la plupart d’entre nous, les « enfermés dehors », la prison constitue le juste châtiment de celle ou de celui qui a transgressé les lois de la société, de celle ou de celui qui a causé du tort à autrui. Notre système judiciaire est d’une simplicité enfantine : qui faute est puni. Et la punition est souvent la même : amende ou privation de liberté. Parfois les travaux d’intérêt général. La seule fantaisie que se permet le système judiciaire est l’échelonnement des peines. Après tout, voler un boeuf, ce n’est pas voler un oeuf. Du toxicomane au tueur en série, la punition est, in fine, la même : la privation de liberté. Puisque la société est si simple, pourquoi le système judiciaire ne le serait-il pas ? Un système d’une simplicité enfantine disions-nous, écrit et mis en place par des esprits purs, simples – enfantins.

Evidemment, une punition ne peut être agréable. Par conséquent, pourquoi la prison le serait-elle ? Certes, les détenu-e-s de Schrassig ne subissent pas les pires tortures physiques. Des sympathies se lient même entre eux et le personnel. Certains disent même que les détenu-e-s y seraient bien traité-e-s. Nous n’avons aucune raison de penser le contraire. Reste à savoir si la privation de liberté constitue un bon traitement. La prison, comme le reste de la société, n’est pas libre de conflits. Mais il est rare qu’à l’air libre, des insultes proférées à votre encontre vous amènent à refuser de vous nourrir. Il faut savoir que la prison accueille majoritairement des hommes et des femmes que le monde n’a pas accueillis sous les meilleurs auspices. Et la très grande majorité d’entre eux sont loin d’avoir commis des atrocités. Nombre d’esprits troublés, de personnes déchirées s’y côtoient. L’espoir y est une denrée rare. Le système carcéral tel que nous le connaissons est un système archaïque, qui broie plus les individus qu’il ne contribue à les faire ressortir par le haut. Qui n’en est qu’à ses balbutiements de « resocialisation » de détenu-e-s. Qui cogne et casse celles et ceux qui frappent et crient. Un système bêtement et méchamment enfantin. Comme une dispute de nouvel an qui tourne mal.


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