DROGUES: Plan 3

Certaines petites avancées dans le troisième plan d’action anti-drogue ne peuvent pas cacher que la situation luxembourgeoise est toujours désastreuse.

« J’ai été surpris moi-même d’apprendre que nous avons réussi à réaliser 80 pour cent de l’ancien plan d’action », confiait Mars di Bartolomeo, ministre socialiste de la santé, ce mardi lors de la conférence de presse de présentation du nouveau plan couvrant les années 2010 à 2014. C’est dire les difficultés à faire passer une politique anti-drogue efficace, mais pas uniquement répressive auprès des autorités et du public luxembourgeois. Que la drogue et ses conséquences sur l’individu sont toujours tabouisées au grand-duché, celles et ceux qui suivent le triste feuilleton autour de la « Fixerstuff » le savent. Tout en admettant que « ce n’est vraiment pas une grande victoire », le ministre entend sauver le projet d’une salle de consommation supervisée pour toxicomanes permanents sur le territoire de la ville de Luxembourg.

S’il a tout à fait raison de défendre bec et ongles cette structure – s’ils gagnaient, les adversaires de la « Fixerstuff » devraient (re)vivre avec des junkies peuplant les aires de jeux ou les entrées des maisons, sans parler des morts par overdose que la structure en place a su éviter – on voit mal comment il va s’y prendre. Certes, aller en appel contre Paul Wurth et imposer la « Fixerstuff » définitive dans la rue d’Alsace est une bonne initiative, mais aussi la seule. Et c’est bel et bien une défaite majeure pour la politique si elle reste incapable d’imposer une telle structure – qui est monnaie courante dans presque tous nos pays voisins.

De plus, miser sur une « Fixer-stuff » eschoise pour enlever la pression sur la capitale n’est pas gagné : « La mise en place s’effectuera progressivement à l’image de l’approche adoptée pour la ville de Luxembourg », dit le plan d’action à ce sujet. En clair, les Eschois-e-s ne sont pas pressé-e-s. Et ce n’est certainement pas un-e bourgmestre qui, une année avant les élections communales, imposera une institution aussi impopulaire. Lydia Mutsch n’est pas tombée sur la tête, tout de même. Il reste que le futur d’un traitement adéquat pour les toxicomanes est dans les mains de la justice, qui n’a jusqu’à présent pas tranché en sa faveur.

Parmi les bonnes nouvelles, citons celle-ci : Même si elle était déjà prévue pour le plan antérieur, la « mise en place d’un programme de traitement assisté à l’héroïne », sera bel et bien réalisée, grâce à un accord de principe trouvé en 2009 avec la Jugend an Drogenhellëf – qui sera gestionnaire du projet. Cette mesure a été traitée par le ministre comme le plus grand avancement de ce nouveau plan. Pourtant, si elle met enfin le Luxembourg au même niveau que les pays plus avancés en cette matière, il ne faut pas oublier que la substitution au grand-duché – les programmes de méthadone existants auxquels le traitement assisté à l’héroïne s’ajouterait – est toujours problématique (voir woxx 1033). Car, il manque toujours des chiffres concrets et le gouvernement peine à contrôler les médecins qui prescrivent et les pharmaciens qui administrent de la méthadone. Cela est aussi à voir dans le cadre d’un manque de suivi psycho-social chez les toxicomanes luxembourgeois, déjà pointé dans le dernier rapport de l’observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).

Mais sur ce point précis, le plan d’action reste dans le vague. Une structure de « réintégration psycho-socio-professionnelle » est prévue, mais soumise à des conditions – autant dire que le projet ne se réalisera probablement pas de sitôt, alors que les besoins sont énormes.

En fin de compte, la nouvelle stratégie du gouvernement n’est pas vraiment nouvelle. Elle témoigne d’un avancemement à très – voire trop – petits pas, alors que la réalité sur le terrain n’épargne pas le Luxembourg.


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