SALARIÉ-E-S: Le travail… c’est pas la santé

L’étude « Bien-être au travail » dessine un portrait peu flatteur des conditions de travail au Luxembourg : stress, addictions, voire suicides ne sont pas des phénomènes anecdotiques.

Au même moment où le personnel de l’Inspection du travail et des mines (voir ci-contre) soulève de sérieux problèmes de fonctionnement, la Chambre des salariés (CSL) a présenté cette semaine une enquête sur le bien-être au travail. Et ce n’est pas le seul concours de circonstances, si l’on veut. Comme l’a rappelé Jean-Claude Reding, président de la CSL et évidemment du syndicat majoritaire, l’OGBL : « Je sors d’une réunion tripartite et je constate qu’on ne me parle que de compétition, de lutte de tous contre tous. » Et d’ajouter : « Il y a vingt ans, lorsque l’on parlait du travail, on évoquait encore le produit. Maintenant, on se borne à la rentabilité. »

Et ceci a des répercussions concrètes sur le lieu de travail. L’enquête, que la CSL a commandé ensemble avec l’OGBL et la Ligue luxembourgeoise d’hygiène mentale, révèle des chiffres plutôt inquiétants. Et l’un des secteurs les plus exposées à divers problèmes liés au travail est celui du « social et professions de santé ». Ce qui est symptomatique, car c’est aussi cette catégorie qui est en lutte depuis plusieurs années pour l’amélioration de son cadre de travail. Ainsi, 36 % des personnes interrogées au sein de cette catégorie disent souffrir continuellement, voire fréquemment de « sensations de douleurs et de fatigues d’ordre musculosquelettiques » et 53 %, donc plus de la moitié, admet éprouver fréquemment du stress sur son lieu de travail. Le directeur de l’institut de sondage TNS-Ilres, Charles Margue, estime que ces métiers deviennent de plus en plus difficiles : « Les exigences par rapport aux patients ont énormément augmenté mais l’organisation de la profession ne s’est pas améliorée. »

L’étude démonte également le préjugé de l’enseignant qui se la coulerait douce : 56 % d’entre eux affirment souffrir d’un stress négatif et 38 % seraient sujets au sentiment de « burn out », ce qui est élevé par rapport aux taux enregistrés pour le social et la santé, le nettoyage et le gardiennage (24 %). L’étude a franchi un pas supplémentaire en s’intéressant au risque de suicide dans le monde du travail, phénomène croissant, comme l’ont démontré les différents cas en France dans le domaine des Télécoms. Sur ce point, ce sont à nouveau les enseignants qui se retrouvent en tête : parmi celles et ceux qui ont affirmé avoir été personnellement confronté-e-s à la question du suicide (12 % de l’ensemble des interrogé-e-s), il constituent presqu’un quart (24 %), devant, à nouveau le social et la santé (22 %), la fonction publique (19 %) et les transports (18 %). D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’au sein de la fonction publique, réputée pour être relativement protégée par rapport aux conditions de travail du secteur privé, l’on retrouve le plus grand nombre de problèmes d’addiction. Des 32 % des personnes interrogées qui affirment avoir connaissance de problèmes d’addiction au sein du personnel, 48 % sont issus du public. Malheureusement, l’étude ne donne pas d’éclaircissements supplémentaires : la fonction publique est vaste. Jean-Claude Reding demande d’ailleurs si les enseignants y sont inclus ou si certaines professions particulièrement exposées au stress ou à des situations délicates, comme la police, contribuent à ce taux élevé.

Par contre, Reding se dit étonné de ne pas retrouver la catégorie de l’artisanat et de l’industrie parmi les professions où le bien-être au travail serait une denrée rare. Tentative d’explication de Margue : ces personnes seraient plus en accord avec le métier qu’elles exercent et auraient plus de facilité à y trouver un accomplissement. Ce n’est certainement plus le cas du secteur financier : en 2006, l’étude « Stimulus » de l’OGBL avait révélé que les personnes travaillant dans ce secteur ne faisaient pas partie de celles qui éprouvaient le plus grand stress. En 2009, trois ans plus tard, la donne a sensiblement changé, car ils en font désormais partie. Après tout, entre-temps, la crise financière est passée par là.


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