POP: E comme…

E comme étonnant, étrange, épatant : la liste des adjectifs commençant par la lettre E pouvant décrire la musique de Eels semble inépuisable, au même titre que l’inspiration et le génie de son leader « E » qui secoue la pop moderne depuis près de quinze années.

Etrange voyageur, ce Mark Oliver Everett, plus connu sous son pseudo « E ».

Petit génie de la pop moderne, Mark Oliver Everett, plus connu sous le pseudonyme de « E », a débuté en 1996 avec son groupe Eels en lançant son single au refrain entêtant « Novocaine For The Soul » en pleine période post-grunge – une époque où il n’était encore pas si mauvais de faire du rock indépendant. Il faut dire que le groupe, première signature du label Dreamworks (maison des tout-puissants d’Hollywood Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg et David Geffen) aura bénéficié d’une exposition médiatique un peu plus poussée que la plupart des groupes débutants vu la puissance des créateurs du label lors de la sortie de son premier album « Beautiful Freaks » et avec un second single « Susan’s House » qui lui aussi aura son heure de gloire sur la non-moins puissante chaîne MTV.

Eels est le projet d’Everett et du batteur Jonathan « Butch » Norton, le reste de la formation oscillant suivant les désirs et les besoins du chanteur-compositeur. 1998, sort le deuxième album « Electro-Shock Blues » qui relate essentiellement les tragédies qu’a vécu Everett. Et pour cause : Il a perdu sa soeur et sa mère pendant les deux années qui séparent la sortie des deux disques. Il en ressort un album relativement dépressif qui est considéré à ce jour encore comme le chef-d’oeuvre de Eels avec des sonorités proches du hip-hop ajouté au savant songwriting d’Everett que beaucoup ont comparé au génie de Brian Wilson des Beach Boys.

Car la constante dans l’oeuvre de Eels, c’est cette démesure au niveau instrumental qu‘ Everett s’amusera à entretenir à partir de l’album suivant « Daisies Of The Galaxy » qui présente un groupe au summum de sa forme entre la pop décalée de Pavement ou Grandaddy et celle plus classique des Beatles et des Beach Boys tout en y incorporant des instruments originaux. Everett prend un malin plaisir à manier toute sorte d’instruments excentriques, à la fois proche du psychédélisme tout en restant dans un format populaire et écoutable. En chatouillant les clichés du rock comme ce sera le cas en 2001 avec l’album « Souljacker », Everett se mue en parfait cliché de la rock-star, grosse barbe et gros riffs à l’appui.

2003 marque la rupture avec Dreamworks avec le dernier album pour ce label : « Shootenanny! » Un disque qui donne dans un blues-folk plutôt classique. Eels signe alors avec le label indépendant Vagrant, habitué au punk et hardcore, et sort « Blinking Lights And Other Revelations » qui semble faire la synthèse de tout ce que Eels sait faire de mieux. S’ensuit alors une période de pause jusqu’à l’année dernière avec la sortie de « Hombre Lombo » et cette année de l’album « End Times », qui montre Eels dans des registres bien différents. Et c’est bien ça la force de la formation, cette faculté de se réinventer à chaque album suivant la personnalité à la fois géniale mais aussi volatile d’Everett, véritable commandant du navire, qui mène sa folie créatrice là ou bon lui semble. Même s’il est parfois proche de certains gouffres de mauvais goût, il reste bien plus souvent sur des routes cabossées et indéterminées qui rendent sa musique à la fois surprenante et captivante entre ombre et lumière. Ce qui donne à ses concerts un véritable souffle qu’il serait dommage de rater, surtout en cette période de vaches maigres culturelles que connaît l’été, juste avant la rentrée.

Eels à l’Atelier, ce vendredi 5 septembre.


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