ÉLECTIONS: Quelques surprises

Les résultats des élections communales ne sont pas univoques, ni dans en ce qui concerne les coalitions, ni pour le vote étranger. Une conférence organisée par le Clae a mis en évidence quelques facteurs surprenants.

Même si les rangs étaient plutôt clairsemés lors de la conférence organisée ce mercredi par le Clae sur le thème « Le système électoral luxembourgeois est-il participatif ? », l’interprétation des résultats des élections communales d’octobre, faite par les deux experts invités – Sylvain Besch responsable du centre d’études et de formation interculturelles et sociales (Cefis) et le politologue Philippe Poirier, coordinateur du programme de recherche sur la gouvernance européenne à l`université du Luxembourg – révélait quelques faits surprenants sur la participation au vote des étrangers résidant au grand-duché.

D’abord, les chiffres présentés par Sylvain Besch : 30.937 étrangers inscrits sur les listes, ce qui donne un taux de participation de 16,9 % en tout. « Mais attention », a tempéré Besch, « ce pourcentage est calculé sur le nombre d’étrangers résidants aux Luxembourg de plus de 18 ans, et ne prend pas en compte la clause de résidence de cinq ans, pourtant obligatoire pour pouvoir participer au processus démocratique. En réalité, donc, le chiffre devrait se situer autour de 19,9 % ». Pourtant, malgré tous les efforts qui ont précédé les élections, les chiffres n’ont pas tellement bougé (12 % en 1999 et 15 % en 2005). Et en même temps, on doit comptabiliser que l’électorat possédant la nationalité luxembourgeoise a avancé plus fortement que le taux de natalité, ce qui est imputable aux transferts de nationalité : donc, pas mal de personnes qui votaient en tant qu’étrangers en 1999 ou en 2005 l’ont fait en tant que Luxembourgeois en 2011. Mais le plus étonnant ce sont les nationalités des étrangers qui ont voté. Qui s’était attendu à voir les Portugais en tête – ce qui serait logique, puisqu’ils sont la plus grande communauté d’étrangers dans notre pays – s’est trompé. Les premiers à aller voter, ce sont les Néerlandais, suivis des Italiens et des Belges, qui avec leurs 15 % sont à égalité avec les Portugais. Pourtant, en 2005, leur cote était de 20 %. Que s’est-il passé ? « Cela ne veut pas dire que la communauté portugaise se désengage de la politique, mais surtout que beaucoup d’entre eux ont acquis entre-temps la nationalité luxembourgeoise », explique Sylvain Besch. Quant au phénomène néerlandais, c’est Philippe Poirier qui livre une interprétation logique de ce phénomène : « C’est parce que le système électoral, surtout au niveau communal, ressemble beaucoup à celui que ces gens connaissent dans leur pays d’origine. Et puis, point de vue paysage politique, c’est similaire aussi ».

En ce qui concerne les candidats étrangers, ils étaient 44 (7 %) de plus qu’en 2005. Aucun candidat non-européen a été élu, et aucun candidat étranger n’a accédé à des postes de bourgmestre ou d’échevin. Mais le chiffre le plus intéressant est que 48 % des candidats étrangers étaient des femmes. Donc, le vote étranger profite aussi à l’égalité des chances entre les sexes.

Pour Philippe Poirier, les choses les plus importantes à retenir c’est le succès des étrangers dans les communes à vote majoritaire, puisque, selon lui, dans ces petites communes, la socialisation politique se fait plus rapidement, grâce à l’absence de partis. Il note aussi que la réussite des étrangers dépend aussi de la politique interne des partis et des associations d’étrangers. Pour ces derniers, encore un fait notable : ce sont les associations d’étrangers non-européennes qui bougent le plus pour motiver leurs ressortissants à aller voter. Et finalement, il ne faut pas oublier un phénomène qui touche aussi bien les étrangers que les nationaux : le dés-enchantement politique.


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