IMMIGRATION: Des chiffres et des lettres

Alors que les discours racistes sur Facebook et d’autres plateformes commencent enfin à intéresser les médias dominants au Luxembourg, le Cefis publie des chiffres qui expliquent en partie ce phénomène.

Aussi inquiétant que les relents xénophobes qui pullulent dans le net luxembourgeois, sont les réactions de certains journalistes et politiciens. Ainsi, RTL a enfin commencé à parler du problème sur son site, en publiant articles et commentaires. Car il est absolument clair que ce qui se passe sur des pages Facebook comme « Fir oder géint Aslyantenheemer zu Lëtzebuerg ? » n’est rien de neuf en soi. Comme nous l’avions déjà écrit dans un article précédent (voir woxx 1139), ce sont les mêmes personnes qui vocifèrent leur haine et leur ignorance depuis des années et nous en avons rendu compte plusieurs fois déjà (voir woxx 1039 et 1132). La seule chose qui a changé, c’est que les militants d’extrême-droite ont commencé à s’organiser sous le label « Lëtzebuerger Patrioten », qu’ils ne se disent plus affiliés à la défunte « National Beweegung » et surtout qu’ils se mettent à instrumentaliser les peurs de la population en jouant sur les hypocrisies du politiquement correct. Parmi les partis politiques, on observe avant tout un silence gêné. Avec comme seule exception les Verts, qui ne s’offusquent pas tellement du racisme sur Facebook, mais du fait que certaines personnalités aient pu être affiliées à ces pages à leur insu… et de réclamer plus de pression sur Facebook. De plus, ils appellent à plus de compétence médiatique. Un vrai communiqué résolument antifasciste est quelque chose de différent. Même le chef de file des « Lëtzebuerger Patrioten » s’est fendu d’une lettre à la rédaction d’un tabloïde où il s’estime victime d’un chantage médiatique et se plaint de représailles contre lui et sa famille. Ce qui prouve du moins que la grande majorité ne semble pas approuver ses discours racistes.

Une autre action remarquable est celle du Musée de la Résistance eschois, dont le directeur Frank Schroeder est depuis longtemps actif contre le racisme 2.0 : outre une action de stickers, il a envoyé à la presse des photocopies des pages Facebook prouvant la mauvaise foi de tous ceux qui prétendent encore que les patriotes ne seraient pas des racistes.

Mais comment est-ce possible que dans un pays comme le nôtre, qui de toute façon ne pourrait survivre sans l’apport étranger, une telle vague de haine puisse naître ? Outre le fait que certainement une partie de la culpabilité revient à Nicolas Schmit et à Marie-Josée Jacobs, qui avec leur incapacité de loger les demandeurs d’asile et l’usage de termes comme « tourisme d’asile » – une explication d’ailleurs contredite par un rapport de la Frontex sur l’Ouest des Balkans – ont mis de l’huile sur le feu. D’autre part, l’étude du Cefis intitulée : « L’intégration au Luxembourg – Focus sur les réseaux sociaux, la confiance et les stéréotypes sur les frontaliers » démontre bien que si le racisme en soi n’est pas un phénomène majoritaire au Luxembourg, il devient, là où il existe, de plus en plus virulent. En clair, ce sont trois groupes qui suscitent la méfiance parmi les sondés : les ex-Yougoslaves, les musulmans et les demandeurs d’asile. Toujours est-il que cette méfiance est plus grande quand on descend l’échelle sociale. La méfiance est plus grande chez les personnes qui ont le moins de formation et de revenu, c’est donc de ces gens-là qu’il faut s’occuper prioritairement. D’autant plus que le Cefis recense aussi l’existence de vraies sociétés parallèles au Luxembourg. Pour pallier à cela, le Cefis propose des « espaces de frottement », c’est-à-dire des espaces où on ne pratique pas la multi-culturalité, mais l’interculturalité. Reste à espérer que la politique soit assez courageuse pour s’y essayer.


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