BLUES/FUSION: Sidekicks Paradise

Aucun membre des Black Stone Raiders n’est connu en soi. Mais leurs biographies devraient en faire flipper plus d’un-e.

Parfois, une guitare est la meilleure arme possible…

Depuis toujours dans l’histoire de la musique populaire contemporaine, que ce soit dans le blues, le rock ou le jazz, ont existé des formations éphémères que les critiques musicaux aimaient bien qualifier de super-groupes. Ceci parce qu’ils rassemblaient des musiciens connus de différents horizons sous une nouvelle bannière, le plus souvent le temps d’un projet. Ainsi, dans le hard rock, on a vu récemment Them Crooked Vultures réunissant le chanteur-guitariste des Queens of the Stone Age, le bassiste de Led Zeppelin et le batteur de Nirvana. Si on veut, les Black Stone Keys sont un peu l’exception qui confirme la règle.

Car les noms de Jean-Paul Bourrelly, Darryl Jones et Will Calhoun pris en soi ne disent pas grand chose – à part aux spécialistes initiés. Et pourtant, même les amateurs de rock mainstream devraient connaître le bassiste Darryl Jones, au moins pour son fait d’armes le plus connu : remplacer Bill Whyman chez les Rolling Stones à partir de 1994. Depuis cette date, ce musicien d’exception part en tournée régulièrement avec les pépés du rock blanc, sans pourtant être devenu officiellement un membre du groupe. Mais cela ne devrait pas trop le peser, vu qu’avant de devenir une pierre roulante, sa liste d’artistes avec lesquels il travaillait était déjà longue : bassiste attitré de Sting à partir de 1985, il rejoint par la suite Herbie Hancock, Mike Stern et John Scofield. Mais son mentor reste quelqu’un d’autrement célèbre et qu’il partage aussi avec Jean-Paul Bourelly : Miles Davis, qui le découvre en 1980 et avec lequel il enregistre plusieurs albums et accomplit des tournées.

Son complice à la guitare et au chant dans les Black Stone Raiders, ledit Bourrelly, n’est découvert par le maître Davis qu’en 1988. Pourtant, cela ne l’empêche pas de démarrer sa carrière sur les chapeaux de roues. Ce garçon de Chicago, d’origine haïtienne, commence sa carrière avec Steve Coleman avec qui il crée le mouvement Mbase et enclenche alors des collaborations avec McCoy Tyner et Pharoah Sanders. Son album le plus connu reste cependant « Boom-Bop » de 1999 avec le saxophoniste Archie Shepp et le griot sénégalais Rahman Diop. Une collaboration qui a ouvert des voies inexplorées à la musique du monde et en même temps renoué avec les origines africaines du blues.

Le troisième de la bande, le batteur Will Calhoun, est surtout connu pour son activité au sein du groupe Living Colour qui faisait fureur dans les années 1990. Véritable groupe cross-over avant l’existence même du genre, les Living Colour mélangeaient le funk, le métal, l’electro, le reggae et maints autres styles pour obtenir un résultat dont l’originalité n’est plus à prouver et qui est pour beaucoup de groupes – à commencer par les Red Hot Chili Peppers – une référence incontournable. Si Jean-Paul Bourelly n’a jamais rechigné de travailler avec des artistes de hip-hop, le palmarès des collaborations exotiques revient cependant à Calhoun dont la liste va de Mick Jagger à Lauryn Hill, en passant par Public Enemy, Run DMC, Jaco Pastorius, Jack De Johnette ou encore Lou Reed en personne.

En d’autres mots : ces trois musiciens ont certainement collaboré avec la majorité des musiciens influents de notre ère. Et que font les Black Stone Keys quand ils n’accompagnent pas les grands de ce monde ? Et bien, ils jouent un style qui leur est propre, associant le blues bien sûr, mais aussi la bossa. Ce qui ne leur interdit pas des instants fusion ou funk où les racines du hip-hop transparaissent. Et le tout avec une virtuosité époustouflante au cours de morceaux qui dépassent souvent les 15 minutes. Alors, pour le premier moment de bonheur musical de l’année, allez au Centre culturel opderschmelz !

Au Centre culturel opderschmelz à Dudelange, le 13 janvier.


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