PATRIMONIE INDUSTRIEL: Exproprier!

Arbed-Arcelor ne s’intéresse pas à la sauvegarde du patrimoine industriel. Aucune raison donc de lui laisser une quelconque part de décision en la matière.

Autrefois, lorsqu’on affirmait qu’Arbed était une sorte d’Etat dans l’Etat, qui avait une mainmise directe sur les décisions politiques de notre petit pays, on se faisait traiter de gauchiste marxisant voulant mettre la main sur le moteur de la croissance économique du Grand-Duché de l’époque pour des raisons purement idéologiques. Puis vint une période où Arbed a du faire appel à la solidarité nationale. Des programmes de mise au travail, des subventions … rien n’était oublié pour garantir la survie d’une industrie dont même une ministre libérale disait alors qu’elle était „crépusculaire“. L’Etat a certes pris une part dans le capital de la société, mais Arbed est resté un acteur privé, qui n’agit qu’en fonction de ses propres intérêts.

Dopé, grâce au deniers publics, pour jouer à tout les égards un rôle important dans la globalisation économique qu’on connaî t de nos jours, Arbed-Arcelor continue à être un employeur important et donc un facteur économique déterminant dans le Sud du pays. Mais aujourd’hui ce ne sont plus les gauchistes qui affirment avoir peur d’Arbed. Comme l’a montré le débat lors de la réunion d’urgence du Conseil communal d’Esch-sur-Alzette, qui s’est tenue deux jours après le dynamitage des trois tours de refroidissement sur le site des Terres-Rouges, ce sont plutôt les partis bourgeois, le PCS et le PD, qui pensent qu’il est dangereux de „se mettre à dos un partenaire pour les vingt prochaines années“, en lui faisant le procès.

Drôle de conception d’une justice à deux vitesses. Qu’est-ce qu’en dit le ministre de la Justice qui revendiquait, il y a peu, que les instances juridiques poursuivent la moindre infraction à la loi avec le plus grand zèle possible?

Drôle de partenaire aussi, qui non seulement n’attend pas les autorisations nécessaires pour détruire „ses“ tours. La société met en outre la commune d’Esch et les autres acteurs publics, qui avaient déjà des plans très concrets par rapport à l’utilisation future de ces tours, devant le fait accompli. Difficile d’imaginer comment Agora, la société qui devait promouvoir les friches industrielles, dont et où Arbed détient 50 pour-cent des parts, peut poursuivre son travail. Lorsque cet instrument de partenariat entre Arbed et les autorités locales et nationales fut mis en avant, ce n’était qu’une minorité qui se demandait pourquoi la multinationale de l’acier, qui n’avait plus besoin des friches, devait jouer un rôle si important dans le développement de la région.

Il est vrai que, juridiquement, Arbed reste propriétaire des friches et des bâtiments qui s’y trouvent. Mais moralement, la collectivité lui a donné bien plus que ne valent ces terres et les installations devenues inutilisables à des fins industrielles. Arbed vient de démontrer de façon spectaculaire qu’elle n’a développé aucune sensibilité par rapport à une mise en valeur des friches. La seule chose qui l’intéresse semble être la valorisation financière des terres qu’elle peut alors revendre au meilleur offrant. Des installations vétustes ne constituent alors qu’un obstacle dont on peut se débarrasser en poussant un petit bouton.

La seule excuse acceptable: Arbed est une boî te à faire de l’acier, sa vocation n’est pas la sauvegarde du patrimoine. Mais cela est aussi une raison de plus pour dire que Arbed doit remettre les sites qu’elle ne compte plus exploiter à des fins industrielles. C’est à la collectivité de décider de l’utilisation de ces sites. Ce qui n’est que béton et ferraille aujourd’hui, peut devenir un centre d’attrait demain. Il ne faut pas voyager très loin pour pouvoir observer des projets similaires, qui ont réussi de ce pari.


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