BRANCO CRISTINA: Fado iluminado

Le Festival de la guitare à Beckerich offre l’occasion de connaî tre le fado le plus pur, mais peut-être aussi le plus moderne.

Sans doute une des vedettes futures du fado:
Cristina Branco.

(roga) – Qui eût cru que depuis la mort d’Amalia Rodrigues, le fado, expression traditionnelle du sentiment de „saudade“ portugaise, n’aurait plus connu d’évolution ou de nouvelles étoiles, ni pris en compte les tendances récentes. Outre les lamentations quelque peu répétitives de „Madredeus“, l’on assiste à l’émergence d’un renouveau du fado plus ancré dans les traditions. Curieusement, ces nouveaux fadistes s’abstiennent en large mesure d’expérimentations par trop hardies, comme une électrification à outrance.

La partie vocale des fados est souvent assurée par des chanteuses nouvelles, qui émergent de l’ombre d’Amalia Rodrigues. Evoquons parmi les interprètes féminines, la plus connue, Dulce Pontes, dont les arrangements conviennent à un public plus large, mais aussi Amelia Muge. Les plus innovatrices sont sans doute Misia, née en Catalogne et proposant un fado teinté d’influences multiples et Bévinda, plus expérimentale encore et assez populaire aussi en France.

L’une des vedettes futures sera sans doute Cristina Branco. On a pu la découvrir grâce à son premier disque „Murmurios“, paru en 1999 chez „L’empreinte digitale“ et distribué par „harmonia mundi“, via le label néerlandais „MW Records“. C’est bien compliqué, et le disque est difficilement trouvable. Entre-temps la jeune chanteuse a sorti deux nouveaux albums: „Post-Scriptum“ (E D Distribution) en 2000 et le tout nouveau „Corpo Iluminado“ (Emarcy). Les disques sont d’ailleurs disponibles à la médiathèque du CIDfemmes.

Une émotion maî trisée mais contagieuse

Revenons sur „Murmurios“, qui contient 14 titres, dont la moitié sont des textes de la poétesse Maria Duarte, les autres chansons émanant également de plumes portugaises connues comme celles de Fernando Pessõa, Zéca Afonso, Luis Vaz de Camões ou Sergio Godinho. Toute l’émotion du fado est présente dans les sobres arrangements du guitariste Custodio Castelo, mais c’est bien sûr la chanteuse Cristina Branco qui guide l’ensemble par une voix précise, profonde et impréignée d’une émotion maîtrisée, mais contagieuse.

Dans la „live review“ d’un concert à New York, la revue américaine „Rhythm“ (June 2001, p. 46) ne ménage pas ses mots pour décrire „the two faces of fado“, la tradition et l’innovation, et comparer les présences sur scène de la jeune Cristina et de la défunte Amalia: „Basically, they differ in presence: whereas Rodrigues burned onstage with a consuming flame, Branco glows and shimmers – theirs is the difference between a bonfire and a chandelier“. Et de conclure sur une soirée mémorable: „When she and her guitarists took their bows, their audience was cheering on
its feet“.

L’occasion d’écouter Cristina Branco s’offrira lors d’un concert unique organisé dans le cadre du 4e festival de la guitare de Beckerich. Le samedi 16 juin Cristina Branco, accompagnée par Custodio Castelo, Jorge Fernando et Fernando Maio (guitares), se produira sur la place de l’Eglise à partir de 20:30h. Un rendez-vous à ne pas manquer. D’ailleurs ce moment mémorable sera suivi d’un autre concert, à 22h30 , du groupe tzigane légendaire „Bratsch“. Cette formation multiculturelle, sous l’égide de Dan Gharibian, s’est déjà produite à Luxembourg et offre un tour d’horizon varié des musiques des pays de l’Est, notamment de traditions juive, russe et des Balkans.


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