Bouschet Gast: Johannesburg au Luxembourg

„this space between us“ s’intitule le projet de Gast Bouschet présenté pour la dernière fois ce vendredi à la Banque de Luxembourg. Un travail autour de la spécificité du tissu urbain de Johannesburg.

Gast Bouschet a créé „this space between us“. Dernière projection ce vendredi 12 octobre, 20.30 heures, Banque de Luxembourg, Luxembourg-Ville.
Photo: Christian Mosar

PHOTOGRAPHIE

„HARMONY SHOOTING CLUB“: en gros caractères noirs soulignés d’une flèche en rouge. Il s’agit d’un panneau pris par Gast Bouschet à Johannesburg, en Afrique du Sud, pendant son séjour en octobre/novembre 2000. Nous avons rencontré cet artiste né à Dudelange (1958), vivant à Bruxelles, à l’occasion de son séjour à Luxembourg; il nous a beaucoup parlé de Johannesburg car ce lieu était pour lui l’occasion de mener une réflexion sur une morphologie urbaine très particulière et d’élaborer son propre langage d’images.

Après avoir suivi une formation, en tant qu’élève libre, à l’Ecole des Beaux Art „La Cambre“, à Bruxelles, il a pratiqué la photographie de façon créative depuis les années ’80. Exposé dans des galeries du monde entier, il a été un des premiers invités dans la mégapole sud africaine à l’occasion du programme international de résidence d’artiste AREA, organisé par l’association „Camouflage“. Cette association culturelle internationale, dont un des fondateurs, Fernando Alvim, est angolais, s’occupe de promouvoir des projets culturels d’échange entre l’Europe et l’Afrique et publie aussi la revue „Co@rt News“.

Johannesburg est née à la fin du XIXe siècle, à la suite de l’exploitation des terrains aurifères du Witwatersrand. Aujourd’hui, coeur économique du pays, lieu de concentration des institutions bancaires et des sièges sociaux d’entreprises et centre de migrations tant nationales qu’internationales, Johannesburg est la deuxième ville la plus peuplée du continent africain. Elle détient le triste record de la métropole la plus dangereuse du monde, car des guerres de gangs font des morts journaliers et les conflits raciaux n’ont pas totalement disparu depuis la chute du régime de l’Apartheid en 1994 et la mise en place d’un régime démocratique multiraciale.

Le paysage urbain de cette ville est donc le sujet du dernier travail de Gast Bouschet, présenté pour la première fois dans le Centre d’Art Contemporain (CCASA) de Johannesburg et cet automne au Luxembourg. A l’aide d’une projection audiovisuelle, ces images nous montrent une approche personnelle des dynamiques actuelles qui caractérisent le tissu urbain post-Apartheid. Les diapositives défilent rapidement, accompagnés de bruits de la rue, de sons produits à l’ordinateur, et de commentaires transmis par radio. Son auteur explique: „Plus de narration, c’est le public qui est invité à superposer les photographies de façon mentale.“

L’artiste porte son regard (et le nôtre) sur des panneaux mystérieux, l’intérieur des „shopping malls“, des banques, dans un continu va et vient entre les terrains vagues, la périphérie et les quartiers centraux en voie de dégradation rapide. En effet, le départ progressif des „Blancs“ et de leur entreprises vers les quartiers nord de la ville (Rosebank, Sandton, etc.) a provoqué le déclin du centre-ville, en faveur d’un développement à l’américaine des banlieues résidentielles.

Zones frontalières fascinantes

La dynamique démographique et spatiale de cette métropole, à l’avant-garde des mouvements politiques de reconstruction urbaine, fascine Gast Bouschet. L’organisation urbaine de Johannesburg post-Aparheid a changé, car aujourd’hui il y a une volonté politique de „réunifier“ ce qui a été séparé par cinquante ans de politique de ségrégation.

Gast Bouschet souhaite communiquer le flux d’énergie qui circule dans ce tissu urbain en utilisant souvent des images de réseau ferroviaires, d’autoroutes et de câbles électriques. Ce sont les zones frontalières qui le fascinent le plus, car il s’agit de lieux qui ont particulièrement marqué la morphologie de la ville à plusieurs niveaux. La spécificité de Johannesburg lui offre la possibilité de travailler sur un ensemble de signes et de codes qui changent d’une frontière à l’autre et d’une rue à l’autre, „afin de développer son approche personnelle au monde, peut-être en cherchant de l’harmonie à l’intérieur de la tension d’une frontière ouverte.“

Les thèmes abordés dans „this space between us“ s’inscrivent dans une continuité créative basée sur le rapprochement entre le corps humain et les détails d’un paysage naturel („between skin and thing“ et „here“). L’environnement urbain d’une autre métropole: Mexico City, aussi dense, mais très différent de celui de Johannesburg, est le sujet d’une nouvelle création: „zona del silencio“. „C’est un projet autour d’un film que j’ai réalisé en 2001 au Mexique, il se divise en dix parties utilisant le son, la photographie et la vidéo. Le travail se concentre sur l’attente et l’accélération, la répétition et le temps immobile. Il suggère l’interaction entre la mégapole et le système nerveux.“ Une première partie serait exposée en automne à la Galerie d’Art Contemporain „Am Tunnel“ (BCEE) de Luxembourg à l’occasion de la „Triennale de Photographie“.

Dans le cadre de „Paysages / pays sages?“ du programme „Keep the Light on …“ proposé par le CNA.


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