ESPIONNAGE TOUS AZIMUTS: Who’s the boss ?

Le triste spectacle que les gouvernements européens offrent face à l’espionnage nord-américain ne fait que révéler à quel point le Vieux continent est sous tutelle.

Qui espionne le plus ? Suite à l’affaire Prism, les médias britanniques s’en donnent à coeur joie pour dénoncer l’hypocrisie française. La France serait en effet le numéro deux mondial question espionnage industriel. Faux rétorquent d’autres spécialistes, les maîtres en la matière seraient les Nord-Américains et leurs affidés britanniques. Nous ne trancherons pas la question dans ces lignes. D’ailleurs, la réponse est sans importance. Ce qui est plus choquant, c’est la naïveté (feinte ou réelle) de certaines bonnes âmes qui semblent ne pas en revenir que des « démocraties » occidentales puissent recourir à la surveillance de masse. N’était-ce pas l’apanage des régimes soviétiques ? Nous ne sommes pas des anges, pas plus en tout cas que les régimes constamment condamnés : l’espionnage est une arme de domination dont les Occidentaux se servent pour assurer leur mainmise sur les richesses du monde.

Cette affaire devrait également servir de leçon à celles et ceux qui misaient sur le « gentil président » Obama (un peu par racisme inversé), oubliant que ce dernier, malgré son charisme d’animateur de jeux télévisés, avait été élu chef d’Etat de la première puissance mondiale. Et ce statut ne s’obtient, ni ne se conserve en se comportant en Bisounours. Au contraire, le gouvernement Obama a renforcé non seulement l’espionnage vers l’extérieur, mais également la législation relative au Patriot Act.

Mais si cette question de l’espionnage états-unien révèle bien une chose, c’est l’état avancé de vassalisation des Etat européens. Certes, si François Hollande n’a pas besoin de fournir beaucoup d’efforts pour paraître ridicule, sa demande envers les Etats-Unis « de cesser immédiatement » sonnait comme l’injonction d’un professeur en mal d’autorité face à une salle de classe déchaînée. Sans parler de la manière dont le gouvernement français obtempéra avec zèle lorsqu’il interdisait à l’avion présidentiel bolivien, soupçonné par Washington de transporter le « whistleblower » Edward Snowden, de survoler l’espace aérien de l’Hexagone. Double symbole tragique : quand bien même Snowden se serait trouvé à bord, un gouvernement se prétendant de gauche ne se serait pas déshonoré d’accueillir sur son sol le jeune homme. Par contre, l’avion transportait le président Evo Morales, un chef d’Etat dont l’ancrage à gauche est bien plus authentique.

On le voit bien : il n’y a rien à espérer des proconsuls qui nous gouvernent.

Quant au gouvernement allemand, il ne s’en sort pas mieux. Son ministre de la Défense retourna des Etats-Unis la queue entre les jambes. Sans sourciller, et après avoir été briefé par l’« ami » transatlantique, il expliqua aux citoyens allemands ébahis que la sécurité constituait un « super droit fondamental », donnant ainsi son aval à toute forme de surveillance. Le Luxembourg ne s’en sort pas mieux : la réaction de Jean Asselborn fut plus que molle et il ne cita même pas l’ambassadeur auprès de lui.

Le plus amer, c’est toutefois la « menace » que brandissent plusieurs gouvernements européens ainsi que la Commission à Bruxelles : les négociations sur le traité de libre-échange transatlantique seraient conditionnées à l’arrêt de l’espionnage américain sur le sol du Vieux continent. Car cet accord, dont on parle trop peu, sera un des plus grands actes de libéralisation de l’économie européenne et équivaut à un bradage de ce qui ne l’a pas encore été : un autre symbole de vassalisation absolue. On le voit bien : il n’y a rien à espérer des proconsuls qui nous gouvernent. Par contre, l’espoir vient, comme si souvent, des citoyens : ce samedi matin à partir de 11 heures, le Chaos Computer Club invite à une manifestation de soutien aux « whistleblower » devant l’ambassade US. Il faut bien que quelqu’un fasse preuve de dignité et de responsabilité.


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