SREL: Ce n’est pas fini !

Même si les conservateurs semblent assimiler chaque évocation du scandale autour du service de renseignement à un crime de lèse-majesté, ils ne peuvent nier l’évidence : rien n’a encore été fait pour pallier aux dysfonctionnements.

A l’approche des élections anticipées d’octobre, il reste important de ne pas perdre de vue ce qui les a causées et avant tout le scandale – ou plutôt l’amas de scandales – autour du service de renseignement (Srel). Et surtout la perte de contrôle politique sur un service qui a pu agir à sa guise dans une nébuleuse d’affairisme.

Mais voilà, le constat principal qui a mené à la crise politique que nous traversons actuellement, celui de la responsabilité du premier ministre Jean-Claude Juncker en tant que chef suprême du Srel, est déjà en train de s’effacer. Certes, on ne fait pas disparaître cette responsabilité avec un seul clic, comme l’a tenté la Konrad Adenauer Stiftung allemande. Elle a tout simplement effacé un article plutôt neutre sur les événements politiques au grand-duché ces neuf derniers mois, qui était un peu trop critique au goût des chrétiens-démocrates allemands, ardents supporteurs du phénomène JCJ. Cela n’empêche que l’idée du CSV est clairement de faire oublier ces fâcheuses affaires dans la bataille électorale.

Deux indices le montrent clairement : d’abord l’ire de Gilles Roth, soutenue par l’éditorialiste du Wort, qui semble déjà en position de tireur couché, en recevant deux convocations : celle d’Alex Bodry pour réunir le 18 septembre la commission d’enquête sur le Srel, qu’on pensait endormie sinon finie, et celle de François Bausch qui avait eu l’audace de convoquer à deux reprises même la commission de contrôle parlementaire du Srel les 10 et 16 septembre. Certes, pendant les longs mois que durait la commission d’enquête et surtout lors des grands psychodrames finaux, Bodry et Bausch s’étaient montrés plus hésitants que conséquents dans leurs attitudes, balançant toujours entre leurs obligations démocratiques et le calcul électoral pour le cas où le gouvernement irait à vau-l’eau. Mais les accuser de basses manoeuvres électorales est totalement faux, voire ridicule. Car, en fin de compte, ils ne font que leur devoir : demander des comptes au gouvernement et le pousser à réaliser les recommandations de la commission d’enquête sur le Srel.

L’inaction pour oublier tout

Et puis, il y a l’inaction du gouvernement à cet égard. Un gouvernement où siègent encore les socialistes d’ailleurs. Alors que pendant ce curieux trou d’été nous avons eu droit à de nombreuses conférences de presse, qui servaient aussi en sous-main à la pré-campagne électorale, le mot d’ordre sur l’affaire Srel semble être de ne surtout pas en parler. Alors que l’un ou l’autre pas vers une réforme de ce service ne ferait du mal à personne. Et, à défaut d’une réforme, qu’il y ait débat, vu que le chemin proposé par Juncker lui-même à la commission d’enquête lors de son dernier hearing semble aller dans le mauvais sens contraire : moins de contrôle et plus de répression en cas de « whistleblowing ».

Qu’en même temps le directeur actuel du Srel propose de détruire une partie des archives témoigne d’autant plus de la volonté de continuer comme si ne rien n’était. Alors que toute l’affaire Srel et la crise qu’elle a déclenchée devraient être une grande chance pour le Luxembourg afin de tester son aptitude à la démocratie et l’efficacité de cette dernière. Ce sera aussi à l’électeur de trancher dans quel Etat il veut vivre.


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