DANSEUSE: La nuit, tous les chats dansent

Sylvia Camarda dansera trois fois, lors du „Festival Théâtre des Capucins“. Le woxx en profite pour laisser le jeune talent luxembourgeois parler de son projet solo.

„Born in Luxembourg on the 21st of September 1978, she was Italian and changed her nationality to luxemburgish. She is a strong and risk taking dancer. She works powerfully, is very technical and her movement vocabulary stays very dynamic and free. Her subtile humor makes even hard work fun.“

Voilà la petite introduction à Sylvia Camarda, que l’on peut lire sur son CV. Ce dernier renseigne notamment à propos d’un apprentissage de la danse dès l’âge de douze ans au Conservatoire, pour partir à quinze ans dans un centre de danse à Cannes et finir son éducation en 2000, avec la „London Contemporary Dance School“.

Une éducation sérieuse, donc, pour une artiste chez laquelle l’envie de danser naquit avec la découverte d’une icône féminine de la culture pop des années 80: Madonna. Ce serait donc à cause de „Borderline“, ou encore de „Papa don’t preach“, qu’un jour ses parents décident „que j’avais assez abîmé le plancher“ et l’envoient à l’école de danse.

Depuis, le rêve a grandi, et la jeune fan de Madonna travaille maintenant au sein de la compagnie belge „Les Ballets C. de la B.“, avec laquelle elle montera sur scène pour le spectacle „Just another landscape for some juke-box money“, lors du „Festival Cour des Capucins“. Festival durant lequel Sylvia Camarda montrera aussi un solo chorégraphié et dansé par elle, dans le cadre de la soirée „Courts Instants“.

„Travailler en solo est superbe, parce qu’on réalise ses sujets propres, et à cause du challenge que cela représente. Mais c’est également très prenant, parce qu’il faut vraiment s’occuper de tout. Le côté artistique doit parfois être négligé, car il faut trouver des solutions à des problèmes techniques, et téléphoner souvent à tous les gens impliqués. C’est stressant. Mes journées n’ont plus d’heures. Je travaille de huit heures du matin à huit, dix heures du soir. Les relations publiques en font partie aussi. Il faut bien essayer à se faire connaître. Cela représente énormément de travail, mais aussi des occasions perdues pour passer du temps avec son corps, le perfectionner ou développer certains muscles. Dans une compagnie, on n’est là que pour danser. Et c’est parfois frustrant, parce qu’il faut obéir à ce que le chorégraphe te demande de faire. Mais on apprend aussi énormément de choses. Et moi, qui n’ai que 23 ans, j’ai encore beaucoup envie d’apprendre, pour affermir mon niveau et construire une base solide, pour, par après, me lancer vraiment.“ Ce qui veut dire: devenir chorégraphe.

„Courts Instants“, ce sera des danses accompagnant des scènes de films. „J’ai choisi des films commerciaux traitant de sujets comme les drogues, l’alcool, le sexe, la violence, et la bagarre.“ Ce seront des scènes tirés de: Pulp Fiction – „Tout simplement merveilleux, au début, quand John Travolta se pique et quand Uma Thurman prend une ligne de coke.“ – Baise-Moi – „Pour la violence.“ – Fight Club – „Pour la bagarre, bien sûr. Mais il y a aussi le côté un peu absurde des grands acteurs célèbres représentant le bas de l’échelle dans la société.“ – et Leaving Las Vegas, avec Nicolas Cage se perdant dans l’alcool.

„Avec ce programme, je m’intéresse surtout à la représentation de vices. Et je veux aussi représenter la vie nocturne. Il y aura des tables et des chaises sur scène, des tabourets … tout en hauteur. En sortant le soir, on voit des milliers de gens. La nuit, tout est plus artificiel: tout le monde est pareil. Mais tu sais bien que chacun a aussi ses problèmes. Or, la nuit, personne ne viendra te demander quel est ton problème. On voit que quelqu’un est dépendant de drogues, par exemple, ou qu’il tripote les filles, qu’il boit trop, tu vois. Mais la nuit, tout cela reste superficiel.“

Ce sont les paroles d’une femme qui aime sortir le soir. Et qui dansera pour „Courts Instants – And another night-out“ sur de la musique house – „pour mettre les gens à leur aise“ -, qui deviendra „de la musique électronique plus minimaliste“ et finira en drum’n‘ bass. „Et le dernier morceau, c’est de la musique baroque de Henri Purcell.“

Pour accompagner sa danse, Sylvia Camarda veut également utiliser les films: „Dans la première partie, tout est encore bien dans les films, et ce n’est qu’après qu’on entre dans les extrémités. C’est notamment cela que je représente, dans la danse, par une manière plus commerciale au début: on sort en disco et on se comporte normalement … et puis, les gens te rejettent parce que tu n’es pas comme eux. Je vais alors à l’intérieur de moi-même, pour finir dans un mouvement et une vitesse extrêmes. A partir de là, une certaine délivrance arrive aussi. Et puis, je n’ai pas voulu me concentrer sur les drogues. On en voit tout le temps sur les scènes de nos jours. Je me suis simplement intéressée au mouvement et à l’émotion avec laquelle je voulais jouer.“

Sûre d’elle, Sylvia Camarda est versatile sur le sujet de la danse. „C’est ma passion. C’est facile d’en parler. Et puis on me pose souvent des questions comme `Pourquoi t’es devenue danseuse‘?“ Nous revoilà au sujet Madonna.

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„Festival Cour des Capucins – Danse et Théâtre gestuel“, du 7 au 22 juin 2002. Sylvia Camarda dansera le 15 juin – Les Ballets C. de la B. „Just another landscape for some juke-box money“ – et le 20 juin – „Courts Instants“, trois jeunes chorégraphes luxembourgeois (avec aussi Annick Pütz et Stefano Spinelli) présentent leurs nouvelles créations sur le thème du cinéma et du film. Un premier aperçu de cette soirée sera donné le 11 juin, lors des délibérations de la soirée finale du concours de danse „Tendances“, pour lequel l’entrée est libre.


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