EXPOSITION COLLECTIVE: Retour en arrière créatif

Dans le cadre de la dixième édition des « Photomeetings Luxembourg », l’exposition « Nostalgia » présente le travail de quatre photographes, Véronique Kolber, Andrés Lejona, Michel Medinger et John G. Morris.

Superpositions du passé et du présent : Véronique Kolber évoque la nostalgie à sa façon.

Dès qu’il passe la porte d’entrée, le spectateur se rend compte que le nom de l’exposition n’a pas été choisi au hasard. Non seulement le médium en soi fait référence au passé – la photo ne pouvant capter autre chose qu’un moment qui, dès qu’il devient image, fait déjà partie du passé – mais aussi parce que les sujets capturés par l’objectif sont issus d’une temporalité révolue.

Répartis en deux pièces, des clichés de tailles différentes se présentent à nous, sur fond blanc. Les cadres qui finissent par donner corps aux images semblent avoir autant d’importance que ce que raconte le sujet photographié. Simples, de couleur noire unie, les pièces de Lejona sont entourées d’un cadre aussi sobre que ses oeuvres. Assez épurées, d’une netteté tranchante, ses photographies nous plongent dans l’univers de la crise, de la faillite, de l’évolution économique et administrative. C’est avec une certaine pointe d’ironie qu’il arrive néanmoins à insérer une touche de poésie dans ses clichés. Si l’homme en est absent, c’est certainement pour rehausser l’absence d’humanité dans le système en question, mais c’est ainsi qu’il arrive à provoquer une réflexion à propos dudit système.

Même si elles abordent le passé et la nostalgie différemment, les pièces se font tout de même écho ; la sobriété, voire la froideur, des oeuvres de Lejona contraste avec la douce candeur qui émane des images de Medinger et Kolber.

Le premier travaille plus en série, si l’on peut dire. De vieilles pompes à essence que le temps a abîmées sont présentées de face, tandis qu’une série de vieilles roulottes se présentent de profil. Si là encore le sujet n’a pas de rapport direct avec le passé – essence et caravanes font toujours partie de notre quotidien – c’est soit leur aspect, soit l’arrière-plan qui y fait référence. Les taches de rouille se reflètent dans les feuilles de lierre, rougies par l’automne.

Kolber, de son côté, s’intéresse plus au côté humain, à l’éphémère de la vie. Les cadres baroques, kitsch et vieillots viennent compléter l’atmosphère nostalgique que dégagent ses oeuvres. Superpositions digitales de photos récentes et anciennes, les personnages en noir et blanc venus d’un autre temps viennent peupler, tels des fantômes, le paysage actuel. Issues du même processus créatif, d’autres photographies défilent à l’aide d’un projecteur, en plus grand format, sur un mur. Ce jeu sur la lumière est sans aucun doute un clin d’oeil au développement argentique et au passé par la même occasion. Ce fait est plus marquant encore dans la série « Appearances ». Ces caissons lumineux présentent d’anciennes photographies annotées, de dos ; il faut appuyer sur l’interrupteur pour entrevoir l’image, en négatif, comme dans une chambre noire.

Issus de la même époque, mais photographiés sous un angle bien différent, dans un contexte à part, les personnages de Morris ne représentent pas la vie rurale et tranquille. C’est peut-être parce que les oeuvres de Morris sont plus classiques et plus émouvantes qu’elles sont présentées dans une pièce à part. Ces clichés sont une empreinte de la Seconde Guerre mondiale, l’intérêt de l’artiste ayant été retenu par les immigrés, réfugiés en Normandie.

Il est certain que ces photographies ne se ressemblent pas mais s’assemblent très bien. Si l’exposition ne convainc pas dans son intégralité, chacun devrait pourtant y trouver son compte.

Au Cercle Cité, jusqu’au 5 octobre.


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