PEINTURE: Derrière l’abstraction, la Chine

L’exposition « Flow », de l’artiste luxembourgeois Tung-Wen Margue, mêle de façon assez agréable art abstrait à une certaine recherche de soi.

Derrière les brumes, la Chine mystique.

On ne peut pas ne pas penser aux impressionnistes en passant devant les tableaux accrochés dans la galerie Clairefontaine. Un coucher de soleil épique y côtoie l’ébauche d’une skyline, des pagodes chinoises disparaissent presque dans un brouillard coloré et des bateaux traditionnels chinois semblent surgir des brumes comme des galères hantées.

C’est qu’il y a une certaine hantise dans les travaux de Tung-Wen Margue, luxembourgeois par sa mère, mais qui ne s’était pas jusqu’à récemment vraiment mis dans le bain de ses origines asiatiques – probablement aussi parce qu’il a grandi au grand-duché. Ainsi cet artiste, qui est surtout connu pour ses oeuvres abstraites, laisse-t-il apparaître dans ses nouvelles toiles des motifs plus traditionnels, mais toujours voilés par un halo. Comme si sa quête des origines transparaissait derrière sa façon de peindre.

Les tableaux de la série « Flow » respirent donc une certaine complétude, comme si les deux parties de l’artiste s’y retrouvaient, comme si la recherche de la Chine, de la culture chinoise, s’était miraculeusement introduite dans son art pour le parfaire. Mais ce n’est pas la Chine actuelle qui se cache dans les tableaux de Tung-Wen Margue ; c’est plutôt une Chine mystique, la chimère d’une civilisation. Inspirée par Wang Wei, poète bouddhiste du 8e siècle, c’est sans surprise la nature qui prend une place importante dans les tableaux du sino-luxembourgeois. Le dialogue entre la nature et le pinceau – une tradition purement asiatique – est repris par l’artiste à sa propre manière.

On ne doit pas forcément être un adepte du zen, ni même un expert de l’histoire et de la philosophie chinoise, pour ressentir le calme exhalé par les peintures de Tung-Wen Margue. Une respiration artistique et une façon de dialoguer avec la nature se mêlent ainsi à une approche autobiographique qui ne dit certes pas son nom, mais qui n’en a en fait nullement besoin.

Ce qui est extraordinaire et rare dans la série « Flow », c’est qu’on a l’impression d’assister à la naissance de quelque chose d’important : un nouveau langage artistique qui se développe et se dévoile sous nos yeux. Inutile donc de préciser qu’un passage à la galerie Clairefontaine vaut bien le déplacement.

Encore jusqu’au 28 février à l’espace 1 de la galerie Clairefontaine.


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