ART CONTEMPORAIN: L’invasion Lorent

Présente simultanément dans pas moins de trois galeries et musées, l’artiste et historienne luxembourgeoise Catherine Lorent étale sa vision de l’art – baroque et multifonctionnelle.

La guitare et le baroque : marques de fabrique de Catherine Lorent.

Déjà sacrée par sa nomination pour le moins inattendue à la Biennale de Venise en 2013 (woxx 1216), l’artiste luxembourgeoise Catherine Lorent, basée à Berlin, revient en force dans son pays natal. Pas moins de trois expositions – DATE à Neimënster, DOOM au Mudam et « Catherine Lorent in dialogue with Paul Thek » à la galerie Krome – lui sont dédiées en ce moment, avec en plus des ateliers organisés au Casino. On se demande si cette invasion n’a pas été planifiée expressément par le ministère de la Culture pour pousser les efforts de synergies qu’il appelle tellement de ses voeux.

Mais, aux dires de l’artiste, il n’en serait rien : les choses se seraient mises en place plutôt par hasard et pas comme une conspiration lorentiste. En tout cas, ces expositions démontrent toutes la même chose : qu’elle est une artiste affirmée, vivant à l’étranger où elle connaît aussi le succès et surtout qu’elle a développé au fil des années son propre langage artistique. Un langage qui rend ses oeuvres identifiables.

On y trouve ses penchants et son amour de la musique – du metal avant tout, comme ses récentes performances, notamment celle au Mudam ce mercredi, l’ont redémontré – et d’une certaine conception esthétique baroque. Y participent non seulement le trait de ses dessins, mais aussi sa prédilection pour des titres opulents et latinisés. L’intéressant est que ses oeuvres ne donnent pas l’impression de faire référence à un passé idéalisé mais qu’elles s’inscrivent bel et bien dans le présent. En fait, elles rendent le présent opulent et, ce faisant, Catherine Lorent nage définitivement à contre-courant de toutes les autres approches réductionnistes qu’on peut trouver dans l’art contemporain en ce moment.

Une autre composante, très contemporaine aussi, est l’interactivité d’une partie de ses travaux. Comme l’installation DOOM au Mudam, où une pyramide de caisses de bière vides héberge une multitude d’instruments à cordes divers. Ceux-ci peuvent être actionnés par le biais d’un clavier MIDI qui met en marche de petits ventilateurs qui font, à leur tour, frémir les cordes. S’y ajoutent aussi les guitares électriques – des Gibson de préférence, véritable marque fétiche de Lorent – qui émettent des sons grâce aux e-bows montés sur leurs cordes.

En un sens, les guitares sont devenues une sorte de substitut de l’artiste dans ses oeuvres. Cela parce que, généralement, les expositions de Catherine Lorent sont accompagnées de performances bruitistes et brutales exécutées par l’artiste même – en fait une sorte de « Gesamtkunstwerk ». Une idée certes romantique, mais qui, exécutée par Lorent, n’a rien de ringard.

DATE à Neimënster, jusqu’au 27 mars.

DOOM au Mudam, prochaine performance le 18 février.

« Catherine Lorent in dialogue with Paul Thek » à la galerie Krome, jusqu’au 14 mars.


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