Référendum: Parlons-en !

À moins d’un mois et demi du référendum, les discussions autour des trois questions entrent dans une phase décisive. L’occasion de faire le point.

Il a enfin commencé, le grand débat autour du référendum du 7 juin. Plus un jour sans table ronde, prise de position ou communiqué de presse. Une des questions en particulier suscite des émotions : celle qui concerne le droit de vote des étrangers résidents. Si les partisans du oui, dont la majorité s’est regroupée dans la plate-forme « Migration et intégration » (Minté), ont beaucoup recours aux moyens les plus traditionnels du débat sociétal – conférences de presse, communiqués, prises de parole dans les médias -, les opposants à l’élargissement du droit de vote, regroupés autour d’un site internet, sont eux très actifs sur la Toile et les réseaux sociaux.

Les débuts de la campagne du « nee » ont surtout été marqués par des attaques visant des organisations ou institutions ayant un certain devoir de réserve politique, mais figurant parmi les membres de la plate-forme Minté. Entre-temps, des malentendus ont pu être résolus et les deux côtés peuvent se concentrer sur le vrai sujet du débat.

Sur les réseaux sociaux, ce sont les partisans du non qui dominent pour le moment. Pas un article concernant de près ou de loin les questions d’immigration, de langue ou de souveraineté nationale n’est partagé sans qu’ils ne prennent position pour leur cause. Ce ne sont pas forcément les plus politisés qui s’engagent contre l’élargissement du droit de vote, au contraire : on pourrait avoir l’impression qu’être contre est une position très populaire en ce moment.

Du côté du oui, on passe son temps à démonter les thèses et arguments des soutiens au non. Beaucoup de blogueurs s’impliquent dans la promotion du oui, font du « fact checking » et dénoncent les théories des adeptes du non qui circulent sur le net. Le problème est que, chez les défenseurs de l’élargissement du droit de vote, on reste souvent entre pairs : rares – mais pas inexistants – sont ceux qui s’aventurent par exemple sur les pages Facebook de l’adversaire et qui cherchent la discussion directe. À noter cependant que, dans bien des cas, les débats, s’ils sont menés, restent relativement polis et sont souvent exempts de coups bas.

Les indécis feront la différence

Selon le dernier Politmonitor publié par TNS-Ilres et RTL, seuls 44 pour cent des Luxembourgeois seraient maintenant pour l’élargissement du droit de vote aux résidents étrangers, 48 pour cent seraient contre – et huit pour cent resteraient indécis. Ce sont probablement ces huit pour cent qui feront la différence – une raison de plus de chercher le débat direct et d’aller à la rencontre des indécis.

Beaucoup moins présentes que celle du droit de vote des étrangers sont les questions concernant le droit de vote à partir de 16 ans et la limitation des mandats. Pour ce qui est de la limitation des mandats, cela peut s’expliquer par le fait que, selon les sondages, elle rassemble une majorité confortable derrière elle. En ce qui concerne le droit de vote à partir de 16 ans, c’est le contraire : une écrasante majorité (67 pour cent selon le dernier Politmonitor) le rejette. À croire que le camp gouvernemental l’a abandonné faute de soutien, pour mieux pouvoir se concentrer sur la question du droit de vote des étrangers, jugée plus cruciale.

Nombreuses sont les voix qui craignent que le non à la question du droit de vote des étrangers l’emporte et que le climat social au Luxembourg s’envenime. Ce n’est peut-être pas faux. Néanmoins, si la question a le potentiel de dévoiler au grand jour des tensions sociétales, c’est bien qu’elles existaient avant, ces tensions. Heureusement qu’on en parle enfin, pourrait-on dire. Face à elles, que faire alors ? Aller à la rencontre des gens, argumenter, discuter et désamorcer. Quel que soit le résultat final du référendum.


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