ALLEN WODDY: Sans prétention

Woody Allen présente son nouveau film „Hollywood Ending“ hors-compétition à Cannes. L’Utopia en profite pour montrer tout de même encore son long-métrage précédent, „The Curse of the Jade Scorpion“.

Séducteur improbable, Woody Allen sait s’entourer de belles femmes dans „The Curse of the Jade Scorpion“.

(gk) – Woody Allen fait un film par an. Un rythme effréné dans l’industrie du cinéma d’aujourd’hui s’investissant dans de plus en plus de post-productions interminables. Un rythme visiblement ingérable pour les propriétaires de salles obscures luxembourgeoises, puisque après „Sweet and Lowdown“ (1999), „The Curse of the Jade Scorpion“ sort lui aussi, juste avant que le New-Yorkais ne présente son dernier projet bouclé. Ce qui sera „Hollywood Ending“, en ouverture du prochain „Festival de Cannes“. A 67 ans, cela lui fera 31 long-métrages réalisés pour le cinéma.

Si Woody Allen fait preuve d’une créativité qui semble intarissable et d’un talent de raconteur d’histoires qui cherche son pareil, il démontre aussi qu’on ne peut pas faire un grand film à tous les coups. S’il y est parvenu sans grandes fautes depuis „Annie Hall“ (1977) jusqu’au bout des années 80, les années 90 ne lui réussissent plus tellement. Et les „petits Allen“ comme „Shadows and Fog“ (1992), „Everyone Says I Love You“ (1996), ou encore „Celebrity“ (1998) ont terni un peu l’image de génial créateur de la post-modernité cinématographique dont jouit Allan Konigsberg.

„The Curse of the Jade Scorpion“ n’y changera rien, au contraire. D’un autre côté, ce film ne prétend tellement pas être autre chose que la réalisation d’une histoire simple et légère, que cela en devient presque touchant.

Utilisés par un hypnotiseur professionnel pour voler des bijoux, un détective d’assurance et sa supérieure hiérarchique – qui se détestent trop pour ne pas s’aimer malgré tout – enquêtent sur des vols qu’ils ont commis eux-mêmes, sans le savoir. A côté d’une enquête policière montrant Woody Allen en C.W. Briggs incrédule et de plus en plus paranoïaque face aux indices qui s’amoncellent contre sa personne, l’auteur introduit la thématique du sexisme au travail, rendue plutôt caricaturale par la transposition de l’intrigue en l’année 1940.

Et il en profite, encore une fois, sur ses vieux jours, pour s’entourer de belles femmes: Elizabeth Berkeley en jolie jeune secrétaire, qui court lui chercher ses déjeuners, Charlize Theron en vamp décolorée, qui le trouve incroyablement irrésistible – ah, la magie du cinéma – et Helen Hunt en femme au travail soucieuse de s’imposer dans ce monde d’hommes, bien qu’elle ne semble avoir eu ce poste que parce qu’elle a une affaire mouvementée avec le patron d’assurance, marié évidemment.

A l’intérieur des bureaux de l’assurance déambulent ainsi des personnages principaux incapables de s’avouer leurs propres sentiments. Mais on est loin de l’analyse complexe d’un „Husbands and Wives“ (1992) dans ce film refusant, de bout en bout, de se prendre au sérieux.

Ce qui donne tout de même lieu aux dialogues comiques les plus réussis de Woody Allen depuis bien longtemps. Ainsi, les petits „one-liners“ se basant principalement sur des double-sens linguistiques autour du sexe, dont Allen abuse presque dans „The Curse of the Jade Scorpion“, font souvent mouche.

En contre-partie, Allen donne à Helen Hunt des répliques par lesquelles il s’amuse à s’insulter lui-même, ou du moins son personnage de névrosé vaguement autobiographique. Ce que le cinéaste né à Brooklyn est sans doute le seul à s’infliger à chaque rôle qu’il choisit d’interpréter.

Mention spéciale encore pour les beaux décors et le choix des costumes très judicieux en matière de caractérisation des personnages : voyez Helen Hunt, serrée dans des tailleurs stricts, et propriétaire d’un appartement aux papiers peints joliment fleuris; et Woody Allen, enfilant un imperméable façon „Bogie“, et se retirant, le soir venu, dans une chambre minable, encombrée de meubles vétustes.

Tout cela fait de „The Curse of the Jade Scorpion“ un divertissement léger, parfois trop dialogué, mais provocant des rires qui, s’ils sont sans grande profondeur, viennent néanmoins du c´ur.

A l’Utopia


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