INSTALLATIONS: Le dernier shoot

Pour celles et ceux qui se sont aventurés dans les galeries et expositions luxembourgeoises ces cinq dernières années, le pseudonyme de « The Plug », n’est plus vraiment une nouveauté. Au contraire, il s’agit d’un des artistes du cru les plus poussés depuis 2007 – et sa première exposition au Luxembourg dans le cadre de « Roundabout » dans une des toujours regrettées Rotondes. En tant que visiteur, on se demandait tout de même pourquoi la critique faisait tant de hype autour de cette personne ? Le chouchoutait-on pour sa posture rebelle, provocatrice mais pas trop tout de même, qui reflétait si bien le désir – peut-être inconscient – des critiques eux-mêmes de se révolter ? Ou est-ce son esthétique, toujours très marquée par le Street Art, qui donnait l’impression aux consommateurs d’avoir devant eux quelque chose de plus authentique que d’autres artistes ?

Toujours est-il que depuis ses débuts, « The Plug » a parcouru un bonhomme de chemin, dont sa récente exposition « I Am All Tomorrow’s Broken Hearts » à la galerie Nosbaum&Reding n’est qu’une étape – puisqu’elle sera aussi visible à Liège en 2013. Cette fois, c’est le monde, ou plutôt l’enfer, de la toxicomanie qui est au centre du travail de David Brognon. Et oui, autre première, l’artiste tombe le masque et se présente sous son vrai nom sans toutefois délaisser directement son pseudonyme qui l’a rendu célèbre. Et tout ce qu’on peut dire, c’est que même si elle n’est pas vraiment empathique, son exposition est esthétiquement et éthiquement très réussie. Parlant de toxicomanie et de toxicomanes, on aurait pu s’attendre aussi à des débauches de voyeurisme, ce qui n’est définitivement pas le cas.

La mort, en tant que dernière, voire première, évidence de toute dépendance, est abordée de face avec « Totentanz (Golden Shoot) », des photographies tirées d’une vidéo, montrant les pieds d’un danseur dans du sable doré, le tout sur fond musical du « Totentanz » de Franz Liszt. Une façon d’évoquer la fête permanente promise par le monde de la drogue, qui se déroule toujours sur un fond de faux glamour et d’omniprésence de la mort. La vie est montrée à travers « Fate Will Tear Us Apart », où l’artiste a transposé les lignes de vie dans les paumes de mains de toxicomanes dans des sculptures néon. Une façon de sublimer l’existence de ceux qui normalement vivent exclus de notre société et de leur donner une sorte d’immortalité dans l’art. Les autres sculptures qui font partie de l’expo ne sont pourtant pas extraordinaires et leur symbolisme, même si efficace, ?a un goût un peu fade par rapport au reste de l’exposition.

En tout, une exposition sur fond social, engagée et même dans un certain sens politique. Et en grande partie, belle à voir.

A la galerie Nosbaum&Reding, jusqu’au 22 septembre.


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