SPEZIAL CHARLIE HEBDO

(© Olivier Ortelpa/wikimedia)

Chers lecteurs, chères lectrices,
Les attentats de la semaine passée nous avaient pris au dépourvu, comme beaucoup de gens. Sous le choc, il nous était difficile de réagir et d’exprimer ce que chacun ressentait dans ces moments. C’est ce que nous tentons de faire cette semaine, en donnant à chaque membre de la rédaction l’occasion et l’espace pour revenir à sa manière sur ce qui s’est passé. Une mise en pratique de la liberté de penser – notre façon de reprendre le flambeau de Charlie Hebdo.

Liebe LeserInnen,
Auch uns haben die Attentate der vergangenen Woche kalt erwischt. Schwierig bis unmöglich war es, noch unter den Eindrücken der Ereignisse und dem Zeitdruck das auszudrücken, was jedeR Einzelne von uns in dem Moment dachte und fühlte. Deshalb holen wir das diese Woche nach: Auf diesen Seiten versuchen sieben von uns, auf ihre Art und Weise, auf das Geschehene einzugehen. Gelebte Meinungsfreiheit und -vielfalt sozusagen, und unsere Art, die Fackel von Charlie Hebdo hochzuhalten.

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Ces gauchistes qui n’aiment pas la liberté de la presse

Luc Caregari

S’il y a quelque chose qui m’a vraiment donné envie de râler cette semaine – mis à part le lâche assassinat d’artistes et de journalistes qui m’ont influencé depuis mon adolescence -, ce sont les interjections de certaines personnes se revendiquant de gauche et qui pourtant tiennent un discours proche de ces musulmans – minoritaires – qui aujourd’hui disent : « Je condamne ces meurtres, mais ils ont insulté le Prophète, donc ils l’ont cherché. » Je veux parler de celles et de ceux qui taxent Charlie Hebdo de racisme et de xénophobie en réclamant un traitement « plus respectueux » des thèmes qui pourraient offenser les minorités ethniques ou religieuses. C’est d’autant plus dégueulasse que ces personnes ne semblent pas se soucier du fait que tous les membres de la rédaction de Charlie étaient profondément engagés pour l’antiracisme et que leurs dessins souvent illustraient cette cause. Devrait-on dessiner un djihadiste de façon à ce qu’il ne ressemble plus à un Arabe pour satisfaire les demandes du « politiquement correct » ? C’est aussi ignoble qu’absurde. Ne devrait-on plus caricaturer un rabbin, sous prétexte que ce serait antisémite ? Même combat. Ce que ces gens ne comprennent pas, ce sont les nécessités mêmes d’une caricature : on joue avec des lieux communs, on les hypertrophie jusqu’à l’extrême, jusqu’à ce qu’on ait une image qui fasse rire – justement parce qu’elle est bête et méchante. Certes, il ne faut pas condamner les gens qui n’aiment pas cette sorte d’humour (même si, personnellement, les éditos de Philippe Val m’ont plus dégoûté que les dessins les plus acerbes et limites de Charb). Pourtant, faire entendre que Charlie aurait été – ou, heureusement, serait – raciste et que la façon qu’avaient Cabu, Tignous, Wolinski, Charb ou encore Honoré de dessiner était inappropriée est tout simplement ignoble et fait – à mon humble avis – le jeu de ceux qui les ont massacrés. Car voilà, l’autocensure, que tous les journalistes connaissent, a fait des ravages depuis des décennies dans la façon dont nous nous exprimons, et donc aussi dans la façon dont nous nous représentons le monde. Et Charlie ne s’est jamais plié à ce jeu, prenant les risques qu’on connaît, même celui d’écrire ou de dessiner des conneries. C’est parce qu’ils étaient là chaque semaine à tester les limites de la liberté d’expression qu’elle existe toujours. A nous donc de reprendre le flambeau. Car, honnêtement, je ne veux pas vivre dans un monde où l’on condamne la prise de parole, même au nom des meilleures intentions dont l’enfer, on le sait, est pavé. C’est donc avec regret que je constate que, encore une fois, le grand Desproges avait raison : « On peut rire de tout. Mais pas avec tout le monde. »

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Je n’étais pas Charlie, mais

Raymond Klein

Oui, j’avoue : je n’ai jamais été fan. Non pas que je trouve choquant leur acharnement contre les tabous, mais plutôt à cause de certains choix politiques. Et surtout – suite de l’aveu – je manque d’humour, ou du moins de persévérance dans l’humour. Il m’arrivait de feuilleter le magazine, les dessins me faisaient rire, mais je n’accrochais pas. Néanmoins, comme ceux de Charlie, je suis un farouche défenseur du droit de dire à peu près tout… et n’importe quoi. Et quand le dessinateur Luz évoque le rassemblement du 7 janvier, où l’on a chanté la Marseillaise, et commente « On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabu, Honoré, Wolinski : ils auraient conchié ce genre d‘attitude », l’anar que je suis se retrouve Charlie malgré lui.
L’important est ailleurs. Il ne suffit pas d’exprimer sa compassion pour les victimes des deux attentats de Paris et leurs familles et proches. Il faut tracer une ligne très claire entre le débat – violent parfois – et la violence meurtrière. Cela vaut en premier lieu pour ceux et celles – musulmans ou non – qui ont hésité, voire refusé de se clamer Charlie, parce que le magazine heurtait leurs convictions religieuses ou politiques. Mais aussi pour ceux et celles qui, se croyant l’incarnation même de la liberté d’expression, passent un peu vite sur les nombreuses atteintes violentes à cette liberté qu’ils ont laissées passer, voire cautionnées. Après ce qui s’est passé, ne pas tracer cette ligne de manière claire et nette c’est accepter le droit de veto de l’assassin, comme l’appelle l’intellectuel britannique Timothy Garton Ash.
En traçant cette frontière, nous en brisons une autre : celle que certains esquissent entre un Occident des Lumières et un islam obscurantiste. La liberté d’expression est-elle vraiment traitée comme une valeur fondamentale en Occident ? Déjà, la relaxe de Charlie lors du procès des fameuses caricatures danoises était loin de faire l’unanimité. Mais qu’en est-il de cet autre procès historique, renforçant en 1969 le principe de la liberté d’expression outre-Atlantique, dans lequel un membre du Ku Klux Klan avait gagné le droit de tenir des discours racistes ? Et que penser de la loi française contre l’« apologie du terrorisme » appliquée ces jours-ci contre l’humoriste Dieudonné et demain – qui sait ? – contre ceux qui mettent le terrorisme en rapport avec les interventions armées occidentales ? Certes, on a le droit de croire que ces restrictions sont nécessaires pour la bonne cause, mais il est alors difficile de s’ériger en champion de la liberté d’expression.
Cela dit, porter un regard critique sur les rapports entre islam et droits fondamentaux est d’actualité. Le débat sur la représentation de Mahomet est depuis 25 ans noyé dans la connerie dogmatique et le sang – difficile pour cette religion-là de réclamer qu’on la respecte. En face cependant, il ne faut pas faire l’impasse sur le sentiment d’injustice et d’inégalité de traitement qu’éprouvent de nombreux musulmans, et au contraire montrer que le combat pour la liberté et celui pour la justice peuvent se rejoindre.
Le monde est compliqué. Ça peut donner envie de le simplifier. Ne manions pas nos crayons comme des kalachnikovs.

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Cui bono ?

Richard Graf

A qui cela peut-il bien profiter ? Le mauvais pressentiment était déjà présent lors des attentats du 11 Septembre : tout juste après avoir appris les faits, l’envergure de l’horreur et surtout l’identité et les mobiles des auteurs des actes, la question des (mauvaises) répercussions d’un tel acte venait à l’esprit. Dans l’Amérique de George W. Bush, il n’avait pas fallu pas attendre longtemps pour que les pires craintes ne deviennent réalités. Tant au niveau interne, avec le Patriot Act, qu’au niveau international avec la déstabilisation de toute une région, la « guerre contre le terrorisme » a amplifié le problème plutôt qu’elle ne l’a résolu. Mais les Twin Towers ne sont pas Charlie Hebdo, et la France est bien différente des Etats-Unis, pourrait-on objecter. Effectivement, les propos des personnalités politiques et la façon dont la plupart des médias ont traité les attaques contre Charlie Hebdo et contre l’hyper casher laissent espérer que, cette fois-ci, la surenchère sera évitée. Les multiples appels à la tolérance, notamment envers la communauté musulmane, constitueraient en ce sens un « échec » de l’action terroriste de la semaine passée : si l’objectif était, par des actes barbares, d’augmenter la haine et l’isolation des musulmans (en France, dans le cas présent) pour les envoyer petit à petit dans les bras des islamistes, il ne semble pas – cette fois-ci du moins – se réaliser. Mais les effets de la grande manifestation de dimanche dernier vont lentement s’effriter, et elle va être suivie par des actes qui risquent de ne pas être à la hauteur des bonnes paroles prononcées. Il ne s’agit pas de mettre en cause le besoin d’une certaine vigilance, de la mise en place de moyens suffisants de protection (mais, espérons-le, aussi de prévention). Cependant, l’usage du mot « guerre » à tort et à travers dans ce contexte risque d’envenimer le climat, dans le sens où ce serait une situation extraordinaire qui permettrait – comme en temps de véritable guerre – de limiter un certain nombre de libertés pour garantir plus de sécurité. Un mini-« Patriot Act », pour ainsi dire. Même s’il est vrai que le djihadisme est un phénomène international qui mérite une réponse commune, il ne faut pas oublier que les actions à mener se situent dans des contextes sociaux très spécifiques, ayant largement profité des failles et des erreurs commises au cours des dernières décennies. Si la France et les autres pays ciblés par le terrorisme djihadiste limitaient leurs efforts au seul plan international sans revoir leur copie de politique interne, les succès ainsi obtenus pourraient se voir dépassés par des défaillances servant directement ceux qu’ils voulaient combattre.

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„Nous n’étions pas Charlie“

Danièle Weber

„Je suis Charlie“ ist ein Satz, der mir nicht so leicht über die Lippen geht. Nicht, weil mir Charlie Hebdo nicht gefällt, ich habe das Blatt sogar sehr gern gelesen. Auch nicht, weil ich meine Solidarität nicht kundtun will. Im Gegenteil, und hier liegt das Problem: Ich wäre so gerne rückwirkend, mit übermenschlichem Einsatz und grenzenloser Phantasie so solidarisch wie nur möglich. Doch es ist zu spät und es nutzt wenig, zu diesem Zeitpunkt, persönliche Befindlichkeiten breitzutreten.
Tatsache ist, dass, bis vor wenigen Tagen, so gut wie niemand Charlie war. Man habe sich oft ganz schön alleine gefühlt, stellten mehrere Redaktionsmitglieder des Magazins jetzt in Interviews klar. Nicht erst seit dem Brandanschlag von 2011 lebt das kleine Team mit der ständigen massiven Bedrohung. Das hat in den wenigsten Redaktionen, ob in der woxx oder in anderen Blättern, die sich einem kritischen Journalismus verschrieben haben, zu großen Diskussionen geführt. Leider.
Stattdessen wird jetzt, kurz nachdem 17 Menschen ermordet worden sind, sehr viel über Meinungsfreiheit diskutiert. Dagegen ist prinzipiell nichts einzuwenden. Doch wer diese Debatte im Zusammenhang mit dem Attentat auf Charlie Hebdo führt, gibt den Mördern indirekt Recht. Das Recht, auf etwas zu reagieren, was sie angeblich angegriffen hat. Als könne man in einem solch terroristischen Wahn doch noch einen rationalen Kern entdecken.
Die Morde von Paris haben nichts mit dem Islam zu tun, wird gebetsmühlenartig betont. Wieso aber können es sich dann manche geistliche Führer der Muslime nicht verkneifen, sich gerade jetzt über notwendige Grenzen der Meinungsfreiheit zu äußern? Auch für sie scheint demnach nicht restlos aufgeklärt zu sein, ob nicht doch im Namen Allahs getötet wurde.
Wer verletzten religiösen Gefühlen tatsächlich ein gewisses Gewaltpotenzial zugesteht, kommt nicht umhin, den kausalen Zusammenhang in der Religion selbst zu suchen. In Luxemburg möchte sich jedoch nun ein Imam mit anderen Geistlichen zusammentun, um in einer Charta die Grenzen der Meinungsfreiheit niederzuschreiben. Eine ungeheure Schlussfolgerung aus den Ereignissen in Paris.
Wie aber kann eine wahre Solidarität jenseits dieser Diskussionen aussehen? Nicht jeder muss/soll Karikaturen veröffentlichen, die ihm nicht gefallen oder seiner editorialen Linie nicht entsprechen. Doch in Zeiten, in denen Journalisten deswegen bedroht oder umgebracht werden, weil sie einen angebeteten Propheten abbilden oder sich über einige seiner wahnsinnigen Anhänger lustig machen, in solchen Zeiten müssen alle, denen es ernst ist mit der Meinungsfreiheit, nach Wegen suchen, sich solidarisch zeigen. Und zwar bedingungslos. Ohne religiöse Gefühle zum Maßstab zu machen oder die Frage zu stellen, ob man nun Gefallen daran findet, Mohammed als Strichmännchen zu betrachten.
Meinungsfreiheit ist keine Frage des guten Geschmacks.
Paris und die folgenden Diskussionen haben verdeutlicht, was die echten Charlies die letzten Jahre tagtäglich erleben mussten: Wir müssen darum kämpfen, viel härter als zuvor.

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Qui est Chaim?

Thorsten Fuchshuber

Viele Kommentatoren des Attentats auf die Redaktion von Charlie Hebdo waren damit beschäftigt, vor einer nun befürchteten „Islamophobie“ zu warnen, als die Nachricht von der Geiselnahme in einem Markt für koschere Waren über den Ticker ging. So berechtigt die Sorge gewesen sein mag, die Rechte werde das Geschehene als Vorwand für antimuslimische Übergriffe instrumentalisieren, so irritierend war die über Tage aufrechterhaltene Ignoranz eines Teils der Öffentlichkeit angesichts der Tatsache, dass es wieder einmal Juden waren, die ermordet wurden.
Dabei war es nicht erst die Hinrichtung von Yoav Hattab, Phillipe Braham, Yohan Cohen und Francois-Michel Saada im „Hyper Cacher“, die einen antisemitischen Charakter trug. Bereits das Massaker an den Charlie Hebdo-Autoren schrieb sich in diesen Kontext ein. Der Vorwurf der „Wühlerei“ ist historisch eines der zentralen antisemitischen Phantasmen, wonach die Juden hinterlistig und mit vielfältigen Methoden die bestehende Ordnung untergrüben, ein vermeintlich sicheres gesellschaftliches Gefüge zum Einsturz brächten, sowie das Heiligste der Menschen zu beschmutzen drohten. Und was ist Satire anderes als die polemische Erschütterung vermeintlicher Tatsachen, einfacher Wahrheiten, eingeschliffener Denkformen?
Doch vom antisemitischen Charakter der Anschläge auf die Journalisten will man heute so wenig wissen wie schon beim Angriff auf das World Trade Center in New York. Das macht es auch leichter, die gängige Behauptung aufrechtzuerhalten, wonach „Islamophobie“ und Antisemitismus heute strukturell dasselbe seien. Doch Antisemitismus stellt heute wie gestern ein umfassendes Wahnsystem dar und erlaubt, alles an der gesellschaftlichen Entwicklung als schädlich oder negativ empfundene als von den Juden ins Werk gesetzt zu deklarieren. Die Muslimfeindlichkeit von FN und Co. entpuppt sich hingegen bei näherer Betrachtung als ganz ordinäre – deshalb nicht weniger menschenverachtende – „Ausländer“-Feindlichkeit, die sich aufs Beste mit einer von denselben Gruppierungen gehegten Islamophilie verträgt. Diese Islamophilie drückt sich in der Bewunderung für all jene autoritären und zivilisationsfeindlichen gesellschaftlichen Formen aus, die unter Berufung auf „den Islam“ derzeit zu beobachten sind.
Vonnöten wäre daher eine Islamkritik, die als Ideologiekritik zugleich den gesellschaftlich produzierten Zusammenhang der Zivilisationsfeindlichkeit der Rechten wie der Islamisten zur Kenntnis bringt. Dabei wäre „der Islam“ als ein von Menschen geschaffenes, geschichtlichen Entwicklungen unterworfenes gesellschaftliches Phänomen zu begreifen und zu kritisieren. Solche Kritik wäre nur eine von vielen nötigen Formen der Solidarität mit all jenen, welche die EU auf der Flucht vor autoritären islamischen Regimes und Banden auf dem Mittelmeer jämmerlich verrecken lässt.
Vonnöten wäre weiterhin, alle Versuche zu denunzieren, mit dem „Vergleich“ von Antisemitismus und Muslimfeindlichkeit die Zentralität der antijüdischen Vernichtungsdrohung im islamistischen Weltbild zu negieren. Doch die vergangene Woche hat drastisch gezeigt: Das Schicksal der Juden in Europa gilt heute wie gestern als négligeable. So werden sich nun auch wieder zahlreiche Juden Frankreichs aus Mangel an gesellschaftlicher Solidarität zur Auswanderung nach Israel gezwungen fühlen. Das freut die Judenhasser aller Couleur: Die Geflohenen kann man ohne alle Rücksicht, in der gesellschaftlich akzeptierten Form des Antisemitismus – nämlich „antizionistisch“ – dämonisieren.

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Valeurs de la République, vous disiez ?

David Angel

Avant la grande manifestation de dimanche dernier à Metz, la crispation était palpable chez beaucoup de participants : y aura-t-il des représentants du FN ? des drapeaux français en masse ? des Marseillaises, des appels à la guerre, à la haine ? ce 11 janvier marquera-t-il le début d’un nouveau chapitre dans la « guerre contre le terrorisme » ? « On est dans la merde », avait probablement été la phrase la plus entendue lors du rassemblement spontané de mercredi, suivie de près par « Pas d’amalgames maintenant ». On avait peur que ces effroyables attentats servent de prétexte à toujours plus de racisme antimusulman, à un durcissement du discours sécuritaire, qu’ils fassent grimper la cote de popularité de la droite dure, de Sarko, de Le Pen. Finalement, le petit Nicolas s’est ridiculisé devant le monde entier, Marine a boudé dans son coin, rares étaient les cris de guerre et vouée à l’échec toute tentative de récupération politique. Il était rassurant, d’une certaine façon, ce rassemblement de dimanche. C’était rassurant de voir que l’immense majorité des manifestants étaient là pour rendre hommage, pour se réconforter mutuellement, pour crier leur douleur et leur rage face à ces lâches assassinats, ensemble, en tant que citoyens, sans distinction d’origine ni de religion.
Et le lendemain ? La vie reprend son cours, tous retournent dans leur coin, et beaucoup de questions restent sans réponse. Car l’« unité nationale » pour les valeurs de la République proclamée le jour d’après ne doit pas occulter la réalité, aussi dure soit-elle. C’est la France qui a produit ces Kouachi et ces Coulibaly, et qui continue de les produire, tous les jours, dans ses banlieues, ses « quartiers chauds », ses prisons. « Comment vous voulez apprendre la justice avec l’injustice ? », demandait Amedy Coulibaly dans une vidéo qu’il avait tournée lui-même à l’intérieur de la prison de Fleury-Mérogis quand il y était détenu en 2008, destinée à briser le silence sur des conditions de détention inhumaines. Comment demander à des citoyens de deuxième classe, parqués dans des blocs d’immeubles délabrés dans des quartiers qui manquent de tout, de s’identifier aux valeurs de la République, quand cette même République bafoue ses propres valeurs tous les jours ? Comment demander à des jeunes pour qui l’égalité des chances n’est jamais plus qu’un mythe de s’identifier à cette France qui piétine leur fierté et leur intelligence quotidiennement ?
Le vrai combat pour les valeurs de la République devrait être le combat contre la misère, l’exclusion sociale, la précarité et le chômage, contre les contrôles racistes et les flics à la gâchette facile, pour l’éducation et l’égalité des chances.
« On ne s‘intègre pas dans le rejet, on ne s‘intègre pas dans les ghettos français, parqués », dit le rappeur Kery James dans sa « Lettre à la République » de 2012, avant de conclure : « Que personne ne s’étonne si demain ça finit par péter. »

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Wer ist nicht Charlie?

Anina Valle Thiele

Ich bin nicht Charlie. Die unmittelbare Empörung über den Terroranschlag verstehe ich gut. Das Bedürfnis kenne ich selbst, über Facebook sofort auf aktuelle Ereignisse zu reagieren und die eigentliche Machtlosigkeit hinwegzuliken. Eine relativ einfache Solidarität, die nichts kostet, außer eben einem Klick. Doch sind mir kollektive Massenprozesse der Selbstidentifikation zuwider, denn – mag auch ihr Beginn seine Berechtigung haben – ziemlich schnell erzeugen sie repressive Diskurse, die sich um angebliche Wahrheiten gruppieren. Eine von diesen lautet: Wer Charlie ist, tritt ein für Presse- und Meinungsfreiheit. Mit dabei sind fast alle, Linke, Liberale und (ganz) Rechte, nicht wenige jedenfalls, die vor allem das Recht hochhalten, ihre eigene Meinung öffentlich zu äußern. Spätestens als die Riege der Staatschefs sich plakativ zum Charlie-Solidaritätsmarsch vereinte, wurde es abenteuerlich. Welchem von diesen ist die Pressefreiheit in seinem Land so heilig, dass er sie nicht für den Schutz von „Staatsgeheimnissen“ bereitwillig einschränkt, und welcher insistiert bei Verhandlungen mit potenten oder strategischen Partnern im Ausland wirklich auf ihrer Wahrung im anderen Land, wenn es um ökonomische und politische Interessen geht? Noch ekliger als diese Heuchelei mögen die Überzeugungen der Feinde (Front National und Islamisten) sein, aber der Feind meines Feindes ist noch lange nicht mein Freund – auch wenn er nicht unmittelbar mordet.
Eine andere Scheingewissheit wird ebenfalls verbreitet: Die Terroranschläge, der radikale Islamismus haben nichts mit dem Islam als solchem zu tun. Steht auch hinter dieser Formel das redliche Motiv, Angriffe auf oder Diskriminierung von (vermeintlichen) Muslimen zu verhindern, so ist sie in dieser einfachen Form natürlich Unsinn. Die Kreuzritter haben nichts mit dem Christentum, Stalinisten nichts mit dem Marxismus zu tun – das mögen die jeweiligen AnhängerInnen glauben, falsch ist es trotzdem. Das bedeutet natürlich nicht, dass auch die Umkehrung gilt: jeder Christ ein Kreuzritter, jede Marxistin eine Stalinistin. Eine etwas genauere Überlegung, wie autoritäre, ideologische Denkschemata mit menschlichen Handlungen zusammenhängen, sollten gerade kritische Linke schon anstellen. Und dann ist da noch das Bekenntnis: „Satire darf alles.“ Ich glaube, der immer wieder mit diesem Satz zitierte Kurt Tucholsky würde ihn in dieser heute gebräuchlichen Form bedauern. Es geht nicht darum, dass es keine, auch verunglimpfenden, Mohammed-Karikaturen geben dürfe, oder überhaupt um die strafrechtliche Dimension. Doch neben dieser berechtigten Verteidigung der Freiheit steht auch die Frage, ob eine kluge und linke Satire (was leider nicht immer deckungsgleich ist) nicht auch anderen Kriterien zu genügen hat. Ich habe Charlie Hebdo – wie die meisten Satire-Zeitschriften – jedenfalls nie gern gelesen. Der allzu präsente Sexismus in diesen Männermagazinen war dabei ein Grund unter anderen. Unabhängig von Zulässigkeit sollte sich ein als „links“ verstehendes Blatt höhere Ansprüche stellen. Auch eine Zeichnung ist im vollen Sinne politisch und sollte einen emanzipativ durchdachten Kontext haben. Tucholsky kann nicht für alles herhalten. Eines macht die unreflektierte Solidaritätswelle um „Charlie“ jedenfalls deutlich: Von Opportunisten, die die Gunst der Stunde nutzen, um sich als Gutmenschen in die erste Reihe zu stellen, wimmelt es. Sie scheuen sich nicht einmal davor, ein so abscheuliches Attentat dafür zu instrumentalisieren. Vor ihnen hat man allen Grund, sich in Acht zu nehmen.

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Voir aussi / Siehe auch Charlie, défends-moi !


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