Accidents nucléaires : Stop ou encore ?

Cinq ans après la catastrophe de Fukushima, des révélations sur une panne à Fessenheim font froid dans le dos.

Fukuheim-sur-Mer ? Non, Fessenshima, en bordure du Grand Canal d’Alsace. (Wikimedia / Florival fr / CC-BY-SA-3.0)

Fukuheim-sur-Mer ? Non, Fessenshima, en bordure du Grand Canal d’Alsace. (Wikimedia / Florival fr / CC-BY-SA-3.0)

« Il faut fermer Cattenom », scandait-on au Luxembourg et en Allemagne la semaine dernière (woxx 1361). Cette semaine, c’est contre un autre réacteur qu’est dirigée la colère des antinucléaires : « Il faut fermer Fessenheim ! » Certes, la centrale alsacienne est située assez loin du grand-duché, mais c’est la seule chose qui puisse rassurer un peu les Luxembourgeois.

En effet, le 4 mars, deux médias allemands, la WDR et la « Süddeutsche Zeitung », ont révélé qu’en avril 2014 une panne inquiétante avait été occultée par EDF et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Un réservoir avait débordé, provoquant un court-circuit dans les systèmes de contrôle. L’alarme a été déclenchée, mais les mécanismes d’arrêt normaux ne fonctionnaient plus. C’est en injectant du bore dans l’eau de refroidissement qu’on a fini par arrêter la réaction en chaîne au sein du réacteur. Par la suite, EDF et l’ASN ont déclaré la panne comme incident de niveau 1 seulement – alors que le réacteur semble avoir été hors contrôle pendant près de deux heures.

Le réseau d’ONG « Sortir du nucléaire » considère que cette panne, et d’autres liées à des dégâts d’eau, constituent « un symptôme des multiples dysfonctionnements qui affectent la centrale ». Alors que, il y a cinq ans, s’amorçait la catastrophe de Fukushima, on peut se dire qu’heureusement la centrale de Fessenheim n’est pas exposée aux tsunamis. Mais, rappelons-le, elle est située en zone sismique et aux abords du Rhin. Or, les incidents révèlent que les installations sont vulnérables aux inondations – un des principaux facteurs aggravants du désastre japonais.

Est-ce à Fessenheim que pensait Pierre-Franck Chevet, le président de l’ASN, quand – hasard du calendrier – le 3 mars il déclarait à « Libération » qu’il fallait envisager « qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe » ? Pourtant, c’est sous sa responsabilité que l’incident de 2014 a été minimisé. Et l’ASN a récidivé dans sa réaction aux révélations allemandes : « Du point de vue de la sûreté nucléaire, il n’y a pas de raison de fermer la centrale de Fessenheim. » La centrale serait « tout à fait dans la moyenne de l’appréciation que l’ASN porte sur les centrales nucléaires françaises – c’est-à-dire que c’est globalement satisfaisant » (« Les Échos »).

Rhin à signaler !

Désormais, les estimations du coût provoqué par la catastrophe de Fukushima tournent autour de cent milliards d’euros, payés par les contribuables. En France, la responsabilité financière de l’exploitant est limitée à 91,5 millions d’euros et celle de l’État à 345 millions, selon Greenpeace. Sachant que Fessenheim est proche de Mulhouse et de Freiburg et qu’un accident grave peut contaminer la nappe phréatique du Rhin supérieur, voire affecter la vallée du Rhin de Strasbourg jusqu’à Rotterdam, on est loin du compte.

Or, aux dernières nouvelles, la centrale alsacienne devrait être fermée cette année encore. Peut-on être soulagé ? Oui, mais… EDF prévoit de prolonger la durée de vie de tout le reste du parc français – au diable la réduction de la part du nucléaire ! L’ASN n’en est pas à une complaisance près et François Hollande ne compte plus ses promesses électorales brisées : ça risque donc de se faire.

Piquet de commémoration Fukushima, organisé par le Lëtzebuerger Aktiounskomitee géint Atomkraaft, devant l’ambassade de Belgique, 4, rue des Girondins, Luxembourg, le vendredi 11 mars à 12h30.

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