Arcelormittal : Dudelange sur la sellette

Le calme de ces dernières années dans le dossier Arcelormittal était tout relatif : la semaine dernière, le géant de l’acier a mis le site de Dudelange sur une liste d’usines dont il veut se séparer pour continuer son expansion.

(©industrie.lu)

Étienne Schneider semble avoir changé d’avis depuis l’interview accordée au woxx en février 2013 (alors qu’il venait fraîchement de prendre la succession de Jeannot Krecké à la tête du ministère de l’Économie) : « Économiquement parlant, tous les actes de Mittal sont compréhensibles », rétorquait-il à la question de savoir pourquoi il refusait de montrer du doigt le magnat Lakshmi Mittal alors que ce dernier s’apprêtait à fermer les sites de Schifflange et de Rodange, cela même après qu’un audit fuité à l’époque les décrivait comme rentables.

Suite à l’annonce de la mise en danger du site d’Arcelormittal Dudelange – anciennement Galvalange SA, tombée dans l’escarcelle d’Arcelor en 2002 et renommée Arcelormittal Dudelange en 2007, produisant des pièces spécialisées pour l’industrie automobile, de l’électroménager et de la construction – Schneider a marqué sa désapprobation dans un communiqué de presse en annonçant qu’il interviendrait auprès de la direction du groupe, tout comme auprès de la Commission européenne « pour que le site de Dudelange reste la propriété du groupe ».

Et en effet, c’est la Commission européenne qui est à l’origine du problème en quelque sorte : Arcelormittal souhaitant racheter le groupe italien Ilva (au bord de la faillite, donc prêt à être repris – avec subventions si possible), le conseil de la concurrence de l’Union européenne a lié cette reprise à la condition que le groupe se sépare d’un certain nombre d’entités dans d’autres pays. Et comme le site de Dudelange ne produit pas les produits de qualité essentiels de Belval et Differdange – les palplanches et les porteurs Grey – il s’est retrouvé dans la ligne de mire.

Entre-temps, Schneider (avec son camarade socialiste et bourgmestre de Dudelange Dan Biancalana) a écrit des lettres aussi bien à la Commission qu’au candidat du CSV aux élections d’octobre Claude Wiseler pour leur rappeler qu’ils pouvaient peser dans cette situation. Avec un premier succès : la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager (qui pourtant ne porte pas le grand-duché dans son cœur) a répondu à Schneider, lui annonçant que la Commission n’acceptera la cession du site qu’à condition qu’une reprise viable par un autre groupe soit mise sur pied.

Une bonne occasion pour Schneider de se mettre en scène comme protecteur des ouvriers, à condition qu’il ne se remette pas à retrouver des excuses pour le comportement économique de Lakshmi Mittal…


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