Comprendre, changer, ensemble : Le Paris climatique

Pour quelques semaines, la capitale française a été un lieu propice à la réflexion et à l’échange sur le défi du réchauffement atmosphérique. Bilan d’une expérience hors des murs de la COP21.

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« Je sais parler du climat, mais pas de ce qu’il me fait. » – « Le Bureau of Linguistical Reality est là pour vous aider. » (Photos : Raymond Klein)

Le changement climatique, c’est crevant ! Tirer sur les deux câbles en fléchissant les bras, remonter le poids, le laisser redescendre… mes bras s’étendent vers le haut, puis je tire à nouveau… Comme dans une salle de musculation – mais pour moi, ça sert d’abord à alimenter en électricité les murs qui me protègent du chaud. Le cube blanc que j’habite est construit avec de vieux réfrigérateurs dont j’ai enlevé les portes. Je suis un des avenirs possibles de l’humanité, exposés à la Cité des sciences, porte de la Villette.

« We are unstoppable, another world is possible » – l’entendra-t-on au Bourget ?

Le surplus d’énergie me permet même de faire tourner une télé sur laquelle j’admire les images des bons petits plats d’autrefois – mon alimentation à moi est entièrement artificialisée. En ce 22e siècle, il ne faut rien gaspiller : le CO2 que j’expire, les matières fécales que je relâche, sont récupérés et traités par les Algommes qui, en échange, m’approvisionnent en oxygène. Moi, je préfère vivre seul. L’être humain est fait comme ça, chacun s’occupe de ses propres problèmes.

Installation malicieuse à la Cité des sciences, images choc à la Cité de l’histoire de l’immigration, du côté de Vincennes. L’exposition « Destins croisés – migrations, environnement et climat » (jusqu’au 17 janvier) combine cartes, panneaux explicatifs et photos grand format d’Alessandro Grassani. Conflits autour des meilleures terres au Kenya, vie des enfants bangladais perturbée par la montée des eaux, entassement de cadavres de moutons victimes d’un hiver particulièrement sévère en Mongolie – autant de raisons qui poussent les populations à échapper à des changements environnementaux qui seront de plus en plus fréquents. Image particulièrement émouvante, celle d’un homme marchant dans une plaine enneigée, tirant derrière lui un unique mouton mort, en route vers le cimetière. Et celle de l’intérieur d’une yourte, où un petit enfant serre dans ses bras un agneau – tous les deux impuissants face aux incertitudes de l’évolution climatique.

Paris qui expose, Paris qui bouge aussi. Samedi 12 décembre, alors que les négociations au Bourget sont encore en cours, plus de 10.000 manifestants se rassemblent avenue de la Grande Armée, à l’ouest de l’Arc de Triomphe. Ils et elles ne savent pas à quoi s’attendre. L’état d’urgence a toujours cours, la mobilisation n’a pas été autorisée, la police va-t-elle tenter de l’empêcher ? Au contraire, tout se passe très bien, dans une ambiance de fête. Ensuite, pour rejoindre l’autre rassemblement, les manifestants entament une marche improvisée de trois kilomètres par l’avenue de Malakoff. « We are unstoppable, another world is possible », entonne un groupe de jeunes. La police n’intervient pas, laisse à des bénévoles le soin de bloquer la circulation. Plusieurs dizaines de milliers de personnes se retrouvent au Champ-de-Mars vers 14 heures pour la seconde manif, officiellement autorisée (woxx 1350).

IMG_4450C’est l’indignation face aux conséquences injustes du changement climatique qui pousse les gens à se mobiliser. Malgré les réticences du gouvernement français, les organisateurs des rassemblements ont réussi à réunir des manifestants venus du monde entier. La société civile ne se contente pas d’attendre les résultats – toujours insuffisants – des conférences officielles. Plusieurs chaînes humaines entourent le Champ-de-Mars – cela impressionnera-t-il les négociateurs au Bourget ? Pas directement. Mais pour les militantes et militants présents, c’est la confirmation qu’ils ne sont pas seuls avec leurs doutes, leurs peurs et leurs colères, que d’autres personnes de tous les âges et de toutes les nationalités partagent un même combat.

Pathétique ? La fin de la manif est signalée par la diffusion, du haut de la tribune dressée devant l’École militaire, de musique. « Niquons la planète ! » Oui, c’est bien le refrain qu’on entend, et le texte est de la même verve : « Faisons l’amour à la terre, des tonnes de pétrole dans la mer, du CO2 dans l’atmosphère, et du phosphore dans nos rivières (…) Cinquante degrés en plein hiver, et tant pis pour l’ours polaire – un ours… à quoi ça sert !? »

Face aux évolutions lentes, deux artistes nous aident… à créer des mots nouveaux !

L’ours polaire est un des symboles les plus prisés de la mobilisation contre le réchauffement climatique. Au Bourget, Greenpeace avait installé un exemplaire géant bougeant la tête et émettant un râle – comme s’il n’était pas content du résultat des négociations. Pendant les manifs, des militants en costume d’ours faisaient la joie des photographes. Et sur le web, des photos d’ours faméliques ou « morts de faim » ont connu une diffusion virale. France 24 cite le réalisateur de documentaires Rémy Marion : « Tirer la sonnette d’alarme, c’est bien, mais il ne faut pas le faire à contretemps, ni raconter des âneries. » Les ours des photos en question ne seraient pas forcément victimes du changement climatique. D’ailleurs, les scientifiques auraient du mal à affirmer que les populations d’ours polaires seraient en baisse.

Ce qui n’a rien d’étonnant. Situés en haut de la pyramide alimentaire, les grands prédateurs bénéficient d’une mobilité géographique et de facultés d’adaptation considérables. L’ours polaire ne sera pas la première victime du changement climatique, sa valeur symbolique est plutôt à chercher du côté émotionnel – « mignon » – et abstrait – si la banquise arctique disparaît, il est effectivement menacé. On voit l’intérêt, au-delà des slogans et symboles mobilisateurs, d’autres ressources, telle l’exposition « Climat » à la Cité des sciences (jusqu’au 20 mars) : des interviews d’experts filmées, des bornes interactives et des panneaux explicatifs illustrés de photos et de dessins. Autre publication parmi les meilleures du genre, l’Atlas de la révolution climatique (hors-série de l’Humanité), où l’on apprend notamment que les arbres auront bien plus de mal à s’adapter au changement climatique que les grands mammifères. C’est eux, plutôt que les ours polaires, qui devraient s’inviter aux conférences internationales.

Comprendre les faits, c’est bien, mais comprendre ses propres émotions est également important. Or, si nous disposons de termes techniques pour décrire l’accumulation du CO2 et ses conséquences physiques et écologiques, nous sommes mal préparés à raisonner en termes globaux, à conceptualiser des évolutions lentes et à exprimer les sentiments que cela éveille en nous – les mots nous manquent. Voilà le point de départ du « Bureau of Linguistical Reality », un projet des artistes américaines Heidi Quante et Alicia Escott. Elles ont elles-mêmes vécu des expériences liées au changement climatique « sans avoir les mots pour décrire des émotions, idées ou situations » et découvert qu’elles n’étaient pas seules dans ce cas. Leur « Bureau » a donc comme mission d’aider les gens à créer des mots nouveaux, car « tant que nous n’aurons pas le langage pour décrire le monde qui change autour de nous, nous ne serons pas capable de le saisir ni de trouver les réponses à ce qui est en train de se produire ».

Le 6 décembre, Quante et Escott officiaient à la Gaîté lyrique, un centre d’art où se déroulait pendant deux semaines la « Conférence des parties créatives », allusion à la « Conference of parties » au Bourget. Les deux jeunes femmes, vêtues d’un uniforme kaki sombre, cheveux relevés en chignon, sont un peu intimidantes. Mais elles expliquent bienveillamment les mots qu’on peut lire sur les grandes pancartes disposées sur une étagère faisant fonction de mur arrière de leur bureau. « ‘Gwilt’ est un des mots issus de nos sessions en Californie », commente Alicia Escott. Le nouveau terme est une combinaison de « guilt », culpabilité et de « wilt », se flétrir. « Cela renvoie à l’expérience d’une personne qui, après quatre ans de sécheresse historique, hésitait entre continuer à arroser ses plantes vertes – et à gaspiller l’eau – et les laisser se faner. » Autre mot relevant à la fois de l’expérience quotidienne et de la réflexion profonde : « Shadowtime ». Quand dans nos vies régies par le court terme nous nous rendons compte que des événements autrement importants se déroulent lentement en parallèle. « On pense soudain à la disparition accélérée des glaciers et on se demande : à quoi bon le travail que je suis en train de faire ? » C’est la conscience d’une autre échelle de temps qui nous accompagne et qui nous inquiète.

Parler du changement climatique autrement, c’était aussi l’ambition affichée du projet « PlaceToB », sorte de quartier général accueillant près d’un millier de « story-tellers » : des militants, blogueurs, artistes et journalistes venus du monde entier. L’initiatrice, Anne-Sophie Novel, en avait assez de se heurter à des propos tels que « On ne parle pas du climat parce que les gens ne veulent pas l’entendre ». Pour la journaliste et blogueuse, il faut échapper aux rôles prédéfinis du scientifique au langage compliqué et du militant au poing levé. À PlaceToB, il s’agissait de trouver de nouvelles formes pour communiquer les informations importantes et les solutions envisageables.

PlaceToB : l’endroit idéal pour s’informer des idées qui circulent au sein de la société civile.

Pour cela, l’auberge St Christopher’s Inn et le pub attenant Belushi’s à la Gare du Nord ont été réservés pendant deux semaines à des activités de ce type. 900 personnes y ont logé, 300 invités y sont passés, 15.000 visiteurs ont été accueillis. Si une partie des « résidents », comme votre serviteur, avaient leur propre agenda, on pouvait très bien occuper ses journées rien qu’avec la programmation de PlaceToB, entre le petit-déjeuner avec annonce des activités, les ateliers de la « Creative Factory », l’émission radio avec Stéphane Paoli à 13 heures et les projections de film ou « Open Stage » du soir.

W1352Et, bien sûr le point culminant de la journée, le « Place to Brief », une sorte d’émission diffusée en « livestream » avec de prestigieux intervenants extérieurs. C’est l’endroit idéal pour s’informer des idées qui circulent au sein de la société civile, pour prendre la température : fraîche au lendemain des élections régionales (woxx 1349), brûlante la veille de la négociation finale et des grands rassemblements. Les débats auxquels on assiste permettent de cerner les multiples facettes du défi climatique. Ainsi, lors du briefing consacré à « Be immersed », Antidia Citores des « Surfriders », militante pour la défense des océans, a discuté avec Francis Vallat, du très commercial « Cluster maritime ».

Bien entendu, les débats reflètent la grande diversité des priorités des militants. Ainsi, alors que les uns s’inquiètent de l’acidification des océans ou misent sur de nouveaux standards environnementaux, d’autres insistent sur le mégot de cigarette jeté qui finira dans la mer et qu’on n’éduque plus nos enfants. Et que faire quand, au cœur même de l’alternative, à PlaceToB, les gens font mal le tri des déchets ? Plonger le bras dans les sacs poubelles afin de remettre à leur place quelques bouts d’emballage égarés du côté organique ? Ou proposer de munir les sacs de panneaux indicatifs ? Au Bourget, où il y avait de tels panneaux, le tri n’était pas vraiment parfait non plus, j’ai vérifié.

Dans cette discordance entre le « chacun fait sa part et hop » et ceux qui ne raisonnent qu’en termes abstraits et dénoncent la « corporatocracy » qui nous gouverne, il me manquait un peu la démarche intermédiaire : affirmer qu’en attaquant le changement ensemble, on est bien plus fort. Il m’avait pourtant semblé que cette idée, mise en pratique notamment par le mouvement de la transition, constitue le b. a.-ba des nouveaux mouvements contestataires.

Creative Factory : « Au fil des jours, nous avons repoussé les limites de notre pensée. »

Pour retrouver ce type de démarche collective, peut-être faut-il se tourner du côté des ateliers, auxquels je n’ai pas pu participer par manque de temps. Eve Demange, écrivaine, a trouvé très enrichissantes les sessions « Balm of Nature ». « Au fil des jours, nous avons repoussé les limites de notre pensée », raconte-t-elle sur le blog de PlaceToB. « Nous avons fait parler les plantes dans les rues de Paris, nous en avons même planté. Nous avons créé un nouveau langage, fouillé de nouveaux concepts. Nous sommes passés de bee keepers à planet keepers, puis à human keepers. » Et, en se rappelant la formidable énergie qu’elle a ressentie lors du travail en commun, elle demande : « Pourquoi ces expériences de partage créatifs si inspirants autour de l’avenir n’ont-elles pas lieu plus souvent ? »

Exotique, cette façon de voir les choses ? Pourtant, pendant la COP21, au hasard d’un trajet de métro dans Paris, on finissait par tomber sur… Genesis – des tirages en très grand format de Sebastião Salgado. La RATP – y a-t-il plus mainstream ? – les avait sans doute choisis pour leur valeur esthétique. Pourtant, ces photos prises en des endroits où la nature n’a pas encore été perturbée par l’intervention de l’homme moderne, ont un potentiel de subversion considérable. Face au désastre du changement climatique, pouvons-nous nous contenter de corriger légèrement le tir en ce qui concerne nos modes de vie et de production ? Ou bien faut-il reconsidérer notre manière d’interagir avec la nature, et d’interagir entre humains ?

« Nous n’allons pas sauver la planète en étant juste un peu plus malins dans l’exploitation des ressources naturelles. » De passage à PlaceToB le 11 décembre, le penseur américain Charles Eisenstein avait développé ses idées, qui vont bien plus loin qu’un ajustement technologique, plus loin même que le « changez le système » réclamé par de nombreux militants (voir aussi l’interview avec lui „Eine neue, große Erzählung“ dans le woxx 1232). Les idées-forces de son intervention se retrouvent dans son post sur Facebook le même jour : « En basant nos politiques sur une arithmétique globale », nous risquerions la manipulation par les partis intéressés, mais surtout, nous dénions toute valeur à ce que nous ne mesurons pas. Eisenstein réclame « une révolution de l’amour », qui nous amènerait à considérer la planète et tous ses êtres avec respect. Alors, comprenant que ce que nous infligeons à une partie de la nature, nous l’infligeons à nous-mêmes, nous éviterions de choisir des solutions qui risquent d’être pires que les problèmes que nous combattons.

La nouvelle génération de militants préfigure une nouvelle manière d’aborder les défis planétaires.

Oui, Charles Eisenstein, tu es un grand rêveur. « But you’re not the only one » – ce n’est pas par hasard que la chanson « Imagine » de John Lennon passait souvent à PlaceToB. La sensation de ces gens travaillant ensemble ou côte à côte aux mêmes projets, le sentiment d’avoir vécu aussi intensément pendant des mois… « Je plane encore un peu je crois », confiait Anne-Sophie Novel sur Facebook quelques jours après la fin du projet, et elle n’est pas la seule. Partager cet l’espace de vie de PlaceToB, s’échanger et s’entraider entre personnes venues de partout au monde, utiliser la langue qui convient puisqu’il s’agit non de s’affirmer mais de communiquer – le cas échéant en ayant recours aux gestes et au sourire…

« … and the world will be one. » C’est bien ce qui distingue la COP d’en bas de celle du Bourget. Pas question de sacrifier les intérêts des uns à ceux des autres, d’imposer des compromis qui bloquent le développement des uns pour conserver le confort des autres. Raisonner en frères et sœurs par-delà les nationalités ne résout pas tous les problèmes, n’efface pas les conflits d’intérêt – mais cela exclut une certaine manière de les aborder. Celle d’une humanité subdivisée, déchirée par des frontières, terrifiée par la peur de l’autre. Celle codifiée, hélas, par la Charte de l’ONU qui commence par « Nous, peuples des Nations unies » au lieu d’énoncer « Nous, peuple de la terre unie ». La nouvelle génération de militants présente à PlaceToB – jeunes et vieux – a en ce sens préfiguré une nouvelle manière d’aborder les défis planétaires, parmi lesquels celui du changement climatique.

À la Cité des sciences, le collectif d’artistes « les Radiolaires » a conçu une seconde installation : la « Bulle de cristal ». Celle-ci renferme des êtres qui ont su s’adapter aux conditions changeantes : les Algommes, mi-algues, mi-hommes, sont de petite taille et ne consomment que de l’énergie solaire. Leur existence est placée sous le signe du bien-être, de la légèreté et de la contemplation… Hélas, ce n’est qu’un rêve. Les humains ne se métamorphoseront pas en êtres physiquement compatibles avec un environnement changeant. Il faudra ensemble trouver d’autres solutions. Pourvu qu’on évite le cube blanc !

Corrections:
La chanson de John Lennon s’appelle bien sûr „Imagine“, et non pas „Dreamer“.
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(Photo : Pascal Terjan / Flickr / CC-BY-SA 2_0)

La tour Eiffel coupée en deux

Raconter les enjeux de la COP21 autrement – vive la politique-fiction !

(lm) – Lors d’une action symbolique, la tour Eiffel a été illuminée en vert et jaune à l’occasion de la COP36. La moitié verte représente la part d’électricité à base d’énergies renouvelables, la moitié jaune les énergies fossiles, essentiellement le gaz naturel et le nucléaire.
Cette action rappelle celles d’il y a 15 ans, lors de la COP21, quand plusieurs projets avaient illuminé la tour afin de promouvoir l‘utilisation d‘énergies renouvelables. Or, à l’époque, les trois quarts de l’énergie électrique provenaient en réalité du nucléaire, alors que la part des énergies renouvelables restait faible.
Depuis 2024, la France est définitivement engagée sur la voie d’une sortie du nucléaire, trop lente aux yeux des écologistes, mais qui devrait être achevée en 2038. Dans quelques années, quand la dernière des centrales à gaz arrêtera sa production, on pourra enfin illuminer la tour Eiffel tout en vert !
Autres nouvelles de la COP36 : https://wirdrichtiger.wordpress.com/tag/cop36/


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