Conflit des générations en politique : Astrid a raison

Avec sa polémique sur l’âge en politique, Astrid Lulling a déclenché un débat qui aurait dû être mené depuis longtemps.

(Photod : Wikimédia)

En politique, il y a ceux et celles qui savent quand il est temps de partir. En se retirant de la vie politique au bon moment, et tout en sachant que les gens, d’ordinaire, retiennent plutôt les choses positives que les choses négatives, ils et elles sont sûr-e-s d’être reconnu-e-s à leur juste valeur. Mais ils et elles sont rares.

Beaucoup plus nombreux/nombreuses sont ceux et celles qui ratent le bon moment pour arrêter la politique. Une fois le point de non-retour franchi, tout ce qu’ils et elles font ne va que dégrader leur image, au point d’effacer de la mémoire collective les aspects positifs, les réussites de leur carrière politique.

À partir d’un certain moment, il devient difficile, pour les politicien-ne-s de la dernière catégorie, de faire parler d’eux ou d’elles, en positif comme en négatif – le plus souvent en négatif d’ailleurs –, pour continuer de survivre politiquement. Polémiquer pour ne pas tomber dans l’oubli, voilà tout ce qui leur reste à faire.

Indéniablement, Astrid Lulling fait partie de la dernière catégorie d’hommes et de femmes politiques. La politicienne chrétienne-sociale et ancienne députée européenne née en 1929 (!) a créé la polémique avec une carte blanche sur RTL, dans laquelle elle se prononçait contre les discriminations envers les personnes âgées, surtout en politique – tout en reprochant aux jeunes politiques leur manque d’expérience et de compétences. « Aujourd’hui, je vois que des étudiants qui ont à peine fini leurs études veulent se porter candidats. Ils veulent gouverner le pays alors qu’ils n’ont aucune expérience professionnelle. »

Une déclaration qui n’a, sans surprise, pas du tout plu à son parti, et en particulier aux jeunes membres, au point de déclencher un débat sur le rôle des jeunes en politique.

On serait presque tenté de remercier Lulling, car ce débat mérite d’être mené depuis longtemps. Allons même plus loin : il faut un débat sur la représentativité du monde politique en général !

Seuls douze pour cent des député-e-s au Luxembourg ont moins de 40 ans, alors même que les personnes de moins de 40 ans représentent près de la moitié de la société. Et seuls 3,3 pour cent des député-e-s luxembourgeois-es ont moins de 30 ans !

Mais le problème de la représentativité du parlement luxembourgeois – hormis le fait que, de toute façon, il n’est élu que par un peu plus de la moitié de la population en âge de voter – va bien plus loin : seuls 28,3 pour cent des parlementaires du Luxembourg sont des femmes. Sans parler de la composition sociologique de la Chambre des député-e-s, qui penche largement en faveur des professions libérales et autres professions bien payées et en défaveur des « simples » employé-e-s ou travailleurs/travailleuses.

Sans renouvellement générationnel réel, point de salut.

Ce qui vaut pour la Chambre vaut d’ailleurs aussi pour les partis : de gauche à droite, ce sont souvent des hommes, socialement « bien situés » et plutôt âgés qui dominent. Et sans vouloir réduire des gens à leur genre, leur âge ou même leur position sociale : le manque de crédibilité du monde politique en général découle aussi, largement, de ce manque de représentativité.

Il ne suffit pas de fixer des quotas pour les femmes sur les listes si, en fin de compte, ceux qui mènent la barque sont des hommes. Tout comme il ne suffit pas d’avoir quelques jeunes sur les listes ou de laisser aux organisations de jeunesse des partis la liberté de jouer un peu aux rebelles avant de passer à la politique sérieuse. Sans renouvellement générationnel réel, point de salut. Astrid Lulling a raison : il existe bel et bien un conflit des générations en politique. Alors parlons-en, de l’âge et des discriminations basées sur l’âge en politique. Et tirons-en les bonnes conclusions.

Photo : wikimedia


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