COP23 : bilan et perspectives (1/2) – Tous cancres ?

La première partie de l’analyse de la conférence climatique de Bonn est consacrée aux initiatives politiques encourageantes et aux constats scientifiques désespérants.

La « Statue of Pollution » lors de la manif anticharbon du 4 novembre. Les États-Unis ne sont cependant pas le seul pays à traîner des pieds. (Wikimedia/GPSLeo/PD)

Ç’aurait pu être pire. Il n’y a pas eu de gros couac lors de la COP23, la 23e conférence des parties – des parties contractantes de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, adoptée en 1992. Il y a deux ans, la conférence de Paris et l’accord qu’on y avait conclu étaient considérés comme une bouffée d’espoir ; l’an dernier, la conférence de Marrakech était placée sous le signe de l’élection de Donald Trump – qui a entre-temps tenu sa promesse d’entamer le retrait des États-Unis de l’accord de Paris. La conférence de Bonn de la mi-novembre a laissé une impression mitigée (voir aussi l’excellent bilan détaillé sur le site Carbon Brief).

Pas d’effet Trump

Soulagement tout d’abord, parce que l’effet Trump qu’on pouvait redouter n’a pas joué. Aucun autre pays n’a fait mine de se retirer – alors que les candidats connus pour leur attitude ambiguë à l’égard du protocole de Kyoto ne manquaient pas : Canada, Russie, Japon, Australie, pays de l’Opep, Pologne…

En fait, les États-Unis, pour le moment encore présents à la table des négociations, ont semble-t-il évité de jouer les trouble-fête. Et de toute façon, à côté de la délégation officielle, il y avait une délégation alternative nommée « We Are Still In », représentant des villes, des États fédéraux américains et des entreprises qui s’engagent à continuer à appliquer l’accord de Paris.

La Chine, le charbon et les autres

Certains attendent que la Chine reprenne le rôle de leader joué à Paris par les États-Unis. Mais le plus grand émetteur de CO2 mondial n’en a rien fait, se contentant de détenir également le titre de champion du monde des énergies renouvelables. La contradiction va plus loin : alors que le gouvernement impose des limites drastiques à l’utilisation du charbon, il n’a pas pu empêcher que les émissions de CO2 chinoises augmentent de 3,5 pour cent en 2017. Du coup, les émissions mondiales ont augmenté de deux pour cent, alors que les années précédentes elles étaient restées stables, comme l’explique le Taz. Cela en dit long sur les difficultés de la Chine à découpler ses émissions de CO2 de son développement économique.

Autre nouvelle mi-figue mi-raisin du côté du charbon : le Royaume-Uni et le Canada ont lancé la « Powering Past Coal Alliance » de pays qui annoncent qu’ils se préparent à abandonner le recours au charbon – sans engagement très précis par ailleurs. Certains pays utilisant le charbon comme le Mexique, la Nouvelle-Zélande et l’Italie ont rejoint l’alliance. Mais aussi bien la Chine et l’Inde que de nombreux pays industrialisés ont boudé l’initiative. Particulièrement gênant : ni l’Allemagne qui a accueilli la COP23 ni la Pologne qui accueillera la conférence en 2018 n’ont rejoint l’alliance.

De Paris à Bonn, quel progrès ?

Contenir la montée de la température « nettement en dessous de 2 degrés » et poursuivre « l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 degré », voilà la formule de compromis inscrite en décembre 2015 dans l’accord de Paris (détails voir woxx 1350). Alors, à Bonn, a-t-on avancé dans cette direction ?

La réponse la plus évidente est non : le groupe de recherche Climate Action Tracker, qui tient compte des engagements des plus importants pays émetteurs de la planète, prévoit que la température montera de 3,2 degrés d’ici 2100. Une manière de dire que les négociations des années à venir devront aboutir à des résultats spectaculaires si on veut éviter la catastrophe climatique.

Petite consolation, la conférence de Bonn s’est attachée à préparer ces négociations – avec plus ou moins de succès. À lire dans la seconde partie de cet article.

 


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