Exposition collective : Summer Follies

Pour meubler son été, la galerie Zidoun-Bossuyt ne fait pas dans la dentelle et montre une ribambelle d’artistes internationalement reconnus – mais avec des œuvres de qualité inégale.

(Photos : © Zidoun-Bossuyt)

L’entrée en matière se fait sur un air de déjà-vu. Et ce n’est pas étonnant, vu que la sculpture monumentale qui attire le visiteur n’est de personne d’autre que Tony Cragg, dont la rétrospective vient de se terminer au Mudam. Baptisée « Spring » et faite entièrement de bois, l’œuvre démontre à nouveau l’extraordinaire empathie qu’a développée Cragg pour toutes sortes de matières. Et introduire le bois dans ces structures n’est sûrement pas si simple. En tout cas, faire concorder les motifs naturels inclus dans la matière avec l’harmonie de la sculpture requiert certainement – au-delà de la vision artistique – une certaine connaissance en ébénisterie.

Une deuxième sculpture de la série « Industrial Nature » se trouve un peu cachée au même niveau de la galerie, à droite derrière un mur – et c’est vrai que face à la monumentale beauté de « Spring », elle ne fait pas vraiment le poids. Toujours est-il que l’artiste britannique – qui a élu domicile à Wuppertal en Allemagne – est un des rares sculpteurs abstraits qui parviennent à insuffler de la vie à leurs compositions.

Vient le tour de Mark Bradford – l’artiste américain, né en 1961 à Los Angeles, s’est fait connaître pour ses collages et ses installations faits sur base d’objets du quotidien qu’il intègre dans son art. Si son engagement politique, qui traverse aussi ses œuvres, est certes louable, son style reste assez fade et laisse un goût de déjà-vu bien moins agréable que celui évoqué pour Tony Cragg.

Surtout que ses toiles côtoient deux tableaux monumentaux d’Ugo Rondinone – en fait un diptyque baptisé « Sechsterfebruar-zweitausendundzehn ». L’artiste suisse, élève de l’enfant terrible autrichien Hermann Nitsch, l’instigateur de l’« actionnisme viennois », est un véritable touche-à-tout. À la fois explorateur de la peinture monochrome, des installations au néon et de la sculpture, il est surtout un fan de tout ce qui est sériel. Pas étonnant qu’il se soit donc installé à New York, le berceau de la Factory d’Andy Warhol. Sur les deux tableaux sont représentées deux cibles coloriées presque à l’identique – ce n’est qu’en bougeant devant les motifs qu’on se rend compte de leurs différences, qui introduisent un joli effet de trompe-l’œil, invitant ainsi le spectateur à douter de ce que lui indiquent ses sens.

Un peu à part dans la même salle, une seule œuvre de Wolfgang Tillmans. « Freischwimmer » n’est pas un tableau mais un luminogramme – obtenu dans une chambre noire. Tillmans y a sculpté sa composition par la seule force de la combinaison de ses gestes et de la lumière utilisée. Un procédé qui a fait naître une image dans laquelle le spectateur peut laisser libre cours à ses pensées et à ses interprétations.

Mais c’est dans la cave que la galerie « cache » l’artiste définitivement le plus intéressant de l’exposition : Terry Adkins. La série de photographies appelée « Miy Paluk » évoque la mémoire de Matthew Henson, le premier explorateur polaire noir – qui avec Robert Peary a (ou aurait, car le doute persiste) atteint le pôle Nord pour une première fois en 1909.

Pour l’honorer, mais aussi pour accaparer l’histoire avec son corps, Adkins a réalisé une série d’autoportraits nus, sans montrer son visage, sur lesquels il a projeté des cartes d’époque en portant dans ses mains des ustensiles d’explorateurs arctiques du tournant du 20e siècle. Un art engagé esthétique et sans pathétisme, c’est une rareté à souligner.

Tout cela pour dire qu’un petit saut chez Zidoun-Bossuyt au cours d’une promenade perdue dans le Grund vaut le coup.

Jusqu’au 22 juillet.

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