Guerre contre climat : Le général Environnement

Un sujet sera absent de la COP21 : l’impact des forces armées sur le changement climatique. Le Grip met en garde contre les dérives de l’ingénierie climatique et rappelle l’importance de la convention Enmod.

(…) Les premières expériences de techniques de modification de l‘environnement sont nées vers la fin des années 1940 avec le projet Cirrus. (…) En 1966, les États-Unis se lancèrent dans un programme connu sous le nom de projet Popeye. Son objectif était d’inonder la piste Hô Chi Minh afin de ralentir les mouvements ennemis grâce à un accroissement des précipitations provoqué par un ensemencement des masses nuageuses avec de grandes quantités d‘iodure d‘argent dispersées par voie aérienne. Le résultat fut jugé satisfaisant par le Pentagone, et l‘opération fut poursuivie de 1967 à 1972.

La révélation de ces expériences a provoqué quelques émois, tant du côté soviétique qu’au Sénat américain, jusqu’à convaincre les États réunis à la Conférence du désarmement d’adopter des dispositions interdisant d’exploiter l’environnement comme une « arme de guerre ». C’est l’objectif de la « Convention sur l‘interdiction d‘utiliser des techniques de modification de l‘environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles », communément appelée « Convention Enmod », adoptée à New York le 10 décembre 1976, ouverte à la signature à Genève le 18 mai 1977, et entrée en vigueur le 5 octobre 1978.

La Convention compte aujourd’hui 77 États parties. C’est peu, mais les puissances militaires sont là : la Russie et le Royaume-Uni l’ont ratifiée en 1978, les États-Unis en 1980, et plus récemment la Chine en 2005. Tous les pays membres de l’Union européenne l’ont ratifiée ou signée, à l’exception de quatre : la Croatie, Malte, la Lettonie et… la France, puissance nucléaire et pays hôte de la COP21 ! Une nouvelle « exception française » qui tombe mal et place l’Hexagone dans le trio des États nucléaires non parties à Enmod, aux côtés d’Israël et de la Corée du Nord.

Exception française peu glorieuse

En ratifiant la convention Enmod, les États parties s’engagent « à ne pas utiliser à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles des techniques de modification de l‘environnement ayant des effets étendus, durables ou graves, en tant que moyens de causer des destructions ou des préjudices à tout autre État partie ». (…)

Profitant du fossé entre l’extrême urgence de la lutte contre le réchauffement climatique et la timidité des mesures consenties par les gouvernements, l’ingénierie du climat (ou géo-ingénierie) – à savoir l’intervention technologique délibérée à grande échelle sur le système climatique afin de contrer le réchauffement de la planète ou d’en atténuer certains effets – est de plus en plus envisagée par certains scientifiques comme une réponse possible aux défis posés à la planète. (…) Alors que de nombreuses voix s’opposent encore à ces entreprises hasardeuses dans le domaine civil, les militaires ont par contre beaucoup moins d’états d’âme, et les signes d’une militarisation de l’ingénierie climatique ne manquent pas. (…)

La Convention Enmod (…) est le seul instrument juridique qui pourrait faire obstacle aux applications militaires des avancées technologiques qui se précisent dans le domaine des modifications environnementales et climatiques, au risque de compromettre davantage encore les fragiles équilibres de la planète. (…)

Publié par le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip) la veille du 6 novembre, la « Journée internationale pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé ».
Texte intégral : http://www.grip.org/fr/node/1867

 


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