Histoire : Le Portugal pour les nuls

Pour l’exposition « Portugal – Drawing the World », plus de 130 objets d’art répartis sur deux étages du MNHA nous font revivre les épopées maritimes portugaises au cours des 16e et 17e siècles.

Délicatement ouvragé, un coffre en argent et améthyste façonné par les artistes indiens de Goa et rapporté en Europe par les Portugais. (PHOTO : Musée national d’art ancien, Lisbonne)

L’exposition « Portugal – Drawing the World » s’appuie sur des pièces prêtées par plus de 20 musées et trois collectionneurs privés. 88 appartiennent au Musée national d’art ancien de Lisbonne. À travers sept salles, on plonge dans l’âge d’or des découvertes maritimes lusitaniennes. Les néophytes en ressortiront sûrement admiratifs et incrédules de ne pas avoir connu cette facette de l’histoire du Portugal.

En entrant dans les salles, immédiatement, les images de films comme « The Mission », « New World » ou encore le dernier film de Scorsese (« Silence ») prennent d’assaut notre mémoire. En l’absence d’Amazon et de vols low-cost, les objets exposés furent rapportés d’Afrique, d’Inde, de Malacca, de Chine, du Japon et du Brésil par les navigateurs portugais de l’époque. Les visiteurs pourront ainsi contempler une tapisserie géante, des coupes et des coffrets indiens, plusieurs pièces en ivoire d’Afrique, des porcelaines et textiles divers de Chine, un masque du Japon, un livre illustré sur les nouvelles espèces animales découvertes lors des voyages, un manuel de 1620 pour apprendre le japonais (niveau débutant), des instruments de navigation, des cartes urbaines, des canons militaires et plusieurs pièces de joaillerie, entre autres.

Globalement, l’expo renvoie à un certain glamour et exotisme, loin des bavures liées à la colonisation, loin des confrontations sanglantes avec les peuples indigènes et surtout loin de la traite négrière. Elle n’évoque pas non plus les pestifères conditions de voyage auxquelles étaient confrontés les marins lors des expéditions.

Le fait que l’expo soit uniquement en anglais constitue un autre bémol. Pas sûr que le concitoyen portugais qui travaille sur le chantier juste à côté du musée soit éclairé par les explications données dans la langue de Shakespeare. Il serait utile d’exposer au moins en deux langues, notamment en anglais et dans la langue (ou une des langues) du pays qui accueille l’expo. Les temps changent, même si la lingua franca de nos ancêtres était sans doute le latin. En témoigne un précieux dictionnaire de 1631, « Malaico-Latinum / Latino-Malaicum » (malais-latin).

On décèle toutefois une sincère volonté de la part des curateurs et du MNHA de faire découvrir à un large public le rôle précurseur que les Portugais ont joué dans l’expansion maritime européenne. Leurs expéditions étaient le début de la mondialisation que nous connaissons de nos jours. À souligner également les deux immenses cartes murales, l’une chronologique et l’autre géographique, qui à elles seules résument de façon synthétique l’histoire de neuf siècles d’exploration des Portugais. Enfin, la reproduction des panneaux de Saint-Vincent datant du 15e siècle où l’on aperçoit Henri le Navigateur, véritable instigateur de l’odyssée maritime portugaise à ses débuts, mérite l’attention.

L’exposition des 133 objets est à l’affiche jusqu’au 15 octobre au Musée national d’histoire et d’art. Parallèlement auront lieu plusieurs conférences liées à l’histoire de l’art et aux découvertes maritimes : le 15 juillet, « La colonisation européenne des Amériques au cinéma », avec Yves Steichen du CNA ; le 6 juillet, « Vasco de Gama et le début l’expansion européenne » avec Jean-Paul Lehners, professeur émérite de l’Université du Luxembourg. Pour finir, Fernando António Baptista Ferreira, professeur à la faculté des beaux-arts de Lisbonne parlera de « La peinture portugaise de l’époque des grandes découvertes maritimes » le 28 septembre.

Au MNHA jusqu’au 15 octobre.

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