J. J. Abrams
 : Retour en force

Difficile de passer ces jours-ci à côté du phénomène Star Wars, tant la puissance commerciale de Disney se combine pour une pluie de dollars avec la Force des Jedi. Si les fans de toujours ne le bouderont évidemment pas, « The Force Awakens » 
pourra-t-il attirer de nouveaux adeptes du côté obscur ou du côté lumineux ?

Carrie Fisher et Harrison Ford rempilent pour un nouvel épisode, et heureusement : si le scénario convainc, c’est avant tout grâce à la présence (ou l’absence) de personnages piliers de la saga.

Carrie Fisher et Harrison Ford rempilent pour un nouvel épisode, et heureusement : si le scénario convainc, c’est avant tout grâce à la présence (ou l’absence) de personnages piliers de la saga.

Combien d’enthousiastes de la saga Star Wars connaissent-ils Joseph Campbell ? Dans « The Hero with a Thousand Faces » (publié en 1949), l’anthropologue américain a développé sa théorie du monomythe, sorte de trame obligée – avec quelques options facultatives – pour construire la plupart des mythes mondiaux. En gros, on y retrouve un héros qui, arraché à son quotidien, s’aventure dans un monde fantastique où il acquiert des pouvoirs surnaturels qu’il pourra ensuite transmettre. George Lucas a admis s’être inspiré de Campbell pour concevoir sa série.

Comme c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, les scénaristes de ce septième épisode (J. J. Abrams épaulé par Lawrence Kasdan, déjà coscénariste des épisodes 5 et 6 et qui a remplacé Michael Arndt remercié pendant l’écriture) ne sont pas allés chercher bien loin : l’intrigue ressemble furieusement à celle de « A New Hope » (1977), quatrième épisode et premier sorti sur les écrans. Le film est donc à la fois un éternel recommencement de la guerre du bien contre le mal et une suite directe de « Return of the Jedi » (1983), puisqu’on y retrouve certains personnages plus vieux de 30 ans.

Tout s’articule autour de la disparition de Luke Skywalker, héros des épisodes précédents. Toutes les forces en présence veulent le retrouver : le Premier Ordre, né des ruines de l’Empire galactique, afin d’une fois pour toutes éliminer celui qui seul pourrait s’opposer à ses rêves de toute-puissance ; la Résistance, pour qu’il l’épaule grâce à ses pouvoirs de Jedi dans son combat contre le Premier Ordre. Du côté de la relève, Rey, jeune femme au passé sombre qui vit de la récupération d’épaves de vaisseaux, et Finn, un soldat repenti qui quitte par dégoût les forces du mal, vont protéger un robot qui détient la carte permettant de rejoindre Skywalker. Ils auront pourtant bien besoin de la vieille garde : Han Solo, son compagnon Chewbacca et l’ex-princesse Leia devenue générale dans la Résistance.

Si, en 1977, les débuts de la série avaient révolutionné le genre de la science-fiction, force est de constater que, depuis, nombre de films ont proposé des effets spéciaux de qualité et des scénarios béton. « The Force Awakens » se retrouve donc au beau milieu de la pléthore actuelle de longs métrages qui se déroulent dans des galaxies très, très lointaines. J. J. Abrams, qui avait donné un nouveau souffle à la franchise Star Trek, fait évidemment le boulot : la réalisation est nerveuse mais sait se poser, l’équilibre entre scènes de combats et plans plus calmes est dans l’ensemble plutôt assuré. Mais les jeunes acteurs, que ce soit la jolie Daisy Ridley ou le photogénique John Boyega, manquent franchement de charisme, et le tout donne quand même une certaine impression de déjà-vu. Seul Adam Driver, le méchant au casque noir (c’est dans les vieux pots… etc.) sort du lot des jeunes pousses.

Difficile donc d’imaginer que le film puisse conquérir un nouveau public. En a-t-il besoin, d’ailleurs ? Gageons que Disney n’a pas racheté la franchise pour innover, ou bien alors c’est raté. Pourtant, les nostalgiques des premiers épisodes se laisseront prendre par l’histoire. Même si son potentiel comique est largement sous-utilisé, Harrison Ford est épatant en Han Solo et forme toujours un couple assorti avec Carrie Fisher. C’est aussi grâce aux nombreux sous-entendus et allusions, que seuls les spectateurs des autres films de la saga comprendront, que l’histoire fait sens. Et puis, évidemment, il y a la musique, l’incomparable poème symphonique de John Williams. Un épisode honorable donc, qui réjouira les fans et ennuiera les réfractaires. Eh oui, les mythes divisent… pour l’éternité.

Dans la plupart des salles.

L’évaluation du woxx : XX


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