Jazz
 : Sous influences

Le contrebassiste mosellan Laurent Payfert, connu pour ses nombreuses collaborations, notamment avec Sascha Ley, a mis sur pied sa propre formation en 2011. Un « Laurent Payfert Quartet » à déguster entre autres en plein air ce vendredi sur la place d’Armes, pour une bonne dose de swing.

Les membres du Laurent Payfert Quartet : Murat Öztürk, Laurent Payfert, Damien Prud’homme et Jean-Marc Robin. (Photo : lestrade.info / DR)

Les membres du Laurent Payfert Quartet : Murat Öztürk, Laurent Payfert, Damien Prud’homme et
Jean-Marc Robin. (Photo : lestrade.info / DR)

Il y a quelque chose de réjouissant à écouter le premier album composé par Laurent Payfert, intitulé « Danse sucrée ». Car ce musicien expérimenté ne rechigne pas à dévoiler ses sources – qui vont de Thelonious Monk à Charlie Mingus en passant par Miles Davis et Wayne Shorter – et à mettre en avant le collectif plutôt que son fondateur. L’ensemble est donc un exercice réussi de dictionnaire amoureux du jazz, sans ostentation mais sans fausse modestie, qui passe allègrement du free jazz au be-bop tout en caressant l’ethnojazz.

Depuis longtemps au service des autres, après un apprentissage au conservatoire de Metz mais aussi à travers l’écoute des maîtres du jazz, Payfert n’a pas oublié la leçon de son travail de l’ombre : il ménage de longues plages à ses compères, au point parfois de s’effacer un peu. Ainsi, le premier morceau de l’album, au titre éponyme, est construit autour d’un jeu habile de questions et de réponses entre clavier et saxophone. La belle articulation pianistique de Murat Öztürk, autre habitué de nos scènes luxembourgeoises, alterne donc avec le souffle de Damien Prud’homme. Influences toujours : celui-ci, avec un solide contraste entre graves et aigus, a par moments des réminiscences d’un Jan Garbarek, mais sait aussi insuffler une dose de mélancolie à la Coleman Hawkins dans la bien nommée « Ballade bleue ». Une ballade qui, elle, fait la part belle à un autre dialogue, entre la contrebasse et le saxophone cette fois.

Et le rythme dans tout ça ? La batterie de Jean-Marc Robin sait donner le tempo sans accaparer l’attention, que ce soit dans le plus pur des swings comme dans les morceaux où perle un soupçon de funk. Pas étonnant donc que Laurent Payfert ait pu dire, dans une interview au magazine culturel messin « L’estrade », que ses compositions ont pris vie dès la première répétition grâce à ces musiciens soigneusement choisis. À l’écoute, l’entente est parfaitement palpable.

Comme on tient ici un album qui cultive l’éclectisme et revendique des influences multiples, l’ensemble ne serait pas complet sans une pointe de musique du monde. Là, c’est le boss qui s’y colle : dans la dernière plage, « Mi Arcotic », Laurent Payfert se met enfin en avant dans un solo de plus de six minutes. Il y caresse son instrument à l’archet tout en pinçant les cordes. L’effet est saisissant autant qu’hypnotique, et tient à la fois de la vielle à roue de nos campagnes, désormais quasi disparue, que du sarangi indien, accompagnateur indispensable de la musique carnatique. Une belle envolée lyrique à l’exotisme exacerbé pour conclure l’album.

Le Laurent Payfert Quartet est une formation exigeante et dont les musiciens, outre leur évidente maturité individuelle, savent construire une cohérence de jeu efficace dans l’improvisation. Le concert de ce vendredi sur la place d’Armes devrait donc ravir les amateurs de jazz, qui en reconnaîtront l’inspiration, mais aussi les mélomanes moins spécialisés, qui en apprécieront la diversité. En avant le swing !

Ce vendredi à midi au kiosque de la place d’Armes, et le 2 septembre en trio à la brasserie Terminus de Sarreguemines. L’album « Danse sucrée » est en vente sur le site www.laurentpayfert.com


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