LGBTI : Fuite en avant

La Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT) était l’occasion de rappeler que le Luxembourg ne peut pas fermer les yeux sur les répressions meurtrières que rencontrent les activistes à travers le monde.

Les intervenants de la conférence de presse: Stan Brabant, David Pereira, Roby Antony et Irina Fedotova. (Photo: woxx)

Les intervenants de la conférence de presse: Stan Brabant, David Pereira, Roby Antony et Irina Fedotova. (Photo: woxx)

Avec un premier et un vice-premier ministre ouvertement homosexuels, on devrait supposer que le grand-duché de Luxembourg est un pays sensibilisé à toutes les problématiques qui touchent les communautés LGBTI. Et pourtant, en ce qui concerne les réfugiés discriminés qui demandent l’asile au Luxembourg, il reste du pain sur la planche (voir dossier dans le woxx 1362 : http://www.woxx.lu/lgbti-fluechtlinge-in-luxemburg-unsichtbar-bedeutet-nicht-geschuetzt et http://www.woxx.lu/von-moskau-nach-luxemburg-ich-hatte-angst-um-mein-leben).

Pour marquer le coup de la journée IDAHOT et démontrer qu’ils n’ignorent pas le sort réservé à celles et ceux qui doivent fuir leur pays à cause de leur orientation sexuelle, le Centre d’information gay et lesbien (Cigale) et Amnesty International (AI) ont, lors d’une conférence de presse, pointé du doigt le Luxembourg, qui serait à la traîne en matière d’accueil de ces réfugiés « différents ». « L’homosexualité ne doit pas être acceptée, ni tolérée – elle fait partie intégrante de la société », a lancé David Pereira, le président d’AI au Luxembourg. S’il concède que l’Europe a avancé en général, il déplore le fait que beaucoup d’États africains sont en pleine régression. Dont certainement l’Ouganda, qui est avec l’Iran un des dix pays où l’homosexualité est passible de la peine de mort (sur 76 où elle est punissable) – mais aussi l’Algérie, la Tunisie (voir notre article Interglobal p. 10), le Maroc et l’Égypte. Tous ces pays viennent d’être déclarés sûrs par le parlement allemand.

Mais la focale s’est très vite tournée vers la Russie, avec le témoignage d’Irina Fedotova, activiste LGBTI et demandeuse d’asile au Luxembourg (toujours en attente de son entretien avec la Direction de l’immigration). Fedotova, organisatrice entre autres de la Gay Pride à Moscou, a trouvé les mots justes pour décrire la situation des homosexuels en Russie. Un pays où la police et les autorités sont complices d’une homophobie généralisée et considérée comme une tradition et un droit. « Les bars gays sont systématiquement incendiés, les gens qui y sortent sont battus, parfois à mort. Et les victimes ne peuvent que difficilement accéder aux soins et encore moins à la justice » : ainsi décrit-elle une société prise dans une spirale de violences homophobes, qui vont de pair avec la répression de toute force d’opposition et de société civile. Comme l’a rappelé Stan Brabant, le directeur général d’AI Luxembourg, ce sont avant tout deux lois qui musellent en ce moment toutes les activités des ONG, et surtout celles qui se battent pour les droits LGBTI en Russie : une visant les ONG étrangères et l’autre interdisant toute « propagande homosexuelle ».

Les dérives d’un État qui érige l’homophobie en principe peuvent aussi toucher celles et ceux qui le fuient. Car sans attestations médicales ou sans procès-verbaux d’arrestations gratuites, il est très difficile de prouver aux autorités du pays refuge qu’on est poursuivi et qu’on a le droit d’accéder à sa protection. Surtout quand on vient d’un pays comme la Russie qui, officiellement, n’est pas en guerre.

S’y ajoutent les problèmes dans les foyers de primo-accueil, où les réfugiés LGBTI ont souvent peur d’être reconnus comme tels. Certains d’ailleurs sont tellement traumatisés qu’ils n’osent même pas évoquer leur orientation sexuelle pendant les entretiens.

Pour l’instant, le Luxembourg n’a pas prévu de structure d’accueil dédiée aux réfugiés LGBTI, comme il en existe à Berlin par exemple. Néanmoins, le ministère de la Famille a communiqué le même jour sur la signature par la ministre Cahen d’une « déclaration d’intention IDAHOT » – au moins les intentions sont bonnes.


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