Macron mis à mal par l’affaire Benalla : « Qu’ils viennent me chercher »

Il aura fallu un an et deux mois à Emmanuel Macron pour détruire le mythe du président irréprochable et exemplaire.

(Photo : EPA-EFE/Philippe Wojazer / Pool Maxppp Out)

Ce que ni mobilisations contre la casse du Code du travail, ni grève à la SNCF, ni « marées populaires » n’auront permis, Alexandre Benalla aura réussi à le faire : mettre Emmanuel Macron, président français depuis un peu plus d’un an et autoproclamé représentant du « nouveau monde », dos au mur.

« S’ils cherchent un responsable, le seul responsable c’est moi et moi seul. » C’est avec ces mots qu’Emmanuel Macron a mis fin à son silence, mercredi, pendant une réunion avec ses ministres et des députés de sa majorité. Un silence qui avait duré depuis le début de l’affaire. Il a ensuite ajouté, sûr de lui : « Qu’ils viennent me chercher. »

Fidèle à son style, cultivant une sorte d’arrogance assumée – attitude qui n’est pas sans incidence sur l’affaire et le zèle de l’opposition comme des médias –, il a assumé l’entière responsabilité de l’affaire et donc refusé de se servir de son directeur de cabinet ou même de son ministre de l’Intérieur Gérard Collomb comme « fusibles ».

Si le moment de sa sortie ainsi que sa façon de faire relèvent du domaine de la communication politique maîtrisée, ils n’auront en rien suffi à apaiser l’affaire, qui a rapidement pris une ampleur inattendue.

Depuis le 18 juillet, jour où le quotidien « Le Monde » a publié une vidéo montrant Alexandre Benalla, conseiller à la sécurité du président de la République, tabasser un manifestant dans le cadre des manifestations du 1er Mai, casque CRS sur la tête et brassard de police autour du bras, chaque jour a apporté son lot de nouvelles révélations.

L’affaire s’autonomise

Rapidement, l’opposition, de la France insoumise au Rassemblement national (le nouveau nom du Front national) en passant par les Républicains, s’est emparée du sujet. Alors que le gouvernement a, dans un premier temps, catégoriquement refusé de s’exprimer sur le sujet, les parlementaires de l’opposition ont ainsi bloqué les débats sur la réforme constitutionnelle engagée par la majorité présidentielle.

Une réforme qui, si elle devait passer, conférerait des pouvoirs toujours plus larges au président tout en privant le Parlement du peu de moyens qui lui restent.

Depuis, l’affaire s’est quelque peu autonomisée : au fil des révélations qui s’enchaînent est apparue l’image d’un pouvoir hypercentralisé, concentré entre les mains du seul président. Un président qui, pourrait-on croire, était en train de suivre l’exemple de certains de ses prédécesseurs en développant ce que d’aucuns qualifient de « police parallèle » et de « cabinet noir ». Et qui, surtout, avait protégé jusqu’au bout son homme de main alors même que les dérives de ce dernier lui étaient connues.

L’affaire risque-t-elle de faire tomber Macron ? Pas au stade actuel des choses. Elle a certes pris une ampleur considérable et n’est pas près de retomber. Mais pour que le président vacille réellement, il faudrait que les révélations de la presse soient accompagnées de la construction d’un rapport de forces dans la rue et que sa majorité se détourne de lui – ce qui n’est pas le cas pour le moment.

Macron en sortira-t-il indemne pour autant ? Très difficilement. Déjà, les sondages lui prédisent une perte de popularité assez importante, et ce alors qu’il n’a même pas pu bénéficier d’un quelconque effet « Coupe du monde ». Dans tous les cas, le mythe du « nouveau monde » et de l’exemplarité de la fonction du président de la République sont bons pour la poubelle de l’histoire. Déjà…


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