Mixte sur toile
 : Dis-moi comment tu t’appelles…

Les œuvres récentes de Jeannot Lunkes présentées à la galerie Simoncini emportent visiteuses et visiteurs dans une réflexion intéressante sur ce que le titre d’un tableau dit de celui-ci. Elles sont complétées par une petite exposition sympathique de design au sous-sol.

Jeannot Lunkes, peintre autodidacte né en 1946 à Tétange, semble avoir une obsession. Les tableaux qu’il montre à la galerie Simoncini sont tous composés d’une façon similaire : sur un fond légèrement dégradé, une colonne verticale multicolore faite de matières différentes envoie vers le ciel un objet ou une flamme, le tout coiffé de ce qu’on pourrait voir comme un habillage de cheminée.

Oui, la flamme de la peinture habite assurément l’artiste. Pour l’entretenir, il fait appel à des cailloux cimentés sur la toile, des tiges végétales collées ou de la toile de jute badigeonnée, dans un embrasement de technique mixte. Ce sont ces détails qui offrent la diversité à ses œuvres, et qui font qu’il est indispensable de s’approcher pour en prendre la mesure.

Si la variété des matériaux utilisés et la façon dont ils sont imbriqués fascinent, un aspect bien particulier vient cependant augmenter l’intérêt de l’exposition. En effet, Jeannot Lunkes ne nomme pas ses toiles lui-même. Son processus créatif fait qu’elles sont baptisées par son épouse après leur achèvement. Professeure d’anglais, celle-ci a une préférence marquée pour la langue de Shakespeare, d’où des titres comme « A Painter’s Message », « A Haven of Peace », « The Living and the Dead » ou « Drama Queen ». Muni de la liste des œuvres, on cherche à s’imaginer ce qui a bien pu la mener à de telles associations.

Les métaphores sont difficiles à comprendre au début, mais l’imagination fait le reste. Puis on se prend au jeu, essayant de trouver une version alternative au titre : ce détail qui nous frappe n’est peut-être pas celui qui a frappé la femme de l’artiste. On pourrait s’accorder sur « The Happy Five », au vu du chiffre « 5 » distinctement utilisé sur la toile, mais le « Petit papillon blanc » pourrait parfaitement devenir un poisson-clown aussi. L’adéquation (ou non) entre peinture et titre rend alors la visite ludique, pour peu qu’on prenne le temps de rentrer dans les œuvres.

À noter également qu’au sous-sol, l’architecte Lorenzo Palmeri expose une série d’instruments de musique sous le titre « Design Orchestra ». Présentés dans le cadre de la biennale Design City LX, ceux-ci sont plutôt fascinants, puisqu’on y retrouve des baguettes de percussions à base de chanvre imprimées en 3D, des crécelles au son atténué car entièrement en bois, une trompette en cristal, des guitares électriques aux formes marquées (dont la « paraffina slapster » jouée par Lou Reed) ou des cloches éoliennes. Le tout entouré de panneaux d’absorption acoustique également dessinés par Palmeri. Le contraste est on ne peut plus grand entre cet espace, où règnent la stricte géométrie du design épuré et les matières optimisées, et les niveaux supérieurs de la galerie, qui accueillent les toiles très artisanales et foisonnantes de matière de Jeannot Lunkes. Mais les deux expositions se complètent plutôt bien.

À la galerie Simoncini, jusqu’au 25 novembre (11 novembre pour 
l’exposition Lorenzo Palmeri).

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