Philharmonie : Ouverture virtuose


Comme à son habitude, la Philharmonie rouvre ses portes avec des musiciens phares de la sphère classique. Cette année, c’est la pianiste Martha Argerich, accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra sous la direction de Charles Dutoit, qui fera retentir les premières notes de la saison.

La pianiste argentine Martha Argerich sera la vedette du premier concert de la saison à la Philharmonie. (Photo : Sébastien Grébille)

C’est un enregistrement de référence, celui qu’a réalisé en 1995 Martha Argerich du Concerto pour piano en sol de Maurice Ravel, avec les Berliner Philharmoniker et Claudio Abbado. On y sent toutes les affinités de la pianiste virtuose avec la musique du compositeur français, qui pour cette pièce créée en 1931 a abondamment puisé dans l’univers du jazz et proposé une écriture particulièrement exigeante tant pour l’instrument soliste que pour les bois de l’orchestre. Les mélomanes pourront donc se réjouir de voir Martha Argerich réinterpréter ce concerto au Luxembourg, et notamment admirer son touché gracieux dans le radieux second mouvement, aux dissonances savamment distillées. Les deux mouvements rapides qui l’entourent, en forme de courses-poursuites entre piano et orchestre, apporteront eux brillance et fougue. Un plaisir d’écoute qui sera court cependant, puisque l’œuvre ne dure qu’une vingtaine de minutes. Gageons que la pianiste saura le prolonger par un (ou plusieurs ?) bis de circonstance.

Avec sa virtuosité et son phrasé unanimement salués, Martha Argerich sera bien la star du jour. Mais il ne faudrait pas pour autant en négliger le programme orchestral, tout à fait roboratif. Car le chef Charles Dutoit – pendant quelques années d’ailleurs marié à la pianiste -, à la tête du Royal Philharmonic Orchestra, a prévu de débuter le concert sur une des Rhapsodies roumaines de George Enesco pour ensuite proposer de continuer l’exploration de la musique de Ravel avec le ballet « Ma mère l’Oye », que le compositeur a orchestré en 1911 à partir d’une première version pour deux pianos. Ici, plus d’influences du jazz, mais toute la science de l’instrumentation de Ravel mise au service de l’évocation des contes de Perrault. Glissandos de harpe, sonorité cristalline du célesta, coucou de la flûte, tout concourt à créer une ambiance mystérieuse et feutrée à laquelle même ceux qui ne croient plus aux fées prendront plaisir.

Pour conclure la soirée, l’orchestre interprétera la suite « Petrouchka » d’Igor Stravinsky, écrite en 1911 également. Même année et heureux contraste qui permettra, après l’élégance et l’art de la mélodie orchestrée de Ravel, d’entendre les musiciens dans un autre registre. Après seulement quelques mesures en écho à la suavité du Français, on pourra apprécier l’écriture plus rythmique, plus percussive et plus syncopée du Russe, qui donnera l’occasion d’admirer la précision et l’énergie communicative d’une des meilleures formations orchestrales au monde. Les amateurs de piano ne seront pas déçus, puisque cet instrument se voit confier un rôle particulièrement important dans cette pièce, sorte de second concerto pour la soirée. Une œuvre majeure dont les dissonances et les abrupts changements rythmiques préfigurent le célèbre « Sacre du printemps », écrit à peine un an après par Stravinsky.

Programme alléchant et interprètes de premier plan, tout concourra donc à faire de cette ouverture de la saison 2017-2018 de la Philharmonie un bien appétissant hors d’œuvre. De quoi faire un peu passer la pilule de la rentrée aux mélomanes !

Le 14 septembre à la Philharmonie. 
Encore quelques rares places disponibles, en vente à la caisse du soir.

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