Politique culturelle : Miséricorde

L’action de protestation d’une artiste devant le ministère de la Culture n’est que la pointe de l’iceberg. Maggy Nagel n’a pas été capable de gérer le portefeuille du Logement, et il en va de même dans le secteur culturel.

Poulet entêté devant le ministère : bientôt la nouvelle procédure pour obtenir un rendez-vous avec la ministre ? (Photo : © KS)

Tout ça pour ça. Parce que le ministère de la Culture restait muet comme une carpe face à ses lettres, l’artiste Aïda Patricia Schweitzer a endossé son costume de poulet et monté un petit « bureau » devant le ministère. Vite délogée par la police, elle a du moins eu gain de cause : une rare audience auprès de la ministre Maggy Nagel, qui face au buzz médiatique n’avait probablement pas vraiment le choix. Pourtant, si pour obtenir un rendez-vous chez la ministre il faut organiser à chaque fois une performance devant le ministère, il se pourrait que le boulevard Roosevelt se transforme en zoo. Car Aïda Patricia Schweitzer est loin d’être la seule qui attend des réponses de l’administration de Mme Nagel. Une administration qui depuis un certain temps agit comme si elle était sous morphine. Ainsi, même après le rendez-vous, la situation des ateliers manquants est loin d’être résolue.

Ce n’est pas le seul problème qui persiste. Après un lancement énergique avec la promesse de changer de fond en comble la gestion de la culture, le soufflé est vite retombé. Et les résultats sont maigres, comme on peut le voir avec la plus grande opération menée jusqu’ici – la résiliation des conventions culturelles. Car finalement l’avant et après sont semblables, certaines associations s’en tirant avec un certain bonus, tandis que d’autres se retrouvent avec un peu moins. C’est loin d’être une révolution copernicienne. De plus, les autres grands projets de la ministre semblent être tombés à plat. Le fameux « Kulturentwicklungsplan » ? Encéphalogramme plat, d’après nos informations. L’« Institut du temps présent» ? tombé dans l’escarcelle du secrétaire d’État Marc Hansen, qui devra être juge et partie dans la bataille entre l’université et les représentants des instituts que cette nouvelle structure est censée remplacer.

Le bilan de Nagel à la Culture ressemble à celui du Logement.

Et qu’en est-il de la promesse que, après les associations conventionnées, ce serait au tour des grands instituts publics – comme la Rockhal, le Mudam ou la Philharmonie – de subir un audit de leur financement ? Aux dernières nouvelles, Mme Nagel ne semble pas avoir poussé dans cette direction.

Le problème est cependant que ne rien faire n’est même pas une option. Car la vie, voire survie, en milieu artistique devient de plus en plus dure. Après la réforme du statut d’artiste, transformant les artistes en passant en demandeurs d’aide sociale, les premières conséquences commencent à se faire ressentir. Et ce ne sont pas uniquement les ateliers qui manquent, mais aussi les boulots pour les free-lances, qu’ils soient techniques ou artistiques, qui deviennent une denrée rare. Si on y ajoute que depuis l’année dernière l’Administration des contributions a sérieusement durci les contrôles dans les instituts culturels – allant jusqu’à taxer les boissons offertes dans les loges d’artistes -, on comprend l’existence d’un certain malaise, dû aussi aux espoirs de changement finalement déçus.

Donc, si les rumeurs qui courent sur le sort de la ministre Nagel s’avèrent fondées et qu’elle est délogée du Logement dès la fin de la présidence européenne, le gouvernement devrait faire attention. Car son bilan à la Culture est aussi maigre que celui de son autre ministère. En d’autres mots : si Mme Nagel ne reste « que » ministre de la Culture, cela montrerait le peu d’estime de la coalition pour ce portefeuille et la scène culturelle qui en dépend.


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