Table ronde sur l’aide à la presse : Mikado

La table ronde proposée par Maison Moderne « Au nom de la diversité : Aide à la presse » n’a pas vraiment dépassé le stade de l’énième état des lieux dans un dossier épineux. Pourtant, une chose est devenue claire : l’aide à la presse ne sera pas réformée avant octobre 2018.

Cadre très « corporate » pour une discussion sur des subventions. (© woxx)

Tandis que d’autres associations plus modestes préfèrent organiser leurs débats dans la salle adjacente, Maison Moderne (éditrice entre autres de Paperjam) a vu plus grand et a réservé l’hémicycle de la Rotonde 1. Un hémicycle rempli seulement aux deux tiers, ce qui faisait remarquer à Vincent Ruck, « Project Manager » du « Paperjam Club » et hôte de la soirée, qu’il y avait moins de gens que dans les soirées « Fintech ».

Le cadre est fixé : Maison Moderne souhaite débattre de la politique de subventionnement des éditeurs par l’État – un peu contre nature pour une maison d’édition qui ne reçoit pas (encore) de manne publique et qui est traditionnellement très proche de la place financière. C’est bien la première fois que la discussion interminable sur l’aide à la presse a bénéficié d’un cadre « corporate » – avec un message vidéo du premier ministre, des interventions minutées et de jeunes femmes tendant le micro aux intervenants dans la salle. Elles étaient d’ailleurs les seules femmes à « intervenir » un tant soit peu dans les débats – vu que les panélistes étaient tous des hommes. Un fait qui avait déjà été déploré en amont sur les réseaux sociaux, critique à laquelle Mike Koedinger (fondateur et président du conseil d’administration de Maison Moderne) a répondu en invoquant le refus de Danièle Fonck – la seule femme invitée de la soirée donc – de se joindre au débat.

Les huit participants – Robert Garcia (Radio Ara), Claude Adam (Déi Gréng), Christophe Bumb (reporter.lu), Paul Peckels (Éditions Saint-Paul), Yves Cruchten (LSAP), Claude Wiseler (CSV) et Mike Koedinger – avaient chacun trois minutes pour présenter trois propositions au sujet d’une réforme de l’aide à la presse. Une réforme qui, rappelons-le, est toujours au menu du programme gouvernemental – la bible de la coalition.

Restons désinvoltes, n’ayons l’air de rien

Quelques constats ont été partagés par la plupart des intervenants : l’aide à la presse réglée par la loi de 1976 a certes atteint son objectif (celui de maintenir la diversité dans la presse grand-ducale), mais ne correspond plus aux besoins de l’ère digitale. Les critères d’obtention des aides (quantité de pages plutôt que qualité du journalisme par exemple) ne correspondent plus aux besoins des maisons d’édition – même si les deux grands acteurs ont appris avec le temps à tirer un maximum de profits du modèle, au détriment des plus petits. Autre injustice : l’écart entre le subventionnement de la presse écrite imprimée, le web, et les autres médias. Le déplafonnement des aides, décidé en 1998 et qui a mené à la situation actuelle, assez ubuesque, a aussi été mis en cause – notamment par Mike Koedinger. Adam et Cruchten en tant que représentants de la coalition ont surtout fait entendre qu’une réforme avant les prochaines élections serait invraisemblable. Une position assez confortable vu qu’aucun membre du DP, qui tient le dossier, n’était sur scène. Seul Claude Wiseler du CSV s’était visiblement préparé au débat et a fait quelques propositions concrètes.

Mais l’essentiel de la discussion a tourné autour de la difficulté à définir certains termes pourtant cruciaux aux futurs débats : le pluralisme (qui inclure ? dans quelles langues écrire ?) ou encore la fameuse qualité journalistique – un facteur tellement subjectif qu’il n’est pas mesurable.

Bref, s’il y a deux choses qu’on peut retenir de cette soirée, c’est : presque tout le monde veut une réforme créant une loi unique pour tous les médias et… cette réforme n’aura pas lieu avant octobre 2018. Jusque-là, on attendra.


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