Transports en commun : Gratuité « logique »

La gratuité des transports en commun pour les étudiant-e-s passe à côté de toute une catégorie d’élèves.

Depuis le 1er août, l’ensemble des transports en commun du pays est gratuit pour les jeunes de moins de 20 ans sur simple présentation d’une carte d’identité. Cette mesure, adoptée par le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch (Déi Gréng), s’inscrit dans une logique de simplification administrative, qui implique que les élèves et étudiants ayant dépassé 20 ans devront toujours se procurer des titres de transport spécifiques. Les élèves qui ne dépassent pas l’âge de 25 ans peuvent circuler librement avec la myCard ou myCard jeunes, sous condition d’être inscrits dans un établissement d’enseignement secondaire ou de participer à une mesure d’intégration socioprofessionnelle. La gratuité des transports en commun s’étend jusqu’aux étudiant-e-s universitaires se trouvant au Luxembourg ou à l’étranger, qui peuvent profiter de la gratuité jusqu’à l’âge de 30 ans.

Accès inégal à l’école

Ce qui au départ semble être une amélioration montre pourtant rapidement un arrière-goût d’injustice. Les députées Sam Tanson et Josée Lorsché (Déi Gréng) évoquent sous forme de question parlementaire l’oubli de toute une catégorie d’élèves, à savoir celles et ceux ayant dépassés l’âge de 25 ans et fréquentant par exemple un établissement tel que l’École de la deuxième chance, l’École des langues ou tout autre établissement d’enseignement secondaire.

L’année dernière, une enquête menée par le lycée technique du Centre a montré que le Luxembourg compte à peu près 400 élèves dépassant l’âge de 25 ans, ce qui est loin d’être négligeable. Il s’agit notamment de gens voulant profiter d’une deuxième chance ou d’un meilleur diplôme en suivant une formation ou des cours du soir, tout comme des immigré-e-s ou réfugié-e-s devant suivre des cours de langues intensifs avant de pouvoir intégrer le système scolaire luxembourgeois.

Le ministère du Développement durable et des Infrastructures justifie la limitation à 25 ans pour les non-universitaires à travers l’argument des allocations familiales versées jusqu’au même âge.

Une justification difficile à suivre, alors qu’un étudiant luxembourgeois suivant un cursus universitaire profite, comme on l’a vu, de la gratuité des transports en commun nationaux jusqu’à l’âge de 30 ans.

Dany Franck, porte-parole du ministère en charge, répond au woxx que ce choix est « lié à l’âge de la population des lycées ; tandis que l’extension d’âge aux moins de 30 ans est logiquement liée à la population universitaire, les études supérieures se situent évidemment après le lycée. »

Or, est-ce vraiment si logique de lier un âge précis à un niveau de scolarité sans prendre en compte tous les facteurs qui peuvent influencer le cursus scolaire des élèves ? N’est-ce pas justement pénaliser celles et ceux qui ont eu un parcours difficile, les soi-disant accidenté-e-s de la vie ?

C’est ce que confirme Letty Reichling, assistante sociale au lycée technique du Centre, qui indique au woxx qu’ il est « scandaleux de forcer certain-e-s élèves à payer des sommes importantes juste afin de se rendre à l’école ». Le montant d’un abonnement annuel se chiffre selon les cas de figure entre 220 et 440 euros. Les gens faisant partie de la catégorie exclue de la gratuité des transports en commun sont rarement capables d’assembler de telles sommes et se trouvent parfois dans l’obligation de voyager sans titre de transport valable. En cas de contrôle, l’amende peut monter jusqu’à 150 euros, un montant que la majorité d’entre eux n’est pas en mesure de payer.

Cette mesure pourrait donc inciter au décrochage scolaire, alors qu’il faudrait faciliter davantage l’accès à l’école aux personnes se retrouvant souvent dans une situation sociale défavorable. Une mesure pour un accès à la formation pour tou-te-s – prôné par le gouvernement – qui pourrait coûter autour de 120.000 euros à l’État, alors que le budget du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse s’élève, en 2018, à 2,23 milliards d’euros.


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