Bolivien: Ungewisser Übergang

Nach dem Rücktritt von Präsident Morales ist die Zukunft Boliviens unklar. Vieles hängt daran, wie das Militär sich weiter verhalten wird.

Demonstration für den zurückgetretenen Präsidenten Evo Morales am 11. November in der bolivianischen Stadt El Alto. (Foto: Agencia de Noticias Redacción/Wikimedia)

„Es schmerzt mich, das Land aus politischen Gründen zu verlassen, aber ich werde mich immer kümmern. Bald komme ich mit mehr Kraft und Energie zurück.“ Mit diesen Worten verabschiedete sich der ehemalige bolivianische Präsident Evo Morales am Montag nach seinem Rücktritt ins mexikanische Exil. Sein Versprechen, er werde zurückkehren, werden nicht wenige wohl als Drohung begreifen, wogegen für seine Anhänger*innen so ein Hoffnungsschimmer bleibt.

Entsprechend heftig wird derzeit innerhalb wie außerhalb Boliviens darüber debattiert, ob die Ereignisse, die zu Morales‘ Amtsverzicht geführt haben, als Putsch zu bewerten sind. Bereits kurz nachdem er seine Entscheidung am Sonntagabend verkündet hatte, war es in mehreren bolivianischen Städten zu Ausschreitungen seiner Anhänger*innen gekommen.

In der Hauptstadt La Paz sowie im westlich davon gelegenen El Alto wurden Busse, Polizeiwachen sowie die Privathäuser mehrerer Oppositionspolitiker*innen in Brand gesetzt. Mindestens drei Menschen wurden getötet, 250 Personen verletzt. Nachdem das Militär zunächst in den Kasernen geblieben war, hatte der Polizeichef von La Paz, José Barrenechea, die Armee um Hilfe gebeten. Die Kooperation der Sicherheitskräfte und die Militärpräsenz auf den Straßen nähren die Darstellung, Morales sei aus dem Amt geputscht worden. Am Sonntagabend hatte die Armeespitze den Rücktritt von Morales verlangt, um den Frieden im Land wiederherzustellen.

Das weitere Vorgehen des Militärs im Umgang mit den Unterstützer*innen der Regierung Morales wird für die weitere Entwicklung ebenso bedeutsam sein wie die Frage, ob es gelingt, eine Übergangsregierung zu bilden, die das Land hin zu Neuwahlen führt. Vorwürfe, bei den Präsidentschaftswahlen am 20. Oktober sei es zu Unregelmäßigkeiten gekommen, hatten den Ausschlag für die jüngsten Proteste gegeben, die nun zum Rücktritt von Evo Morales führten. Am Sonntag hatten Wahlbeobachter*innen der „Organisation Amerikanischer Staaten“ (OAS) den Wahlbetrug bestätigt.

Erste Analysen

Wie es zu der jüngsten Entwicklung kommen konnte und was daraus folgen könnte, analysiert unser Lateinamerika-Korrespondent Knut Henkel in der am Freitag erscheinenden Printausgabe der woxx. Henkel hat unter anderem mit Rafael Puente gesprochen. Puente war Vize-Innenminister im Kabinett von Evo Morales während dessen erster Amtszeit ab 2006. „Die Führungsclique um Evo ist machtbesessen, sie können nicht davon lassen“, so der ehemalige Politiker, der in einem Vorort von Cochabamba lebt. Der kommenden Regierung prophezeit Puente massive ökonomische Probleme, da die Regierung von Evo Morales in den letzten Jahren schlecht gewirtschaftet habe und die Erlöse aus dem Erdgasverkauf nach Argentinien rückläufig sind. „Die nächste Regierung wird Einsparungen durchsetzen müssen, eventuell auch die Abwertung des Boliviano“.

Eine aktuelle Analyse der von Evo Morales zum Ende seiner Amtszeit hin gemachten Fehler hat auch der Gesellschaftskritiker und Umweltaktivist Pablo Solón verfasst, der als ehemaliger Mitstreiter Morales‘ von 2009 bis 2011 Botschafter Boliviens bei den Vereinten Nationen war. Wir dokumentieren Solóns Text, der auch auf den Internetseiten von „Systematic Alternatives“ erschienen ist.

 

Que s’est-il passé en Bolivie ? Il y a eu un coup d’État ?

La rébellion bolivienne fut sans conteste, un fait spontané organisé par les jeunes contre les abus du pouvoir.

par Pablo Solón

1) S’il l’avait voulu, Evo Morales aurait pu terminer en beauté son troisième mandat le 22 janvier 2020 avec une popularité jamais vue. Il aurait même pu se présenter aux élections de l’année 2024… s’il n’avait pas forcé la quatrième ré élection qui ouvrait la voie à un quatrième mandat consécutif.

Lors de ce dernier troisième mandat :

  1. Evo n’a jamais reconnu le “NON” comme résultat du référendum du 21 février 2016 sur la possibilité d’une quatrième ré-élection[1].
  2. Evo a promu l’année 2017 un recours devant la Cour Constitutionnelle pour laisser en suspens les articles de la Constitution qui établissent qu’une personne ne peut être élue qu’une seule fois (au nom de “Son droit humain” à l’élection).
  3. Lors des élections du 20 octobre 2019 il a vraisemblablement organisé une fraude électorale pour éviter le ballotage et imposer la majorité de son parti (le Mouvement au Socialisme) dans le Parlement.

2) Toute suite après, le Gouvernement s’est auto-proclamé comme gagnant des comices en sachant qu’il y avait les irrégularités suivantes :

  1. Le comptage rapide le soir du jour des élections fut suspendu sans aucune explication.
  2. La société privée en charge du comptage rapide déclara que l’ordre de suspension fut donné para la Présidente du Tribunal Suprême Électorale (TSE) et qu’en plus l’électricité et l’Internet furent immédiatement coupés pour arrêter leur travail. [2]
  3. Des analystes indépendants, en particulier ceux de l’Université de La Paz, montrèrent très rapidement les premiers indices de délits électoraux [3].
  4. La société en question déclara par la suite que le processus en lui-même avait des “vices de nullité” pour une série de raisons. [4]
  5. Et pour finir, l’audit demandé par le propre Gouvernement d’Evo Morales à l’Organisation de États Américains (OEA) détermina dans son rapport qu’elle “ne pouvait pas valider les résultats de l’élection du 20 octobre”. [5]

3) Dès le lendemain des élections, le gouvernement minimisa l’indignation générale produite para la fraude. Au début Evo Morales se moqua carrément en disant qu’il s’agissait de “jeunes trompés en échange de fric et de bonnes notes à l’école”, que ces jeunes gens “ne savaient pas bloquer les rues” et il s’est même offert à donner un séminaire pour leur apprendre à faire de barricades [6].

Lorsque les manifs des villes se multiplièrent, Evo annonça des menaces de blocus par les paysans, pour voir “combien de temps ces jeunes tenaient” [7]. Lors des premiers affrontements avec plusieurs morts et des blessés par dizaines, au lieu de diminuer, les barricades, s’étaient multipliés par dizaines et étaient devenus une grève générale nationale.

4) Lors de la mobilisation, le gouvernement a tenté d’utiliser la narration du “coup d’état de la droite fasciste et raciste”. Il va sans dire que la droite réactionnaire a bien applaudi les manifs. Dans la vile de Santa Cruz, le Président du Comité Civique est issu d’une organisation de l’extrême droite connue comme Union des Jeunes de Santa Cruz. Ceci dit, dans le reste du pays, les manifestations ont été organisés par des groupes indépendantes et aussi bien de gauche que de droite aux origines régionaux et politiques variés.

Dans le département de Potosí, les manifestations commencèrent avant les élections à cause d’une concession à 70 ans du minerai stratégique du lithium sans paiement des impôts régionaux qui correspondaient â Potosí, en particulier dans l’exportation de l’hydroxyde de lithium en Allemagne.

A La Paz, le Comité de Défense de la Démocratie (le CONADE) rassemble les Défenseurs du Peuple (Ombudsman) qui ont exercé leurs fonctions lors des deux premiers mandats du Président Evo Morales en plus de personnalités politiques notables. En particulier ce furent ces Défenseurs qui dénoncèrent les abus et répression contre la Marche Indigène de TIPNIS en 2011. Pour sa part, Carlos Mesa, il fut le vice-président du gouvernement néo-libéral de Gonzalo Sánchez de Lozada. Carlos Mesa fut le deuxième candidat le plus voté après Evo Morales et il ne compte même pas avec un parti bien structuré (Communauté Citoyenne ou CC). CC fut un instrument pour articuler l’opposition aux élections avant d’être l’un de promoteurs des protestations. La rébellion bolivienne fut sans conteste, un fait spontané organisé par les jeunes contre les abus du pouvoir.

5) Il est nécessaire d’établir qu’il existe des indigènes et des ouvriers aussi bien du côté du gouvernement que des forces d’opposition. Le gouvernement concentre son appui dans les zones rurales, mais l’opposition compte aussi des producteurs de la feuille de coca de la région des Yungas, des dirigeants paysans, de mineurs, des médecins, des professeurs et surtout des jeunes étudiants issus des classes moyennes et des classes populaires.

Au contraire de conflits précédents, cette fois ce fut le propre gouvernement qui utilisa le racisme comme prétexte, en disant que l’on voulait méconnaître le vote des indigènes qui appuyaient Evo. Durant les conflits, on a vu des attitudes racistes d’un côté et de l’autre. Les mises à feu de la Whiphala, le drapeau indigène Aymara et Quechua, sont absolument déplorables. D’aucuns auront condamnés ces mesures dans les réseaux sociaux, y compris la défense du symbole de la Whiphala.

6) Au début du conflit, la Police Nationale est sortie défendre les secteurs pro-gouvernement qui attaquaient les barricades. Le cas le plus emblématique fut dans la ville de Cochabamba. Les premières semaines ce furent des violents affrontements entre les jeunes contre les groupes de choc du MAS et la police.

En plein milieu du conflit, et pour garantir la loyauté des forces de l’ordre, un “bonus de loyauté” de 3,000 bolivianos (390 euros) fut accordé. Mais après des jours et des nuits de conflit, la police nationale pris la route de la mutinerie. Les policiers de base étaient épuisés. Le gouvernement tenta de négocier en changeant quelques commandants. Mais à la fin la mutinerie pris de court le gouvernement, s’étendant à tout le pays. La police cessa de réprimer les jeunes, et le rapport de forces s’inversa pour la première fois.

7) Dans le papier au moins, le haut commandement militaire était partisan d’Evo Morales, au moins si l’on juge son commandant [8]. Les militaires boliviens sont des privilégiés et ils bénéficient de 100% de leur salaire lors de la retraite. Plusieurs privilèges extraordinaires furent accordés aux militaires comme des bonus, des entreprises et même des ambassades.

Ceci dit, le calcul politique du gouvernement de compter avec les forces armées avait une faille : depuis les massacres d’octobre 2003, il faut un ordre signé par le Président pour sortir l’armée. Plusieurs haut-gradés des événements de 2003 sont encore en prison. L’armée n’est pas intervenue. Qui plus est, lors des résultats lapidaires de l’audit de l’OEA (fraude en tout état de cause), le haut commandement militaire “suggéra” la démission à Evo Morales. Avec ce geste, l’armée voulait sans doute garder ses acquis pour l’avenir.

8) Les dernières heures, la situation politique en Bolivie dans les grandes villes (La Paz, Cochabamba, Santa Cruz) est tendue. Beaucoup de violence, de tension et de vandalisme. Les maisons d’une part et d’autre, ont été brûlées et saccagés. Les antennes et chaînes de TV publiques et privées détruites. La nuit du 10 novembre, des groupes de casseurs et du MAS ont attaqué des quartiers entiers des grandes villes. La population a dû s’organiser en comités d’auto-défense pour protéger des casses, saccages et incendies de commerces, usines, pharmacies et même les système des bus publiques.

9) Evo Morales a présenté sa démission de manière verbale. Il manque encore la présentation formelle de la lettre de démission et son acceptation par le Parlement. Entre temps, la présidente et les membres du TSE ont été arrêtés par la police pour avoir été complices de la fraude électorale. En dépit des incidents, il y a une volonté de résoudre la crise par le biais de l’Assemblé Législative. Ce n’est pas une mince affaire. Le MAS a toujours deux-tiers de votes de la Parlement, doit accepter la démission et désigner un Président de transition qui convoquerait les élections dans les plus brefs délais. Si les parlementaires du MAS ne donnent pas le passage à une sortie constitutionnelle, le vide de pouvoir pourrait engendrer une situation encore plus violente, avec plus de casseurs et saccageurs, une montée du revanchisme et somme toute, une situation explosive.

La Paz, le 11 novembre 11 heures du matin.

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