Dans les salles : Notti magiche

« Notti magiche » parvient à unir fièvre footballistique, film noir et comédie dans un seul et très unique long métrage. Un hommage au cinéma italien comme il y en a peu.

L’écriture de scénarios peut mener à tout… même à la prison.

La nuit du 3 juillet 1990 est un souvenir noir pour chaque tifoso qui se respecte. Alors que le pays hôte de la Coupe du monde de football, l’Italie, se rêve déjà en finale, voire vainqueur du tournoi, c’est le bulldozer argentin qui écrase tous ses espoirs. Pire encore, la victoire des Sud-Américains n’est pas le résultat d’un match disputé âprement, mais de tirs au but. Pas étonnant que l’Italie soit en deuil ce soir d’été et ait envie de tout jeter à l’eau. Comme ce conducteur d’une Maserati noire, qui se jette carrément dans le Tibre.

Mais le producteur noyé, Leandro Saponaro, ne s’est pas suicidé à cause du drame qui s’est déroulé dans le stade San Paolo à Naples. La police enquête et questionne trois jeunes scénaristes – les dernières personnes à avoir vu Saponaro de son vivant. Il y a là Eugenia, une Romaine de très bonne famille et au-dessus de tout soupçon, pas comme Antonino qui vient de Sicile. Pour faire bonne mesure, il y a aussi le Toscan Luciano. Tous trois se retrouvent dans le collimateur des carabiniers à cause d’un polaroïd louche – alors qu’ils se trouvaient à Rome pour participer à un concours de jeunes scénaristes. Pendant une nuit « magique », ils vont être cuisinés par la police italienne. Et le réalisateur Virzì en profite pour caser un hommage aux beaux jours du cinéma italien – déjà sur le déclin au début des années 1990, qui annoncent l’ère Berlusconi et toutes les tragicomédies qui vont suivre.

Dire que « Notti Magiche » reflète la relation d’amour-haine que Paolo Virzì entretient avec son pays est probablement le jugement approprié pour ce film. Il y prend un malin plaisir à ridiculiser la folie du football et à l’utiliser comme métaphore politique. Mais le problème est que le film croule un peu sous ses propres ambitions et que les références – pour les non-connaisseurs-euses de cinéma italien – risquent de rester énigmatiques.

Tout en axant son long métrage sur les trois personnages principaux – le rebelle et dragueur Luciano, le timide et intello Antonino et la très classe Eugenia –, le réalisateur en profite pour y entrelacer son approche du cinéma italien. On y croise Fellini, Benigni et bien d’autres géants de la Cinécittà romaine – tous montrés sous la lorgnette de Paolo Virzì, qui ne les ménage pas. C’est un peu une revanche du réalisateur qui se lit entre les lignes. Et comme n’ont pas manqué d’indiquer des critiques italien-ne-s, « Notti magiche » est aussi une autobiographie de Virzì – qui se retrouverait donc dans le personnage de Luciano, toscan comme lui.

Si l’idée ou plutôt les idées qui constituent le film sont toutes plus géniales et osées les unes que les autres, c’est la composition qui pose problème. Le contraste entre les différentes parties – surtout entre le prologue et l’arrestation des jeunes – est bien trop élevé pour garantir une vision sereine du film, où l’on doit s’attendre à être surpris à chaque instant.

Pourtant, prendre comme moment de départ la défaite italienne de 1990 – dont le pays ne s’est remis qu’en 2006 en battant la France – reste un exploit, tout comme celui de remettre dans les têtes le tube de l’été « Un’ estate italiana », chanté par Gianna Nanini et Eduardo Bennato (et composé par Giorgio Moroder – le père de la dance music et parrain de la pop italienne).

Bref, pour vous replonger dans 
bien plus que cet été italien maudit, 
ne passez pas à côté de « Notti magiche ».

À l’Utopia. Tous les horaires sur le site.

L’évaluation du woxx : XX


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