Consacré à la sérigraphie et à la gravure, l’épisode 10 de la première saison du projet « Intro » à la galerie Beim Engel reflète – du meilleur au pire – les tendances dans les deux disciplines.
Depuis qu’en juin 2017 le ministère de la Culture, d’ailleurs propriétaire de la galerie, s’est enfin résolu à y apporter un concept, les choses ont un peu changé au Konschthaus Beim Engel. Une meilleure communication (pourtant toujours pas de site web pour la galerie et pas de photos envoyées à la presse), des ateliers et une certaine régularité témoignent des efforts d’amélioration. Pourtant, le fait que le lieu n’accueille que des artistes du cru laisse songer qu’il pourrait s’agir d’une version miniature de la « galerie nationale » rêvée par Xavier Bettel, ministre de la Culture. Le fait qu’il est souvent présent aux vernissages, alors qu’il brille par son absence à d’autres, donne encore un peu plus de poids à cette hypothèse.
Quoi qu’il en soit, cette édition a aussi le mérite d’être entièrement consacrée à des femmes créatrices. Dès l’entrée, le regard est confronté aux œuvres d’Anne Lindner, pourtant plutôt plasticienne que graveuse. Son procédé, l’encaustique, donne naissance à des compositions cauchemardesques et organiques qui reflètent des thématiques liées au fait de donner la vie et la mort. Sans pourtant aller dans le sens gore que ses travaux antérieurs (cette fois pas de bébés qui se libèrent du ventre maternel d’une façon que n’aurait pas reniée le designer d’une pochette d’un groupe de metal), mais de façon plus sobre. En blanc cassé et en bleu, les visages qui naissent de ses tableaux posent des questions essentielles et intimistes – tout comme les installations qu’on peut découvrir au sous-sol.
Beaucoup plus simplistes, mais d’autant plus drôles, les œuvres de Lucie Majerus jouent avec une simple métaphore performative, ce qui veut dire qu’elles sont ce qu’elles disent. Ainsi, ses sérigraphies baptisées d’après des fruits, légumes ou encore des seiches sont peintes avec de l’encre issue des éléments qui leur donnent leur nom : « Ink Fish » est fait d’encre de seiche, « Du Rommelskapp » d’encre de betterave, et ainsi de suite. Une façon efficace de combiner savoir-faire technique et démarche artistique dans un cadre ludique.
Plus hétéroclites, mais non moins intéressantes, les œuvres de Luisa Bevilaqua (qui animera d’ailleurs un atelier de « création avec tampons » le 25 mars). Au-delà des tampons, elle crée des mobiles coloriés, des motifs issus de techniques variées (aquarelle, xylogravure, linogravure et pointe sèche) et dans le domaine plus artistique que purement décoratif, des portraits de personnages (probablement) inventés, accompagnés de quelques phrases poétiques.
Avec Eva Margue-Blümm, nous nous aventurons dans un domaine plus commercial et… industriel. Son travail consiste en grande partie en des reproductions de l’héritage industriel du sud du pays, et du site de Belval en particulier. Si ce n’est pas moche du tout, les œuvres sont tout de même plus destinées à décorer les murs d’administrations ou de restaurants que ceux de musées.
Le pompon revient toutefois à Sophie Dewalque, chez qui toute ambition artistique est soumise à l’exploitabilité commerciale. On y trouve des livres « Maus Kätti », des reproductions de vues touristiques (pont Adolphe, Mullerthal, en veux-tu en voilà) en fluo jaune et orange (tiens ce n’est pas la marque de fabrique d’un autre « artiste » ?) et surtout des tasses « Hämmelsmarsch » vendues dans la collection RTL – l’horreur absolue.
Voilà donc une exposition qui, en l’absence de curateur-e, donne à voir un pêle-mêle de talent et d’absence de ce dernier dans l’espoir que personne ne le remarque.
À la galerie Beim Engel jusqu’au 31 mars.
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