« TV on the Radio » est un des groupes qui ont sauvé l’esprit indépendant des années 1990, en lui insufflant une nouvelle vie. La semaine prochaine, les New-Yorkais seront de passage au Luxembourg.
Normalement, quand on voit un groupe composé de musiciens noirs et blancs, on a tendance à immédiatement le mettre dans la case estampillée « world music ». Mais dans le cas de « TV on the Radio » on ne pourrait pas être plus éloigné de la réalité. Leur musique, mélangeant des tonalités pop et electro sur des structures définitivement rock, n’est peut-être pas unique au premier abord mais présente des particularités sur lesquelles on ferait bien de s’attarder.
Fondé en 2001 à Brooklyn par Tunde Adebimpe et Dave Sitek, le groupe fonctionne d’abord en duo. C’est en 2002 qu’il publie son premier « album », en fait 24 chansons démos enregistrées dans leurs appartements, du nom de « OK Calculator » – une référence à l’album phare du groupe anglais Radiohead « OK Computer », paru en 1997, qui a changé le rock indé pour toujours. Si les Britanniques ont été une de ses inspirations de départ, « TV on the Radio » va vite déployer ses ailes et devenir un groupe fondateur et unificateur de la scène new-yorkaise des années 2000. Après avoir été rejoints par Kyp Malone, Jaleel Bunton et Gerard Smith, les Américains sortent un EP, « Young Liars », en 2003 et un album complet appelé « Desperate Youth, Blood Thirsty Babes » en 2004.
Mais c’est avec l’album « Return to Cookie Mountain » qu’ils atteignent les sommets de la gloire en 2006. Surtout le single « Wolf Like Me » – une fantaisie (post)moderne sur le mythe du loup-garou – cartonne dans les hit-parades et sur les plateaux des late night shows américains, comme celui de David Letterman. En plus, l’album présente une ribambelle de collaborations intéressantes allant de leurs acolytes new-yorkais des Yeah Yeah Yeahs, Blonde Redhead ou Dragons of Zynth (les protégés de « TV on the Radio ») à des légendes comme David Bowie, ou encore Trent Reznor des Nine Inch Nails qui les accompagnera aussi en live sur certaines chansons.
Pendant les années qui suivent, la machine « TV on the Radio » ronronne : un nouvel album, « Dear Science », en 2008 et plein de tournées et de concerts exceptionnels. Jusqu’en 2009 où le groupe annonce une pause de durée indéterminée pendant laquelle les différents membres se sont occupés de projets musicaux en solo et dans d’autres branches comme la production télévisuelle. Leur grand retour, en 2011 avec l’album « Nine Types of Light », a certes été triomphal, mais vite assombri par une tragédie. Diagnostiqué d’un cancer du poumon en mars, le bassiste du groupe Gerard Smith perd la bataille contre les métastases un mois plus tard.
Un événement qui les a renvoyés dans les cordes : ce n’est qu’en 2013 que « TV on the Radio » fait une réapparition sur scène, lors du festival « All Tomorrow’s Parties » à Camber Sands en Angleterre – un festival dont le groupe a aussi concocté le line-up. Et ce n’est qu’en 2014 qu’il publie son dernier album en date, intitulé « Seeds ».
Quant au style de « TV on the Radio », il est aussi éclectique qu’imprévisible. Certes, des éléments électroniques sont omniprésents, mais les talents multiples des musiciens – ils peuvent se relayer au chant et aux autres instruments – donnent un caractère diversifié à chaque chanson. Le tout dans un esprit purement punk, car comme l’a déclaré Tunde Adebimpe : « It’s definitely in the spirit of the punk rock we all grew up with. If you win, you’re still a punk. If you lose, you’re still a punk, and honestly, it’s not about anybody else. » C’est tout dire…