Daniel Brandt est depuis plus d’une dizaine d’années au top de la musique d’avant-garde. Connu pour son travail dans le trio Brandt Brauer Frick, il s’aventure désormais en solo.
Difficile à situer, la musique de Daniel Brandt est avant tout une réflexion sur l’origine de la musique elle-même. C’est une recherche quasiment spirituelle sur les sons et les effets qu’ont ceux-ci sur la psyché humaine. Depuis ses débuts dans le trio Brandt Brauer Frick, fondé à Berlin en 2008, le percussionniste, bassiste et pianiste a fait de l’exploration son credo.
Son ancien trio a contribué à faire tomber des murs dans les cercles de la musique contemporaine et son travail sur l’électroacoustique est à la base de ce que fabriquent beaucoup de musicien-ne-s se revendiquant de ce genre. L’idée était de réunir dans un tapis sonore la musique de danse électronique – dont Berlin était et reste toujours le temple par excellence – et la musique classique. Pour ce faire, le groupe avait recours au sampling : des instruments classiques préenregistrés mixés en live dans leurs performances. Au-delà des genres, Brandt Brauer Frick a aussi cassé les codes institutionnels, sa musique étant aussi appréciée dans des endroits de perdition, comme le légendaire club Berghain à Berlin, que dans d’autres plus propices à la musique classique. Bref, une formule à faire frémir de bonheur amatrices et amateurs de musique et de bohème avant-gardistes.
Et Daniel Brandt a continué d’explorer ce sillon en solo – accompagné de son nouveau groupe Eternal Something, avec Pascal Bideau à la guitare et à la basse et Florian Juncker au trombone. Son premier disque, « Eternal Something », a paru en 2017 sur le label Erased Tapes. Basé sur de la techno minimaliste sur laquelle rebondissaient des mélodies orchestrales et des clins d’œil à la musique pop, il a rapidement permis à Brandt de se faire un nom. D’autant plus que son album actuel (publié en octobre 2018), « Channels », va encore plus loin. D’après le label de l’artiste, l’inspiration lui serait venue de la pratique de jeu et d’enregistrement des morceaux de Steve Reich. Les œuvres du célèbre compositeur d’avant-garde l’auraient poussé à composer de longues méditations sur son piano – qui contrastent avec l’énergie déclenchée en jouant avec son nouveau groupe.
Ce contraste et l’enregistrement en live – « comme un vrai groupe de rock », quelque chose que Brandt, selon ses propres mots, n’avait pas encore fait – donnent cette énergie vibrante à « Channels » et font aussi le bonheur de celles et ceux qui assistent à ses performances. S’y ajoute encore la passion du compositeur et musicien pour les arts visuels : en plus d’avoir tourné la vidéo pour sa chanson « Flamingo », il anime sa propre chaîne en ligne, strrr.tv, depuis 2017.
En avant-programme, les Rotondes ont choisi Daniel Thorne. Cet Australien expatrié à Londres est une vraie découverte. Compositeur et saxophoniste de jazz à la base, Thorne s’est vite tourné vers le classique et l’électronique. Après quelques collaborations de qualité – Mary Anne Hobbs, Luke Abbott ou le groupe Vessel –, son premier album solo « Lines of Sight » paraîtra en mars.
Alors, pour une soirée aussi intéressante que déjantée, prenez rendez-vous aux Rotondes !