Sur vod.lu : Tune into the Future

Inventeur infatigable et promoteur zélé de la littérature de science-fiction, Hugo Gernsback est évoqué dans le documentaire « Tune into the Future ». L’occasion de découvrir une figure d’origine luxembourgeoise toujours méconnue au pays, mais aussi de réfléchir sur le rôle de la science dans notre société.

Hugo Gernsback, l’éditeur d’« Amazing Stories »… mais pas seulement. (Photo : Samsa Films)

Le woxx a déjà consacré plusieurs articles à Hugo Gernsback, notamment à l’occasion d’expositions au Mudam ou au Centre national de littérature… et même au Cercle philatélique de Mamer. C’est pourquoi il était naturel d’évoquer dans nos colonnes le documentaire sur cette figure de la science-fiction mondiale, chaque année célébrée par un prix qui porte son prénom. D’autant que l’interruption du dernier Luxembourg City Film Festival a privé le public d’un certain nombre de séances. Heureusement, le Film Fund a travaillé à une diffusion en ligne sur la plate-forme vod.lu.

« Tune into the Future » nous plonge immédiatement dans la légende : l’introduction, très classique pour un documentaire, reprend à un rythme soutenu les témoignages (dont celui du petit-fils de Gernsback) et rappelle que l’Américain d’origine luxembourgeoise pourrait être considéré comme celui qui a prédit les rencontres en ligne, la téléphonie par l’internet, les réseaux sociaux ou le réacteur dorsal, entre autres. La voix off à l’accent américain prononcé et aux effets emphatiques, parfois énervante, ajoute à cette impression de mythe en construction. Mais heureusement, le documentaire ne s’arrête pas à une vision simpliste de Gernsback en prophète du futur.

En effet, au fil des entretiens, on apprend que les inventions décrites par le Luxembourgeois d’origine dans ses multiples magazines, qu’ils soient consacrés à la radiocommunication ou à la littérature de science-fiction, sont tellement nombreuses que fatalement, certaines ne pouvaient que déboucher sur des innovations technologiques réelles. Ce qui rappelle utilement que les inventeurs et inventrices, quels que soient leurs traits de génie, s’appuient toujours sur les travaux de celles et ceux qui les ont précédé-e-s. De même pour la fiction : « Tune into the Future » trace le chemin sinueux qui mène des histoires publiées par Gernsback à la saga « Star Wars » ou à Superman. Bon nombre de liens sont ainsi évoqués, sans pour autant idéaliser un Gernsback qui, plutôt que génial inventeur à l’instar de son ami Nikola Tesla, aura été un facilitateur d’exception.

Le documentaire suit avec soin les schémas narratifs du genre, alternant archives et témoignages, de façon chronologique. La voix d’Hugo Gernsback est bien entendu de la partie, avec son accent attendrissant aux oreilles grand-ducales. Pour donner un peu de souffle cinématographique à l’ensemble, l’excellente idée d’Éric Schockmel, le réalisateur, est d’agrémenter le film d’animations qui apportent une touche d’humour ou de drame – la mort de la fille de Gernsback, renversée par une voiture, est ainsi un moment d’émotion inattendu, d’autant que la voix off s’y tait. Le choix des images est important, quand on sait que la réputation des magazines de l’inventeur-éditeur était due autant à leur contenu qu’aux somptueuses couvertures de Frank R. Paul. « Tune into the Future » nous permet de les contempler, mais les anime aussi, dans un ballet de couleurs et de créativité qui stimulera immédiatement l’imaginaire des amatrices et amateurs de science-fiction.

Finalement, le documentaire, après avoir brossé un portrait plus nuancé que celui esquissé dans l’introduction, essaie d’ouvrir un débat. Certains intervenants soulignent la nécessité de donner un bagage scientifique à toutes et tous, comme l’aurait voulu Gernsback, afin de comprendre les enjeux du monde qui nous entoure (le changement climatique est évoqué) et d’éclairer les choix de société. Étonnante résonance avec ces jours-ci, où les précautions sanitaires issues de recommandations scientifiques empiètent sur les libertés individuelles, pour le bien commun faut-il espérer. Mais c’est là aussi l’intérêt de « Tune into the Future », au-delà de la présentation réussie d’un personnage qui a compté pour la science et la science-fiction : le film nous invite aussi à réfléchir à l’équilibre entre progrès scientifique à tout prix et bonheur humain. Décidément, Hugo Gernsback mérite mieux qu’un nom de ruelle sans numéro au Kirchberg.

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L’évaluation du woxx : XX


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