MITTAL-ARCELOR: « M. Mittal ne peut pas faire n’importe quoi »

Didier Zint, secrétaire général du syndicat métallurgique-sidérur-gique Nord-Lorraine (CFDT) sur la mobilisation des ouvriers de Gandrange.

woxx : Quelles sont vos attentes face à la mobilisation de ce 24 janvier à Luxembourg ?

Didier Zint : On attend surtout aujourd’hui que les représentants de la direction annoncent le gel du plan de restructuration de Gandrange. Et qu’ils laissent donc le temps aux organisations syndicales et intersyndicales de présenter leur contre-projet et de l’étudier.

En quoi consiste le contre-projet ?

Notre contre-projet comprend deux volets : un volet industriel et un volet social. Nous considérons aujourd’hui qu’on peut garder aussi bien l’aciérie que le laminoir à condition d’investir dans les outils. Et puis le deuxième volet, c’est de dire qu’on a de nombreux salariés qui sont partis à la retraite et en même temps 300 jeunes ont été embauchés. Il faut que ces jeunes puissent être formés spécialement aux métiers de la sidérurgie. Nous proposons donc, avec la région lorraine et l’Etat français, à aider Mittal à former ces jeunes.

N’y a-t-il pas eu d’investissements importants en 1999, quand Mittal a acheté Gandrange ?

Non, pas tellement. On a estimé les investissements à 60 millions d’euros, mais ils ont surtout servi à financer des mises à niveau ou des réparations. Pas suffisant pour en faire une usine à haute performance qui permettrait à M. Mittal de rester en concurrence et de gagner de l’argent. On ne nie pas non plus que le choix de construire un four électrique en économisant un peu sur l’investissement et en laissant effectuer cette construction par ses propres services, n’était pas intelligent – même si cette décision incombe aux prédécesseurs de M. Mittal, entre autres Guy Dollé. Mais on sait depuis 15 ans qu’il peut être performant à condition d’y investir un peu plus d’argent.

Comment fonctionne la collaboration avec les syndicats luxembourgeois ?

Elle fonctionne au sein du comité d’entreprises européen et on a des relations avec le LCGB et l’OGBL. Sur ce dossier, on s’est d’ailleurs rapprochés d’eux pour savoir quels étaient les postes disponibles au Luxembourg, puisque la direction de Gandrange prétend pouvoir reclasser une centaine d’emplois au Luxembourg. Et nos collègues luxembourgeois de répondre que c’était n`importe quoi, car il reste encore cent personnes à reclasser au grand-duché. On voit mal comment on reclassera les nôtres, si ici le reclassement n’a même pas encore abouti. Nous pensons que le combat de l’usine de Gandrange est aussi celui de la sidérurgie lorraine et même européenne. Si on les laisse fermer Gandrange aussi facilement sans se battre, cela voudra dire que demain ils peuvent fermer n’importe quelle usine et personne ne dira jamais rien. Et ça, ce n’est pas acceptable.

Cette manifestation est donc une sorte d’avertissement ?

Il ne peut pas faire n’importe quoi, ni n’importe comment. M. Mittal n’est pas le seul à détenir la vérité. On est aussi énervés par les propos tenus par les responsables politiques de chez nous qui estiment que le plan de reclassement va fonctionner. Nous pensons que ce sont des mensonges et que ce plan est irréalisable.

La semaine prochaine Nicolas Sarkozy devrait rencontrer Lakshmi Mittal. Vous en attendez quelque chose ?

Le président rencontrerait effectivement Lakshmi Mittal vendredi prochain. M. Sarkozy a dit que le dossier le préoccupait et qu’il allait le regarder de très près.

Ne craignez-vous pas une récu-pération démagogique du « télé-président » ?

C’est un risque. Mais est-ce qu’on peut se priver d’un soutien présidentiel dans notre situation ? Surtout quand on connaît la propension de M. Mittal à fréquenter les grands de ce monde.


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