CUBA: Rénovations révolutionnaires

Anne Delstanche du département de sociologie du travail à l’ULB, est aussi cinéaste par passion. A ce titre, elle a fait un documentaire sur la capitale cubaine intitulé « La Havane : L’utopie en construction ». Lundi dernier elle était au Casino syndical pour présenter le film lors de la « Semaine cubaine ».

Passionnée de films comme d’architecture: Anne Delstanche.

woxx : Quel était le déclic pour faire ce film, surtout pour vous qui n’êtes pas cinéaste à la base ?

Anne Delstanche : Le film en tant que moyen d’expression est quelque chose qui m’a toujours fasciné. Etant plus jeune, j’avais abandonné des études de cinéaste et comme cela, sur mes vieux jours, je renoue avec le passé. Et puis, pour la Havane : cela me faisait trop mal de voir cette vieille ville se désintégrer et tomber totalement en ruine. Mais, je ne voyais pas de solution pour un projet de rénovation qui coûterait beaucoup d’argent, dans un pays qui en a si peu. J’étais un peu désespérée, jusqu’au jour où j’ai vu qu’effectivement ils avaient commencé à prendre cela en main. J’ai suivi le projet de très près et quand il était bien avancé, j’ai demandé au directeur du projet de venir tenir une conférence à Bruxelles en 2003.

Que vous avez filmée ?

Oui, j’ai filmé cette conférence avec une arrière-pensée, mais sans avoir vraiment de projet cinématographique. Celui-ci a été conçu sur la conférence.

Pensez-vous que le modèle de rénovation solidaire d’une ville pourrait fonctionner en Europe ?

A mon avis, ce serait très difficile dans la mesure où il y a chez nous un problème de spéculation qui n’existe pas là-bas. Ici on devrait racheter les terrains à des sommes folles, alors qu’à Cuba ils sont beaucoup plus libres de faire les travaux comme ils l’entendent.

Le bureau de l’historien – qui est en charge des travaux de rénovation – dispose d’une énorme autonomie. Qu’en pense le gouvernement ? Et Fidel ?

Le gouvernement lui a accordé cette autonomie, cela veut dire qu’il est positif et partant dans le projet. Qui plus est : il lui a donné l’autonomie en pleine période de crise – après la fin de l’Union soviétique – où l’on ne voyait plus comment continuer à entretenir les bâtiments. A ce moment-là ils ont décidé d’utiliser le tourisme pour faire rentrer l’argent qui devait servir à rénover la ville. Ils ont donc commencé par rénover les hôtels. Quand les personnes de l’extérieur sont venues pour dépenser leurs sous, ils ont investi l’argent ainsi récolté dans des projets sociaux, des projets architecturaux et petit à petit ils ont agrandi le projet.

C’est-à-dire que La Havane est sauvée par une petite ouverture au capitalisme ?

 

Je ne sais pas si c’est aussi simple que cela. On a beaucoup tendance à parler de communisme et de capitalisme. C’est vrai que Cuba connaît une certaine forme de socialisme, mais je pense qu’avant tout qu’ils sont très pragmatiques et essaient de s’en sortir, tout en gardant une certaine justice sociale. Malgré tout, à Cuba, de grosses erreurs se sont passées et se passent encore aujourd’hui. Cela reste tout de même un pays qui a réussi à échapper à certains schémas, par exemple à ceux des voisins de la Russie. Ils sont assez ouverts, et il y a toujours eu quand même une certaine discussion interne qui a fait que le pays n’a jamais été aussi fermé que d’autres.

Vous pensez que le modèle établi par le bureau de l’historien peut survivre au régime de Fidel Castro ?

Je crains très fort que non. Si le régime change et qu’on arrive vraiment à un gouvernement dans le style pro-américain, à mon avis on va vouloir détruire tous ces édifices et on verra un Manhattan tropical se construire.

Plus d’infos : http://habana.skynetblogs.be/


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